Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Les pesticides, la presse et ma pomme.

On m’avait pourtant prévenu. « Si tu veux être élu n’en parle surtout pas. C’est perdu d’avance. N’imagine pas un instant tempérer la déferlante médiatique contre les pesticides. Chacun sait maintenant qu’ils sont dans la nourriture, dans l’eau, dans l’air et responsables de l’augmentation du nombre des cancers. Sache que les journalistes t’ont à l’œil et ne te rateront pas».

Bravache, j’ai voulu vérifier. A la suite de la diffusion sur France 5 du documentaire : « pesticides le poison de la terre », passablement agacé que l’on associe une nouvelle fois avec autant de  certitude environnement viticole et cancers d’habitants, j’ai mis un lien sur les réseaux sociaux vers l’étude géante AGRICAN de la MSA qui dénombre un pourcentage de cancers bien inférieur chez les agriculteurs, pourtant très exposés, comparativement au reste de la population.

Ce simple clic sans commentaire m’a valu dès le samedi suivant une flèche rouge vers l’abîme dans le baromètre de Charente Libre accompagnée d’un petit texte bien saignant. Et la semaine suivante, pour ne pas être en reste, mais un peu plus délicatement quand même, Sud-Ouest notait mes réserves sur la présentation par le presse des maladies attribuées aux pesticides en concluant : « c’est un point de vue ».

Je sais donc parfaitement à quoi m’en tenir. Mais je n’imagine pas pour autant devenir muet sur ce sujet pas plus que sur d’autres. Et comme chacun sait avec Corneille, « à vaincre sans péril, on triomphe sans gloire ». Alors des fois qu’il n’y en aurait pas assez des périls….

Je ne sais pas si cela pourra amortir les coups à venir, mais peut-être dois-je rappeler mon action relative à l’utilisation des pesticides. J’en ai assuré moi-même l’application dans les vignes et les vergers jusqu’au début des années 90.

De formation plutôt littéraire, c’est en autodidacte que j’ai dévoré dès mes débuts dans le métier toute la littérature relative aux maladies et ravageurs et aux moyens de s’en préserver. Il m’a pour cela sans doute fallu un peu trop de temps pour devenir plus autonome par rapport aux prescriptions des firmes et me réapproprier les diagnostics et les décisions d’intervention. Ce sont assez rapidement quand même les principes de la production intégrée de l’OILB (Organisation internationale de lutte biologique) qui m’ont guidé.

Modélisation du mildiou pour la vigne avec l’outil développé spécifiquement pour la région de Cognac par Serge Strizyk. Arrêt des traitements contre les araignées rouges sur vignes comme sur pommiers par l’introduction et la préservation des acariens prédateurs, les typhlodromes.  Développement dès son homologation en France de la confusion sexuelle contre le ver de la pomme, le carpocapse, en substitution des insecticides. Adoption au fur et à mesure de leur homologation des insecticides biologiques, Bacillus thurigensis et virus de la granulose par exemple. Soufre, cuivre, calcium et oligo-éléments bien évidemment. Mise en œuvre des prophylaxies visant à réduire l’inoculum des maladies au verger. Mais encore quelques aphicides ou fongicides de synthèse choisis en fonction de leur efficacité, de leur innocuité sur la faune auxiliaire et si possible pour l’applicateur. Et ce qui sous tend le tout, l’observation permanente et les comptages. Le résultat est rarement parfait malheureusement et les dégâts sur les fruits percent ici ou là chaque année. Tout cela suppose pourtant encore un bon nombre de passages dans le verger et suscite forcément incompréhension et doutes chez les riverains et le public.

Ce goût prononcé pour les techniques de production m’a tout naturellement conduit à m’impliquer pour l’élaboration du premier cahier des charges de production fruitière intégrée pour la pomme dans le sud-ouest. Et à partir de 1996, à la suite de René Lorne, arboriculteur dans l’Yonne, je suis devenu président de la commission technique nationale de la pomme au moment où s’élaborait une charte inspirée par l’OILB avec le concours du CTIFL. Ce travail avait pour objectif de fédérer les initiatives régionales pour pouvoir ensuite identifier et promouvoir les fruits issus de ce système qualité et de ce mode de production.

Nos collègues italiens du Trentin Haut Adige avaient déjà pris de l’avance pour communiquer auprès des distributeurs sur leurs pratiques. Si sur le plan technique nous n’avions pas grand-chose à leur envier, nous tardions en revanche à le faire savoir.

Cela fait 20 ans maintenant, et malgré les doutes, les résistances, les découragements, les autres certifications imposées par la distribution en France ou en dehors, je poursuis sans relâche la promotion de ce qui est devenu la Charte des pomiculteurs de France identifiée par le logo « Vergers Ecoresponsables ». Cette Charte a obtenu de l’Etat l’équivalence Haute Valeur Environnementale (HVE) de niveau 2. A ce jour, les deux tiers du verger français de pomme relèvent de cette charte et sont contrôlés sur le respect des obligations qu’elle contient.

La particularité de cette charte, c’est qu’elle s’inscrit dans une démarche de progrès permanent. L’arboriculteur doit être formé et bénéficier d’un conseil technique agréé indépendant des firmes de l’agrochimie. Son conseiller technique doit lui-même être membre du réseau régional des techniciens et rattaché à un centre d’expérimentation.

Parallèlement à cette organisation du partage des savoir-faire, l’Association Nationale Pommes et Poires que je préside encore pour quelques mois a soutenu activement en 2012 la création d’un GIS Fruits (Groupement d’Intérêt Scientifique) pour réunir la recherche représentée par l’INRA, l’expérimentation par le CTIFL, les stations régionales, les techniciens et jusqu’aux producteurs. L’objectif étant de dynamiser la chaine de l’innovation afin de proposer plus vite des solutions opérationnelles au verger qui permettent de réduire l’usage des produits phytosanitaires.

Le confinement des applications sur les parcelles, la maîtrise de la dérive, la plantation de haies, l’accueil sécurisé des abeilles et des ruches pour la pollinisation, la protection des applicateurs et des travailleurs saisonniers sont autant d’objectifs prioritaires issus aussi de la Charte et qui nous mobilisent tous.

Le système est en marche. Le champ des progrès à réaliser reste immense. La convergence des efforts et les synergies attendues entre les équipes de chercheurs, de techniciens et d’arboriculteurs permettent d’être optimistes. Surtout lorsque l’on ajoute à tout cela l’évolution variétale possible pour plus de rusticité et de tolérance naturelle des arbres aux maladies et ravageurs.

Inutile pourtant de préciser que depuis 20 ans, en parallèle du chemin parcouru, du durcissement des réglementations, de la diminution constante des matières actives chimiques utilisées, de l’amélioration du parc matériel et des soins apportés à la formation des applicateurs, de la quasi parfaite propreté des fruits confirmée par d’innombrables analyses, j’ai vu naître et s’amplifier les alertes médiatiques sur la présence de résidus dans les fruits et les dangers pour les personnes qui vivent à proximité des vignes, des vergers et autres cultures.

Comme je ne suis pas scientifique moi-même, c’est à partir des publications sur le sujet, d’échanges avec les autorités sanitaires, des chercheurs ou des cancérologues que je tente de mettre en perspective les risques encourus au regard du danger inhérents aux produits utilisés et en fonction de l’exposition à laquelle chacun peut être confronté.

Pour ce qui concerne les fruits et légumes sur les étals, il suffit de se pencher sur les résultats du plan de surveillance assuré par la DGCCRF (concurrence, consommation et répression des fraudes) pour être complètement rassuré. Sur une moitié des fruits on ne trouve rien et sur l’autre la présence de telle ou telle molécule peut être détectée. Toujours en dessous de la LMR réglementaire qui n’est pas un seuil de dangerosité pour la santé mais seulement la preuve de l’utilisation du produit phytosanitaire dans le respect des conditions d’homologation.

Pour imager la limite de quantification que l’on peut atteindre aujourd’hui, on peut évoquer un grain de sable éclaté en 7 milliards de particules, autant que d’individus sur terre, dont l’une d’elle peut être retrouvée.

Mais c’est semble-t-il peine perdue, pour nombre de lanceurs d’alerte, l’infiniment petit est supposé avoir des effets quasiment inversement proportionnels à leur taille. Exit Paracelse, la dose ne fait plus le poison. La simple évocation d’une molécule avec un nom à coucher dehors trouvée sur un fruit, et c’est une couverture à sensation pour alarmer le consommateur sur le poison dans son assiette.

Pourtant une fois de plus lors du congrès EGEA qui s’est tenu à Milan pour l’exposition universelle, des scientifiques du monde entier sont venus exprimer les bienfaits pour la santé de la consommation des fruits et légumes. Et les études qu’ils produisent résultent de la consommation de fruits et de légumes issus d’une production qualifiée de conventionnelle.

L’EFSA (Agence européenne de sécurité sanitaire) de son côté dans son rapport annuel confirme que la conformité sanitaire en France comme en Europe au regard des résidus de pesticides est excellente. Le site de l’EFSA mérite d’ailleurs le détour pour découvrir le spectre des contrôles effectués et les commentaires de l’agence.

Aujourd’hui même, l’ANSES publie un énorme rapport sur l’alimentation totale infantile dont la partie 4 est consacrée aux résultats relatifs aux résidus de pesticides. 372 pages et des conclusions parfaitement rassurantes au regard des produits phytosanitaires utilisables en agriculture. Ce qui n’a pas empêché France TV Info de titrer sur la présence forcément alarmante de produits chimiques dans la nourriture infantile.

Peu importe ces messages rassurants et les autorités qui les profèrent, ce sont les mises en garde de Générations futures, c’est-à-dire celles de François Veillerette et de quelques autres vedettes de l’approximation mensongère, relayées par tout ce que le service public compte de médias racoleurs, qui font la une. Les marchands de peur font de l’audience et bien peu les discours scientifiques nuancés.

C’est pourquoi je partage complètement l’analyse de Fondapol qui considère qu’il n’est pas dans la mission du service public de faire ce que fait très bien le privé. C’est-à-dire distraire et faire sensation en s’arrangeant avec la vérité. Payer une redevance pour avoir la BBC, c’est oui. Pour « On n’est pas couché », « Cash investigation » ou « Envoyé Spécial », c’est non. 

C’est comme si les travaux fondamentaux d’un Bruce Ames n’avaient jamais existé. N’est évidemment pas le New York Times qui veut et seul un journal de cette qualité sait relater les apports de ce scientifique ou d’autres sur ces sujets. L’article que je vous mets en lien est en anglais, mais c’est un tel bonheur de lire des textes intelligents.  Et en dessous je vous mets le texte de son intervention en 2007 à la 4ème rencontre EGEA.

 Bruce Ames nous a appris que 99.99% des produits chimiques que nous consommons chaque jour sont d’origine naturelle. Que les résidus de pesticides sont parfaitement négligeables et ne présentent pas de risques pour la santé. Que les coûts engagés pour les réduire encore plus sont injustifiés. Qu’en revanche la moitié des substances chimiques contenues dans les plantes qui servent à notre alimentation sont parfaitement cancérigènes et représentent plus de 10000 fois chaque jour la quantité d’éventuels résidus de pesticides ingérés. Tout cela sans causer habituellement de cancers. Les causes de cancer étant d’abord le tabac, l’alcool, la mauvaise alimentation, l’obésité, l’insuffisance d’activité physique et…le vieillissement.

 Il faut croire que l’Etat partage la même analyse que Bruce Ames puisque la campagne qui s’étale dans nos journaux signée de l’Institut National du Cancer et du ministère de la santé indique que 40% des cancers pourraient être évités. Et que pour cela il faut manger mieux, ne pas fumer, éviter l’alcool et bouger plus.

D’un côté il faut donc œuvrer pour diminuer la présence même infime de résidus de produits phytosanitaires, malgré les réticences de Bruce Ames, et de l’autre, il faut inlassablement contrer les prêcheurs d’apocalypse qui pointent une dangerosité qui n’existe pas ou peu.

Si le danger n’est pas dans l’assiette, tout au moins par la présence de résidus de pesticides, il est peut être dans l’air que respirent les voisins des agriculteurs, surtout s’ils sont viticulteurs et arboriculteurs. Compte tenu des déclarations de médecins ici en Charente tout comme hier dans le Limousin, la réponse peut paraître évidente. En tout cas depuis nombre de documentaires à la télévision et tout dernièrement sur la Cinq la question ne se pose même plus pour la presse et une grande partie de l’opinion publique.

Il est donc urgent de mener de nécessaires études épidémiologiques. Mais encore plus rapidement des travaux sur la quantification de l’exposition sur une année comparativement à toutes les autres expositions subies d’une personne habitant à proximité des vignes par exemple. Chimiste, physicien et statisticien seront tous les trois nécessaires.

Alcool, tabac, régime alimentaire, médicaments, benzène, soleil, chimie domestique, air pollué de particules fines, déodorants, eaux de toilette alcoolisées, maquillages, en comparaison des éventuelles quantités de pesticides ingérés suite aux dérives lors des quelques pulvérisations effectuées à proximité. Le cumul quantitatif annuel de l’exposition ne sera pas à mon sens en défaveur des pesticides loin de là, surtout si l’on exclut tout ce qui n’inquiète pas vraiment comme le soufre, le cuivre et autres matières actives du même type plus tout le biocontrôle de plus en plus utilisé.

Reste l’agriculteur lui-même et les salariés lorsqu’ils manipulent les produits phytosanitaires. Là c’est une tout autre histoire. Selon les précautions prises, la qualité des protections, l’exposition sera sans commune mesure avec tout ce qui a été évoqué auparavant. Le grand chantier de la maîtrise des risques liés à l’emploi des pesticides de l’avis général des experts est ici. Pour autant on ne peut qu’être troublé et heureusement surpris des résultats de l’étude Agrican. Cette étude d’une cohorte d’au moins 120000 personnes du monde agricole les montre très clairement en meilleure santé que le reste de la population.

Pourtant, il s’agit d’une population qui a été très fortement exposée à des produits bien plus dangereux et retirés du marché depuis en des temps où les moyens de protection étaient peu utilisés. L’étude pour cela mérite d’être attentivement lue.

La succession de deux articles parus dans la revue Que Choisir à un mois d’intervalle montre de façon tout à fait étonnante comment un même sujet peut donner lieu à deux traitements journalistiques parfaitement opposés.

Le premier article paru dans l’édition de septembre s’intitule « traitements bio : toxiques naturellement ». Son auteur, Erwan Seznec, se livre a une mise en perspective documentée, précise et sans tabou de quelques dangers et incohérences liés à l’utilisation de produits naturels en agriculture biologique. Les informations révélées sont parfaitement connues des spécialistes mais bien peu du grand public. Nous sommes nombreux à avoir été agréablement surpris de l’exigence d’honnêteté de ce mensuel à large audience.

Le second article annoncé par un gros titre en première page s’intitule « trop de pesticides dans les fruits ». Son auteur, Fabienne Maleysson, manifestement est peu à l’aise dans cette affaire. Elle multiplie les messages anxiogènes et alarmistes tout en délivrant des informations qui ne le sont pas du tout. D’un côté on titre sur le trop de pesticides dans les fruits tout en indiquant que les nombreuses analyses faites montrent que les quantités trouvées sont toutes conformes à la réglementation en termes de LMR (Limite maximale de résidus). De l’autre on rappelle bien entendu que cela ne doit rassurer personne parce que la science n’est pas sûre au regard des effets à long terme de quantités même infimes. Et puis aussi des fameux effets cocktails, comme pour les médicaments,  peuvent se révéler détonnant. Ouf, on craignait d’être rassurés par la conformité à la réglementation, la plus sévère au monde.

L’article comprend aussi un étonnant encart où il est enfin honnêtement expliqué que la France se situe au 9ème rang en Europe pour l’utilisation de produits phytosanitaires ramenée à l’hectare cultivé. Plutôt que d’ânonner comme tant d’autres que la France est le plus gros consommateur en quantité sans corréler avec la surface agricole. Tout ça sans oublier un tacle au passage pour France 2 et Biocoop qui ont allègrement dit n’importe quoi sur les chiffres.

D’un côté un souci d’honnêteté sur la situation réelle et de l’autre l’accroche choc qui doit ajouter à la paranoïa ambiante sur les pesticides.

Ce grand écart n’est sans doute pas le fait du hasard. Mon petit doigt me dit que l’article de Seznec a fortement déplu chez les combattants politiques du bio qui sont très influents à Que Choisir. Ceux pour qui l’honnêteté intellectuelle est une valeur contreproductive pour la cause politique à promouvoir à tout prix. Pour ces groupes, la fin idéologique justifie tous les moyens d’endoctrinement possible. Brrr…

Les médias sont friands de chiffres chocs pour illustrer une information. C’est ainsi que l’on évoque le chiffre censé être effrayant de 60000 tonnes de pesticides utilisés en France chaque année. C’est à dire 0.3 gramme par mètre carré de terre agricole. Ramené au mètre cube de terre il n’y a en moyenne pas de quoi affoler les vers de terre.  

60000 tonnes, c’est approximativement la quantité de médicaments ingérés directement par les français, soit près d’un kilo par personne et par an. Médicaments dont la surconsommation et les mélanges détonants sont la première cause de mortalité chez les personnes âgées. Et que l’on retrouve ensuite dans l’eau puisque les systèmes d’épuration ne les éliminent pas tous loin de là.

Il est à noter que si la France se situe à un bon rang de performance pour la limitation de l’usage des pesticides en fonction de la surface agricole, il en va tout autrement pour les médicaments pour lesquels nous sommes largement en tête pour la consommation par habitant, loin devant tous les autres pays en Europe.  Je ne saurai trop conseiller aux médecins de se pencher sur cette singularité qui ne nous assure pas forcément une meilleure santé.

La consommation d’alcool en France, c’est 600000 tonnes d’alcool pur, soit 12 litres d’alcool pur par personne de plus de 15 ans. Dix fois plus que la terre ne reçoit de produits phytosanitaires. Quand on sait que l’éthanol est catégoriquement cancérigène en plus d’autres propriétés peu ragoutantes, on peut un peu relativiser le danger encouru dans d’autres circonstances lorsque l’on n’est comparativement quasiment pas exposé, quantitativement parlant, à des matières actives souvent mieux classées pour leur toxicologie. Parce que, compte tenu de ses caractéristiques, l’éthanol ne pourrait évidemment pas recevoir une homologation pour un usage en pulvérisation agricole. 

Inutile d’en rajouter en me livrant au même calcul pour la cigarette dont j’ai réussi à me libérer à 25 ans après six années de tabagie intense. Puisqu’il n’y a que 12 millions de français volontairement exposés aujourd’hui au risque élevé de cancer du poumon. Et quelques autres encore par ce tabagisme passif qui bien heureusement n’existe quasiment plus.

Heureusement, c'est près d'un million de tonnes de pommes qui sont croquées ou consommées en compotes et autres tartes ou jus en France pour contrebalancer sainement d'autres ingestions assez éprouvantes pour nos organismes. 

Les produits phytosanitaires, même après la suppression de nombre d’entre eux, sont des produits dangereux. Tout comme le sont la plupart des produits utilisés en agriculture biologique. Le risque en revanche résulte de la combinaison entre ce danger et l’exposition subie. C’est à cette aune que je m’interroge sur la corrélation qui est faite par certains médecins entre maladies et produits phytosanitaires et dont les médias se font allègrement l’écho.

Si un lien de causalité devait être établi avec telle ou telle molécule à la suite d’un contact, même à faible dose, il y aurait en effet urgence à la retirer du marché.

C’est pourquoi je m’associe pleinement à la demande de Stéphane Roy, le président de l’UGVC (Union générale des viticulteurs charentais) lorsqu’il demande qu’une étude épidémiologique soit réalisée pour qu’enfin l’on sache, si tant est que cela soit possible, les causes qui peuvent expliquer une proportion élevée d’un même cancer dans une aire géographique très restreinte.

Tout cela ne doit évidemment pas dispenser les agriculteurs de tout mettre en œuvre pour que l’application des produits phytosanitaires ne déborde pas la parcelle cible. C’est en ce sens aussi que j’applaudis des deux mains à l’élaboration d’un référentiel Cognac pour que chaque viticulteur maîtrise du mieux possible son impact sur l’environnement et le voisinage.

A mon sens l’exigence du politique doit être de rechercher avec le maximum d’honnêteté intellectuelle et objectivité la vérité sur ces questions comme sur d’autres. Sans tabous ni idéologie préconçue. C’est manifestement difficile et comme me le rapportait le sénateur Jean Bizet, la haute assemblée s’est vue opposer à des arguments cartésiens et scientifiques en faveur du maintien d’une molécule une fin de non-recevoir lapidaire de la ministre Ségolène Royal par cette déclaration : « c’est l’opinion publique qui demande cette interdiction».

Il y aurait beaucoup à dire encore sur ce sujet par d’autres plus qualifiés que moi. Pour ce qui me concerne, au risque de susciter des commentaires acides, j’entends tenir ce cap de la promotion active des progrès en agriculture, sans discours anxiogène et en participant au débat le plus ouvert possible sur ces questions très difficiles.

Qu’en pensez-vous ?     

  

Communication Bruce Ames EGEA 2007

Que choisir? Trop de pesticides dans les fruits

Que choisir? Toxiques naturellement

Retour à l'accueil
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
À propos

Je suis arboriculteur, viticulteur et maire de Reignac. Mais aussi Président de l'Association Nationale Pommes Poires, membre de WAPA (World Apple and Pear Association) et secrétaire général d'Interfel.
Voir le profil de Daniel Sauvaitre sur le portail Overblog

Commenter cet article