9 Avril 2015
Vous avez aimé la calamiteuse inscription du principe de précaution dans la Constitution ? Vous avez apprécié le Grenelle de l’environnement et les discrets encouragements qu’il apporta aux faucheurs d’OGM ? Vous fûtes contents qu’on invite Al Gore à l’Élysée pour y présenter un film que les Britanniques, plus sensés que nous, ont condamné en justice à être assorti de nombreuses mises en garde lors de son éventuelle diffusion dans les écoles tant il fourmille de contre-vérités ? Alors vous allez adorer la « Cop 21 », le sommet sur le climat qui viendra polluer la capitale en décembre prochain.
Nous y retrouverons M. Hulot et ses « Hulettes » (il préfère les starlettes aux scientifiques, asinus asinum fricat), tandis que l’entrée de quelques « pastèques » au gouvernement (verts à l’extérieur, rouges à l’intérieur) tentera d’enrayer la Bérézina du PS aux prochaines régionales. À défaut de convaincre les frondeurs, la CGT, le Parti communiste, Mélenchon et les Verts, une poignée de postes attribués à des écolos en mal de portefeuilles fera l’affaire. En quoi le pitoyable spectacle politico-médiatique qui se profile à l’horizon mérite toute notre attention ?
D’abord, sur le fond, c’est-à-dire sur la question écologique, qui mériterait mieux qu’un nouveau sommet aussi dramatiquement inutile et coûteux que les précédents sur le réchauffement climatique. De quoi s’agit-il, en effet ? De poser pour 2050 quelques normes et quotas, notamment pour les émissions de CO2, objectifs que personne ne respectera, surtout pas les pays en développement, et ce d’autant moins que les participants qui les auront fixés seront tous morts ou retraités d’ici là !
Au demeurant, sur le plan scientifique, de nombreuses incertitudes subsistent. Comme l’écrit Jean Jouzel, le vice-président du Giec, d’une formule qui laisse songeur : « Nous sommes certains à 90 % que 50 % du réchauffement climatique vient des activités humaines. » À vrai dire, les doutes sont d’autant plus grands que, depuis plus de dix ans maintenant, le réchauffement marque le pas si l’on en croit les chiffres du Giec lui-même. Les années 2000 furent certes les plus chaudes du siècle, mais point pour autant en augmentation sensible, lors même que la courbe du C02 s’envolait. Du reste, nombreux sont les scientifiques qui pensent aujourd’hui que certains effets du réchauffement seront bénéfiques, qu’ils permettront, par exemple, de rendre cultivables des terres au Canada ou en Russie, tandis que d’autres y voient une menace pour la biodiversité, voire pour l’humanité. Le débat, donc, n’est pas clos.
J’entends déjà les soupirs de commisération de l’ami Hulot : « Décidément, les intellectuels ne comprennent rien à l’écologie ! » Le problème, c’est que c’est tout l’inverse. Je suis passionné depuis des décennies par l’écologie, mais par la vraie, la scientifique, pas la politico-médiatique. D’ailleurs - t’en souviens-tu, Nicolas ? -, tu avais naguère trouvé mon Nouvel Ordre écologique excellent, assez bon en tout cas pour venir à ma rencontre me proposer un travail commun en vue de suggérer à Alain Juppé, alors premier ministre, la création d’un Comité de l’environnement sur le modèle du Comité d’éthique. Moi, je n’ai pas changé. Je continue à dire que si nous voulons faire œuvre utile, il faut défendre une écologie positive (même Ségolène Royal le reconnaît aujourd’hui). Il est vital d’intégrer enfin l’écologie à l’économie, au lieu d’en faire un père fouettard hostile aux libertés, partisan de l’absurde principe de précaution comme de la non moins absurde taxe carbone dans un seul pays.
Ce que je combats, ce n’est pas l’écologie, mais cet écologisme punitif et irrationnel, qui hait le monde moderne, qui préfère les people aux savants, qui fait l’éloge des tribus sauvages alors qu’aucun d’entre nous, surtout pas les femmes, ne voudrait y vivre plus d’une semaine - mais c’est plus facile quand on a son hélico ou son avion privé pour rapporter quelques bobines de film à Paris. Si l’on veut utilement travailler à la question du climat, il faut prendre le problème tout autrement que ne le font nos Khmers Verts.
Ce n’est pas en fixant pour 2050 des objectifs qui n’engagent à rien qu’on fera avancer les choses, mais en développant au niveau mondial la logique de l’innovation et du recyclage, faute de quoi la « Cop 21 » ne sera qu’une mousse médiatico-moralisatrice de plus. C’est d’une stratégie à long terme sur les investissements innovants que nous avons besoin, pas d’un énième barnum pour people et chefs d’État en mal de reconnaissance.
Je suis arboriculteur, viticulteur et maire de Reignac. Mais aussi Président de l'Association Nationale Pommes Poires, membre de WAPA (World Apple and Pear Association) et secrétaire général d'Interfel.
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