J’ai eu un vrai premier plaisir ce matin, très tôt à la gare d’Angoulême, à la lecture de l’article de la Charente libre consacré à la présentation de la liste de
Benoît Delatte hier soir à Barbezieux. Mais il y a des matins comme ça où la lecture de la presse me réserve d’autres satisfactions. Comme par exemple cette tribune libre d’André Comte Sponville
dans le Figaro (« ce n’est pas la morale qui est en crise mais bien le politique »), ou bien celle d’Yves de Kerdrel intitulée « la boite à outils d’Hervé Novelli », et encore
l’article de la troisième page du Monde qui relate le week-end fou pendant lequel les dirigeants de la société générale ont découvert les engagements perdants de leur trader qui allait leur
coûter 5 milliards d’euros. Finalement contrairement à mon habitude, ce matin, j’ai peu dormi dans le TGV. Un café au Danton à l’arrivée, carrefour de l’Odéon, avant de me rendre au sénat
pour rencontrer le sénateur de la Dordogne Dominique Mortemousque et celui du Lot et Garonne Daniel Soulage. Nous sommes nombreux, arboriculteurs et maraîchers, à sensibiliser en ce moment
tous les décideurs sur les impacts des décisions françaises et européennes relatives aux conditions de productions des fruits et légumes. Nous insistons pour que les pouvoirs publics étudient
bien les conséquences des décisions qu’ils souhaitent prendre sur l’économie de ces productions afin de les assumer complètement ou bien d'y renoncer, ou bien encore de mettre
en œuvre les moyens qui permettront d’accompagner l'application des nouvelles contraintes à respecter tout en préservant le potentiel de production. La montée du grand escalier ou les
quelques instants d’attente dans l’immense salle (je ne sais pas quel nom on lui donne) réservent leur lot de rencontres dans cette belle maison. Le sénateur Doublet de Charente maritime par
exemple, maraîcher de son état, qui est très au fait de nos préoccupations, mais aussi Gérard Larcher ou bien Jean Arthuis. L’entretien avec les deux sénateurs paysans avec qui nous avions
rendezvous se passe forcément bien. Ils sont acquis à la cause. Pour autant, tout devient plus délicat dès lors que l’on recherche les moyens d’infléchir ou tout simplement d’attirer l’attention
sur les promoteurs des lois vis-à-vis de nos difficultés sur le terrain. Enfin une intervention devant le groupe fruits et légumes est envisagée. Et puis manifestement le débat qui s’annonce ce
même jour sur la transposition en droit français de la réglementation européenne vis-à-vis des OGM les préoccupe beaucoup. D’autant plus qu’ils appartiennent à deux groupes différents et qu’ils
ne sont pas complètement sur la même longueur d’onde.
Je retrouve ensuite au Danton Gil Rivière Wekstein, un journaliste qui publie mensuellement une lettre intitulée « Agriculture environnement » et dont j’ai
déjà parlé sur ce blog. Nous devons travailler ensemble pour sa lettre de mars, qui sera principalement consacrée aux fruits et légumes et aux difficultés qui s’annoncent, pour la partie
consacrée à la production de pommes. A chaque fois que je vais dans ce troquet je pense à Denis Tillinac, l’auteur de « dernier verre au Danton » et tout récemment du
« dictionnaire amoureux de la France ». Je demande à Gil de me raconter ses relations avec ses collègues journalistes, lui qui à longueur de lettres mensuelles analyse, commente,
critique ou rétablit la vérité. Il me confirme ce à quoi je m’attendais. Appels sévères du président du syndicat des journalistes agricoles, relations plus que tendues avec Agra presse et surtout
mise au banc de la grande presse nationale. Enfin pas complètement toute, puisque pendant notre discussion le numéro deux d’un grand hebdomadaire l’a appelé pour le féliciter de son article
consacré à Yann Arthus Bertrand intitulé « l’hélicologiste ». Cette partie de la discussion tombait à pic pour satisfaire ma curiosité sur l’univers du journalisme. Dans la soirée comme
par hasard je me suis retrouvé place Saint Michel et j’ai assisté au démarrage de la manifestation anti OGM qui rassemblait peut-être deux cent personnes. « OGM non, non et non. Ni dans les
champs, ni dans les assiettes. Les OGM on en veut pas » scandaient en chœur les manifestants. Dans le même temps sur Public Sénat on pouvait voir le sénateur Soulages qui intervenait en
séance pour le groupe centriste. Je n’ai pas entendu ce qu’il a dit, mais il m’a conseillé de lire les interventions des uns et des autres sur le site du Sénat.
Je repensais à l’analyse sévère, mais me semble t-il juste, de Gil Rivière Wekstein faite l’après midi. En raccourci il considère qu’il y avait bien lieu de demander
un moratoire, compte tenu de l’opinion publique en France au regard des OGM, mais qu’il n’aurait jamais fallu décrédibiliser la recherche en faisant croire qu’il y avait à ce jour des éléments
scientifiques tangibles de suspicion de nocivité qui manifestement n’existent pas.
Une autre analyse de sa part, qui me conduirait beaucoup trop loin ce soir, associe l’état de l’opinion d'un pays à la conscience de l’importance stratégique d’une
politique. Lui Danois relevait la peur dans son pays du nucléaire bien qu’il n’y ait pas de centrales alors que la Suède à côté semble très bien accepter le nucléaire qui fait partie de
sa stratégie d'indépendance énergétique. Sa conclusion est forcément inquiétante pour nous agriculteurs puisqu’il considère que notre président a fait le choix de ne plus
accorder de priorité stratégique aux productions agricoles dans notre pays.
Bon, à suivre. Tout au long de cette journée mon blackberry (ça fait classe mais ça coûte pas plus cher qu'un banal portable mon cher Daniel) a bipé pour
m’annoncer entre autres de nouveaux commentaires sur mon blog. Mais de cela nous reparlerons ce week-end. Demain je me préoccupe encore de pommes.