25 Mai 2008
Je viens de lire dans le Nouvel Obs des extraits du recueil d’entretiens entre Bertrand Delanoë et Laurent Joffrin qui sort ces jours ci et qui s’intitule « De l’audace ». La réhabilitation du libéralisme à laquelle se livre avec beaucoup de conviction le maire de Paris me fait forcément plaisir. Ce n’est pourtant, comme le fait remarquer Bernard Henri Lévy que j’ai déjà cité ici, que de la simple honnêteté intellectuelle. Mais par les temps qui courent, ce n’est paraît-il pas un très bon fond de commerce en politique et il faut beaucoup de courage à un homme engagé à gauche pour se livrer à cet exercice. En revanche le jeu politique lui fait retrouver la rhétorique partiale immédiatement après, dès lors qu’il s’agit de décrire la politique conduite par Nicolas Sarkozy, en la qualifiant d’antilibérale et son auteur de conservateur. Malgré cela ses prises de position ont mis un joli bazar à gauche. Ségolène Royal s’est empressée de prendre le contrepied de son challenger au PS en déclarant que socialisme et libéralisme sont incompatibles, ce qui n’est pas tout à fait faux. Mais depuis quand est-elle socialiste ? Les dangereux utopistes qui rêvent d’un gouvernement élitiste et moral, qui imposerait la définition du bien et du mal au peuple ignare, s’affranchirait des lois du marché et étatiserait la puissance économique, se trouvent, malheureusement pour Bertrand Delanoë, toujours plus nombreux à gauche qu’à droite. Ce début de troisième voie parisienne aura, je le crains plus que je ne m’en réjouis, de la peine à prospérer. Pourtant comme l’exprime une nouvelle fois très bien ELB, la compétition des hommes et de leurs organisations à l’échelle de la planète nécessite de trouver des solutions, en France comme ailleurs, pour que notre société permette à chacun de trouver sa place et d’être adapté au monde. Les solutions ne sont ni simplistes, ni radicales et c’est encore en respectant les principes de la démocratie libérale que nous devrons nous adapter et organiser la société. Enfin, c’est aussi ma conviction.
Je lis régulièrement et désespérément la chronique de Jean Claude Guillebaud dans Sud Ouest dimanche. Il est très logiquement l’un des plus mal à l’aise aujourd’hui de la prise de position de Delanoë. Je ne peux, à la lecture de sa prose de ce dimanche, une nouvelle fois m’empêcher de voir en lui une sorte de prédicateur de l’apocalypse qui écrit bien, avec des pleins et des déliés, et qui dépeint chaque semaine un monde de bons et de méchants auquel il ne comprend rien et dans lequel il a toujours le bon rôle en dénonciateur du libéralisme satanique. On le sent remué l’ecclésiaste, vraiment inquiet. Pour lui la gauche s'embarque, elle aussi, sur le Titanic. Heureusement la vie est bien plus riche que ce qu’il en perçoit et malheureusement son fond de commerce a encore de l'avenir.
Je suis arboriculteur, viticulteur et maire de Reignac. Mais aussi Président de l'Association Nationale Pommes Poires, membre de WAPA (World Apple and Pear Association) et secrétaire général d'Interfel.
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