28 Mars 2015
Non mes très chers lecteurs, je n’ai pas oublié que je vous ai promis une septième dose d’antidote à l’intoxication télévisuelle dont vous avez été les innocentes victimes en prime time le 5 mars 2015. Je suis d’autant plus motivé à ne pas lâcher cette sale affaire que c’est avec vos impôts que l’on a tenté de vous enfumer cette fois encore.
Peut-on d’ailleurs regarder la télévision publique sans risques majeurs pour notre libre arbitre ? France 2, en pourrissant la pomme avec cet Envoyé Spécial de très mauvaise facture, nous a malheureusement démontré que non.
En fait, j’ai aussi été rappelé à l’ordre ce matin par un message d’un collègue arboriculteur laissé sur ma boite vocale. Depuis ses superbes coteaux de Prayssas en Lot et Garonne, Alain, la voix inquiète, tenait à m’alerter d’un courrier des lecteurs paru dans le journal Sud Ouest de ce samedi.
Un certain Pierre Pedaugez de Biarritz, gratifié quand même de deux larges colonnes de la page Débats en dessous d’une grande photo couleur de pommes flottant dans l’eau (page 10), se délecte des stupidités d’Envoyé Spécial et en rajoute une bonne couche de bêtise crasseuse. Son « Histoire de pommes » est à vomir debout.
A le lire, on sent l’esprit tordu. Même altéré mondialiste il me semble. Parce que les éléments habituels de l’horreur économique, écologique et sanitaire de la pomme ne lui suffisent manifestement pas. En plus des traitements chimiques, à le lire, « notre belle pomme pourrait avoir subi une ionisation ou radiation (sic) ». Parce que croit-il savoir l’ignorant « cinq sociétés opèrent en France ». A la fin de sa démonstration morbide que je vous invite évidemment à lire, ct’ apôtre Pierre conclut : « Loin de notre esprit de penser que ce beau fruit est sûrement bourré de pesticides, et qu’en plus il a été peut-être irradié et gazé. Bon appétit. »
A mon sens, il faut que Sud Ouest soit un peu trop à l’ouest par moment pour publier de tels écrits diffamatoires pour la pomme. Et bourrier des lecteurs conviendrait bien mieux à cette rubrique quand elle donne à lire autant d’âneries.
Cela me ramène quand même mes chers lecteurs au reportage à charge d’Envoyé Spécial et à la qualité sanitaire des pommes au regard des pesticides qui y est suspectée.
Parce que finalement après l’inquiétante description de l’utilisation des produits phytosanitaires pour la production des pommes tout au long du reportage, il fallait bien à la fin que nos drôles de dames répondent à la question posée au début de l’émission. « Peut-on encore manger des pommes en toute sécurité ? ».
Naïvement mes chers lecteurs, vous imaginiez sans doute que dans notre beau pays si fier de son Etat et de ses services publics, Valérie Rouvière serait allée interroger quelques scientifiques du côté de l’Agence nationale de sécurité sanitaire, de l’alimentation, de l’environnement et du travail. Ou peut-être carrément à l’Agence européenne pour la sécurité des aliments.
Que nenni mes amis. Le seul, l’unique expert sollicité pour parler au grand public des résidus de produits phytosanitaires sur les pommes s’appelle François Veillerette. Professeur des écoles, militant écologiste créateur de l’associations Générations Futures devenu conseiller régional en Picardie, il est le lanceur d’alerte courtisé qui se répand partout pour distiller la trouille du résidu. (voir aussi l’article que lui a consacré Gil Rivière Wekstein pour Agriculture environnement)
Quand on lui présente une analyse pourtant parfaitement conforme à la législation en vigueur, la voix calme, très clergyman et l’air du gendre idéal, il s’interroge. Dès lors qu’il apparait le nom d’une molécule pour quelques ppb, on l’entend invariablement dire qu’elle est suspectée de pouvoir être cancérigène ou bien perturbateur endocrinien. Effet garanti. A peu de frais il inquiète et les micros se tendent. Mais tout ça n’est quand même pas assez visuel. Alors avec son couteau, il pèle la pomme et explique que selon certains auteurs il faut enlever jusqu’à 8 mm d’épaisseur de peau pour purifier la pomme des pesticides. Le spectateur horrifié se souvient alors qu’on lui a dit juste avant que la pomme bio, elle, n’en contient aucun. On peut donc se sauver et le monde avec. Pas besoin d’épiloguer tant tout ça parait être l’évidence même.
Alors mes chers lecteurs je vous propose une lecture indispensable pour commencer à mesurer l’imposture et le charlatanisme de tous ces faussaires des sciences qui prospèrent en agitant peurs et insinuations contre la pomme. Je vous laisse apprécier vous-même la mise en perspective de tout cela par Bruce Ames, professeur de biochimie moléculaire à l’université de Californie. Le résultat de ses recherches, comme celles de bien d’autres scientifiques mériteraient bien plus d’être présentées sur les chaines de service public que les approximations nulles et fausses du pollueur d’antenne François Veillerette.
Et voilà mes privilégiés lecteurs. Vous au moins vous savez qu’il faut croquer des pommes sans hésiter. Que leurs bénéfices pour la santé sont immenses. Qu’il faut les choisir belles et sans trop d’altérations d’épiderme. Méfiez vous des moches, des moisissures, des pourritures et des marques d’attaques d’insectes. Parce que ces fruits ne sont pas parfaitement sains. De plus ils ont du produire beaucoup de produits chimiques naturels que votre organisme n’est peut-être plus très habitué à digérer. En tout cas soyez prudents quand vous en faites manger à vos enfants.
Vous avez aussi compris que ce ne sont pas les pommes qui sont inquiétantes, mais bien plus tous ces corrupteurs d’intelligence qui sévissent dans nombre de médias et bizarrement surtout sur le service public. Croquez des pommes et jetez leur le trognon sur la trogne. Ça guérit des peurs et ça désinhibe les défenses naturelles contre la bêtise dont nous avons tellement besoin par les temps qui courent.
Je vous mets aussi un lien vers un article du professeur Narbonne de l'ANSES sur la fameuse analyse de cheveux de Générations Futures
Ce numéro 7 marque la fin de cette série d’articles. Il y aurait pourtant encore beaucoup à dire sur cet Envoyé Spécial et ses mauvais traitements de la pomme. Espérons maintenant qu’il n’y ait pas besoin d’une saison 2 à cette saga.
Il semble quand même que cette série vous ait intéressé. Ce blog a battu les records de fréquentation depuis sa création le 31 décembre 2005 avec 9173 visiteurs uniques ce mois. J’y vois un bel encouragement à prendre la parole et à diffuser des messages sur le net. Effet papillon garanti.
PS: je vous ferai le Pdf de l'article du courrier des lecteurs de SO lundi...
Les pesticides: questions réponses du Comité de l'Ain de la ligue contre le cancer
Je suis arboriculteur, viticulteur et maire de Reignac. Mais aussi Président de l'Association Nationale Pommes Poires, membre de WAPA (World Apple and Pear Association) et secrétaire général d'Interfel.
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