19 Juillet 2008
John a raison, je manque à tous mes devoirs envers mes plus fidèles commentateurs depuis quelque temps. En fait je me limite à une sorte de service minimum parce que j’ai un emploi du temps assez chargé. Et puis c’est aussi vrai que j’hésite sur l’évolution du contenu que je souhaite donner à ce blog.
Bon, j’ai évidemment bien compris que mon soutien à Nicolas Sarkozy énerve vivement certains d’entre vous. J’aimerais quand même vous rassurer sur ma capacité à instruire à charge et à décharge et à penser librement. Le raccourci que je vous livre ici d’habitude trop brutalement c’est le parti pris qui en résulte.
En revanche si je ne commente pas vos commentaires sachez qu’ils ne me laissent pas du tout indifférent et qu’ils m’excitent vivement à penser.
Au fur et à mesure qu’approche le vote par le parlement à Versailles sur la modification de nos institutions proposée par la gouvernement et le président de la République, j’observe attentivement les prises de position et les déclarations des uns et des autres, y compris les vôtres. Je trouve que ce projet de réforme depuis son initiation jusqu’à aujourd’hui est très riche d’enseignements sur la capacité de chacun à renoncer justement à toute honnêteté intellectuelle pour faire vivre en priorité l’opposition partisane, évidemment pour servir une bien meilleure cause. La fin là aussi doit justifier les moyens. Pourtant aujourd’hui encore je lisais dans Le Figaro un entretien avec Guy Carcassonne, constitutionaliste qui a collaboré avec Michel Rocard et membre de la commission Balladur. Il soutient fermement l’apport de cette réforme pour limiter les pouvoirs du président de la république et améliorer nettement le rôle du parlement dans son pouvoir de contrôle.
En fait lors de la campagne pré présidentielles le candidat avait annoncé que s’il était élu il proposerait de réformer la constitution pour pouvoir intervenir devant le parlement et pour limiter à deux le nombre de mandats successifs. Je ne me souviens pas qu’il ait été beaucoup plus précis. Juste après avoir été élu il a confié à Edouard Balladur le soin de présider une commission qui devait proposer au gouvernement une réforme en ce sens de nos institutions. Jack Lang a accepté d’en faire partie ce qui lui a valu de devoir quitter les instances dirigeantes du PS. Un certain nombre d’autres personnalités dont Guy Carcassonne que je viens de citer ont fait partie de cette commission . Ce qui me frappe dans cette réforme c’est qu’elle est beaucoup plus marquée à l’arrivée par les souhaits qui s’exprimaient à gauche qu’à droite. Les opposants naturels de cette réforme sont à droite. Pour beaucoup de gaullistes toucher à cette constitution pour limiter les pouvoirs du président et en donner au parlement fait justement craindre un retour à l’inefficacité de la quatrième république. Comme le rappelle Jack Lang, que l’on ne peut pas se contenter de décrédibiliser sans entendre ses arguments, le projet qui sera proposé au parlement va bien plus loin que ce qui était dans le projet socialiste de 2006.
Pour ce qui me concerne je considère que ce projet de bout en bout démontre la capacité du président à faire bouger les lignes et à s’ouvrir aux idées différentes des siennes. J’interprète la caricature dont il fait l’objet par le désarroi dans lequel se trouvent ses adversaires qui s’en remettent uniquement au rejet du style Sarkozy pour le contrer et pour exister. Se souvient-on que François Mitterrand était l’auteur d’un essai intitulé « le coup d’Etat permanent » qui dénonçait les institutions de la cinquième république. Quelles initiatives ont été prises durant ses deux mandats pour les faire évoluer? Les mêmes qui aujourd’hui renâclent pour soutenir cette évolution de nos institutions ont-ils jamais proposé et agi quand ils étaient en situation de le faire ? Je ne le crois pas, mais peut-être que certains parmi vous vont me rafraîchir la mémoire. Pour ce qui me concerne c’est justement parce que je donne la priorité au fond plus qu’à la forme que je soutiens sans complexe l’action de ce président. Ce qui ne signifie pas que j’approuve tout, mais je ressens la nécessité impérative de réformer en prenant des risques comme il le fait. Et comme il n’est pas prévu que je sache d’interrompre les rendez vous habituels avec les électeurs de ce pays, ils auront tout le loisir de sanctionner et d’exprimer d’autres choix l’heure venue.
Un sujet me préoccupe parmi d’autres et je m’interroge là encore sur la stratégie qu’il faut soutenir. Je viens de lire un très bon livre sur la première année de la présidence de Nicolas Sarkozy écrit par Jean Marie Colombani et qui s’intitule « un américain à Paris ». Preuve aussi que je suis à l’écoute des critiques éclairées et constructives. Entre autres sujets de désaccord entre l’auteur et le président se trouve la politique d’immigration conduite par ce gouvernement. Pour faire simple Colombani considère que notre rigidité à l’égard des sans papiers est beaucoup trop sévère et assez inhumaine. D’autant plus que dans le même temps nous affichons des objectifs en matière d’immigration pour le travail très élevés. Il est à noter qu’il est tout aussi sévère avec le silence du parti socialiste sur cette situation. La question que je me pose c’est de savoir si le prix à payer pour que le front national reste à un faible niveau dans l’opinion peut être moindre. L’autre question c’est aussi de savoir si les drames humains qu’entraîne l’application stricte de la loi évite des drames en plus grand nombre encore qui se produiraient inévitablement si l’immigration illégale devait encore plus prospérer. La difficulté de gouverner c’est bien d’assumer la globalité des conséquences d’une politique à court et moyen terme sans céder à l’émotion provoquée par le seul élément qui peut-être perçu dans un premier temps. Pas si facile.
Je suis arboriculteur, viticulteur et maire de Reignac. Mais aussi Président de l'Association Nationale Pommes Poires, membre de WAPA (World Apple and Pear Association) et secrétaire général d'Interfel.
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