5 Mars 2006
Un spécialiste des marques, Jean Noël Kapferer nous le dit, « Un client consomme un lieu avant de consommer un produit ». C’est aussi ce que nous a longuement expliqué Nathalie Pinel du cabinet Cohéo mardi dernier, lors de la journée de travail que nous avons consacrée à l’élaboration de notre plan de référence intercommunal (orientations à moyen terme pour le territoire des 3B et plan d’action). Une bonne partie de la matinée a été nécessaire pour expliquer pourquoi les communes et la communauté doivent se doter des outils de maîtrise de l’urbanisme que sont la carte communale, le plan local d’urbanisme et le schéma de cohérence territorial. C’est avec ces outils que les communes peuvent organiser les services et les déplacements, préserver l’identité et les paysages et organiser la répartition dans l’espace des activités et de l’habitat. Les territoires qui se développent durablement sont ceux qui assument cette responsabilité et qui réussissent à la mettre en œuvre. Face a beaucoup de prudence de notre part envers ces documents contraignants et rigides, Nathalie Pinel a pu patiemment démontrer le développement maîtrisé, organisé et harmonieux qu’ils permettent. Elle n’a pas caché en revanche que cette démarche a un coût et qu’elle nécessite beaucoup de travail, de volonté et de courage de la part des élus. L’élaboration de ces documents de cadrage donne lieu, en effet, à des débats intenses et parfois vifs avec les habitants lorsqu’il apparaît des conflits d’intérêts. C’est sans doute pour cela que la tendance en ce moment est plutôt à se satisfaire du règlement national d’urbanisme et à se réjouir de la dynamique de la construction des maisons individuelles. Mais est-ce suffisant et cela sert-il les intérêts à moyen et long terme du territoire et de ses habitants ? Rien n’est moins sûr tant il est peu probable que la cohérence apparaisse spontanément. Avec son regard extérieur d’urbaniste, c’est d’ailleurs à une description alarmante des évolutions en cours que Nathalie Pinel s’est livrée. Depuis la vision très dégradée qui désole à l’entrée de notre communauté quand on arrive par la RN 10 en passant par les réseaux aériens électriques et de téléphone en ville et à la campagne, les nouvelles constructions de qualité diverse tous azimuts en certains lieux, une déqualification sévère pour certains espaces urbains, une signalétique dégradée, des panneaux publicitaires un peu anarchiques, l’image qu’elle nous a retourné avait de quoi inquiéter et susciter une prise de conscience et une volonté de réagir. Il faudra encore beaucoup de pédagogie pour que l’on ressente plus nettement encore notre responsabilité dans la situation présente et surtout les possibilités dont nous disposons pour agir pour améliorer significativement l’attractivité de notre territoire. Parmi les perspectives enthousiasmantes qui se sont fait jour il y a bien sûr le potentiel touristique du canton de Brossac (et au delà) relevé par le diagnostic du territoire. Je suis vraiment impatient de tordre le cou au sentiment d’abandon par l’intercommunalité de ce canton une nouvelle fois exprimé par Christian Gadrat le maire de Guizengeard dans la Charente libre du 2 mars. La communauté a beaucoup travaillé pour étudier la faisabilité du projet de plan d’eau imaginé par le maire sur cette commune. Une étude foncière et une étude hydraulique ont été réalisées. Des financements ont été recherchés pour finaliser les études nécessaires. A ce jour la maîtrise foncière n’est pas acquise, le temps de remplissage du plan d’eau pourrait être de cinq à sept ans et compte tenu d’une habitation en aval de la digue il faudrait pouvoir vidanger le plan d’eau au plus tous les sept à dix ans pour vérifier l’état de la digue. Autant dire qu’il ne serait jamais plein. A cela s’ajoute que l’avis de la DDA a été négatif lorsqu’elle a été interrogée dans le cadre de notre recherche de financements des études. Compte tenu des coûts très élevés qu’il faudrait engager, sans assurance d’étanchéité et de remplissage pour le plan d’eau, (çà fait beaucoup) la justification et l’amortissement d’un tel projet passe par la valorisation immobilière des terrains attenants pour des constructions. Une étude sommaire que nous avons fait réaliser révèle des coûts de viabilisation pharaoniques. Il a bien fallu conclure à l’impossibilité de continuer sur ce projet. En revanche nos travaux ont attiré l’attention d’un investisseur qui a quelques idées différentes mais pragmatiques qui peuvent se révéler intéressantes. Seulement dans tous les cas de figure il faut que la commune ait affirmé sa volonté par un document d’urbanisme indispensable avant tout engagement de qui que ce soit. Il semble plus qu'utile de rapppeler une nouvelle fois que c'est bien à la commune, qui demeure seule compétente en matière d'urbanisme, de définir la destination des espaces et les règles de construction qu'elle souhaite voir appliquer sur son territoire. C'est ainsi que la localisation du projet touristique serait affirmé, plan d'eau et espaces à construire. Le type de construction souhaité serait aussi défini. Et puis l'affirmation de la vocation touristique de la commune doit aussi nécessairement s'accompagner d'une politique de construction sur l'ensemble de la commune qui préserve les paysages et renforce le charme et l'attractivité des lieux. La qualité des lotissements s'inscrivant de toute évidence dans le dispositif de séduction à destination des investisseurs. On y revient. Mais pour l'instant il n'existe toujours pas de document d'urbanisme sur la commune .
Je suis arboriculteur, viticulteur et maire de Reignac. Mais aussi Président de l'Association Nationale Pommes Poires, membre de WAPA (World Apple and Pear Association) et secrétaire général d'Interfel.
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