6 Mars 2006
Comme le dit Albert Camus « Mal nommer les choses, c’est ajouter aux malheurs du monde ». Donner tous les gages d’un documentaire réaliste à une construction cinématographique qui prend des libertés coupables avec la vérité, sur un sujet aussi grave que l’extrême pauvreté, c’est risquer de rendre incrédule pour longtemps le spectateur abusé. Un temps favori, Hubert Sauper n’a pas reçu d’Oscar à Los Angeles pour son film « le cauchemar de Darwin » qui a pourtant connu un immense succès auprès du public. L’article de François Garçon dans la revue « Les Temps Modernes » consacré à ce film et aux inexactitudes (ou supercheries) qu’il recèle y est peut-être pour quelque chose. Jean Philippe Rémy consacre un long article intitulé « contre enquête sur un cauchemar » dans le Monde daté du 3 mars, à donner un autre éclairage au commerce de la perche du Nil. Son reportage à Muanza au bord du Lac Victoria en Tanzanie révèle une « réalité » plus nuancée et assez différente de la thèse élaborée avec images et sons par Hubert Sauper. Joint au téléphone à Los Angeles ou il se préparait à participer à la cérémonie des Oscars et visiblement agacé, il a revendiqué, c’est classique, sa liberté de créateur et son droit à avoir une lecture différente des faits. J’ai plutôt l’impression que pour que son film soit plus efficace il a appliqué cet adage qui a fait ses preuves: plus la ficelle est grosse et mieux elle tient. Je crois qu’il serait très utile de projeter ce film lors d’une nouvelle séance de Ciné Club, devant les mêmes spectateurs de Cinémania (dont je faisais partie) qui ont pu le voir l’an passé, afin de débattre des mécanismes de ce faux cinéma vérité . Ceci à la lumière des faits révélés par les travaux et les enquêtes qui viennent d’être réalisées.
Je suis arboriculteur, viticulteur et maire de Reignac. Mais aussi Président de l'Association Nationale Pommes Poires, membre de WAPA (World Apple and Pear Association) et secrétaire général d'Interfel.
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