6 Janvier 2016
« 6h30 à Reignac Xavier. Pas plus tard. Pour être à la réunion de groupe à 9 h, faut passer avant le gros bouchon du matin. Après j’garantis rien ».
On a pris la route lundi avec le quart d’heure charentais de retard. Comme ça, j’ai eu le temps de lire chez le pompiste dans la Charente Libre l’interview rafraichissante de Michel Serres, le philosophe et académicien agenais de Stanford. Age doux, bonté divine de l’humanité, les raisons d’être optimiste et d’avoir confiance l’emportent toujours avec ce jeune homme de 85 ans.
C’était donc limite à Sainte Eulalie. Noria de camions, bouchon en formation sous la pluie et la grêle pour faire plus infernal. Arrivée quand même au sous-sol de l’hôtel de Région, 14 rue François de Sourdis à presque 8h30. Y’a des heures comme ça ou le cœur de Bordeaux est bien plus loin en voiture que la géographie ne l’indique. Et ce n’est pas toujours simple de choisir les heures creuses. De plus, elles se font rares, alors que les pleines….Bon je ne râle pas, parce que Bordeaux on en avait envie. Mais enfin par la route ça se mérite.
C’était donc ma rentrée des classes de tout nouveau conseiller régional et j’avais bien pris mon cartable et ma tablette. Pour la photo même chose, on est passé juste avant le bouchon. Un vrai studio Harcourt avec maquillage et éclairages multi sources. Clic clac multiples, ensuite on choisit sa moins vilaine tête et on signe pour le droit à l’image. Codes Wifi, ticket restaurant, émargement, enfin prêts pour le travail d’élu.
Huis clos pour la réunion de groupe. No comment. Sauf que c’est le plus grand qui comme on sait doit céder. Modem et UDI nomment leurs représentants à la commission permanente et LR tente d’assurer la cohérence territoriale derrière, au prix de quelques grincements de dents. Et on met un petit quart d’heure Bordélique de retard à la séance plénière d’ouverture.
Bel hémicycle dont j’apprends qu’il était assez grand pour nous recevoir à 183, sans travaux supplémentaires. Quelque Nostradamus local avait-il prévu qu’une soirée puzzle à l’Elysée François Hollande déciderait de fusionner l’Aquitaine, le Limousin et le Poitou-Charentes ? Mystère que je n’ai pas réussi à élucider.
Discours d’ouverture Modem du maire de Biarritz Michel Veunac qui invite à faire de la politique par-delà les clivages de la campagne électorale. Pour que l’assemblée donne le meilleur d’elle-même et rehausse l’image des politiques chez nos concitoyens. Et puis le mot d’humour qui fait mouche: « si je suis le doyen, c’est donc que notre assemblée est jeune ».
Deux candidats à la présidence, Alain Rousset pour l’union de la gauche et Jacques Colombier pour le FN. Virginie Calmels toute moderne ne refait pas dans l’urne du jour le match perdu dans les urnes de décembre. D’autant plus que les candidats n’ont pas la possibilité d’un discours d’anthologie juste avant l’élection qui pourrait faire revirer de bord les électeurs. C’est plié, on plie.
Aie, il manque un bulletin blanc et il y a un Rousset de trop. Les yeux dans les yeux ça ne devait pas. Sauf que dans l’isoloir y’a pas d’yeux. C’est justement fait pour ça un isoloir. Pour que le vote se fasse librement en dehors de toute contrainte. Mais on n’a forcé personne à venir sur la liste justement. C’était même plutôt le contraire non ? Bon, pas de quoi quand même demander à Agatha Christie de trouver le coupable.
Ensuite j’ai forcément eu une oreille très attentive au discours inaugural du Président. Une longue introduction de 50 minutes. D’aucuns l’ont trouvée soporifique. Je me surprends donc à être bon public. L’envie d’écouter les mots et la formulation des orientations de ce début de mandat d’une collectivité que je découvre. Et là quand même, j’ai une petite surprise. Aucune aspérité, disons socialiste ou verte au sens politique de l’échiquier, ne m’alerte vraiment. Etonnant non ? Au final avec un style et des mots différents notre programme et notre approche des choses ne sont pas si fondamentalement différents.
C’est un peu ce que relève Virginie dans son intervention qui suit. Mais elle a raison, au-delà des mots, il va falloir y regarder de plus près. Le diable se loge dans les détails et en politique il faut aussi quand on est dans l’opposition se doter d’abord d’un regard type Didier Migaud à la Cour des Comptes. Faut évaluer. Il faut proposer ce qui semble nécessaire et utile, soutenir ce qui doit l’être, s’opposer quand on est en désaccord et toujours évaluer avec un œil critique. C’est sain, c’est utile. Même si c’est moins palpitant que d’être aux manettes. Mais les électeurs en ont décidé ainsi.
Chaque groupe a pris la parole pour réagir aux propos du Président. Du côté de FN, Colombier ne rime pas avec colombe apparemment. On sent l’envie de tacler, au moins verbalement. Et puis il est rôdé, puisqu’il était déjà là en 1986 et n’a connu qu’une interruption depuis 2010. Je n’ai rien entendu en tout cas qui relève du projet.
Les challenges sont multiples. Mais le premier c’est quand même de mettre en ordre de marche ce nouvel ensemble. Une fusion aussi ambitieuse dans le cadre contraint du statut de fonctionnaire, des résistances politiques locales, des cohérences à trouver avec l’Etat, le tout à coût constant au maximum, mais plutôt en baissant les charges de fonctionnement pour augmenter la capacité d’investissement, n’est pas simple à réussir. Le risque d’être tourné un temps trop long sur les problèmes internes bien plus que vers le développement du territoire est bien réel.
Evidement la presse s’est faite l’écho de ce que les élus ne pourront pas se plaindre de devoir mouiller un peu plus la chemise pour réussir ces challenges, parce qu’ils seront mieux indemnisés qu’avant, tout au moins pour ceux qui ont connu le régime Limousin ou de Poitou-Charentes. La fusion aura au moins réussi à faire croître quelque chose immédiatement. Le vote sur le pourcentage du plafond légal possible aura lieu le 1er février. Nous verrons ce que décidera Alain Rousset et sa majorité. La région Aquitaine était déjà au plafond actuel. Sans céder au populisme, il serait sain qu’une baisse soit proposée. Mais quel que soit le niveau qui sera retenu, c’est à l’élu de démontrer que les services qu’il rend à la collectivité justifient pleinement ce qui lui est accordé en compensation.
Xavier Bonnefont, Véronique Marendat et moi-même pour la Charente au centre et à droite, nous sommes dans ces très bonnes dispositions.
Pour ce qui me concerne, je vais tenter de rendre compte aussi par ce blog du mandat qui m’a été confié et pour lequel je remercie très vivement une nouvelles fois tous les électeurs et les investisseurs (ceux qui donnent l’investiture) qui m’ont permis de l’obtenir.
A suivre….
Je suis arboriculteur, viticulteur et maire de Reignac. Mais aussi Président de l'Association Nationale Pommes Poires, membre de WAPA (World Apple and Pear Association) et secrétaire général d'Interfel.
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