25 Février 2016
Bon, ça va j’ai compris. Ce n’est pas en rabâchant ici sur ce blog underground que l’on peut manger tous les beaux fruits et légumes de France sans avoir à craindre les résidus de pesticides, comme vient de nous le confirmer une nouvelle fois la DGCCRF, que je vais augmenter mon audience. Bien au contraire. Ce n’est que dans la surenchère apocalyptique que je peux espérer capter l’attention évidemment.
Et ça tombe bien, parce que là j’ai du lourd. Bien plus que l’article sur Atlantico ce matin de ce supposé scientifique de l’Inserm, William Bourguet, qui nous apprend que manger une pomme quand on prend la pilule peut mettre en danger de mort. Intéressante bien sûr sa théorie du perturbateur endocrinien qui en rencontre un autre, même à faible dose, et qui éventuellement peut se révéler être une combinaison diabolique. Mais bon, au-delà du titre, le texte ne tient pas la promesse. Ça reste tiré par les cheveux pollués de pesticides. On comprend bien que la pilule perturbatrice endocrinienne est plus dure à avaler quand c’est dit comme ça, mais le mélange fatal reste quand même aléatoire.
Moi, c’est la mort certaine que j’annonce. Et avec seulement un sachet de trois petits kilos de pomme, pas plus.
L’info est parue dans Néo-Nutrition, la très sérieuse revue de nutrithérapie sous le titre : « faut-il manger le trognon de pomme? ». Article dans lequel on apprend que les pépins de pomme contiennent du cyanure. Enfin de l’amygdaline qui se transforme en cyanure au contact des sucs digestifs. Poison puissant s’il en est, puisque 70 milligrammes suffisent à faire passer de vie à trépas un gaillard de 70 kilos. Et pour cela atterrés lecteurs, il suffit de 143 pépins pilés menu, soit tout juste 19 pommes pour atteindre la dose létale.
Greenpeace avait donc raison. Les pommes sont bien empoisonnées. Mais pas par là où on croyait.
Dame nature a quand même bien fait les choses. Grace à son goût d’amande amère, l’amygdaline détourne le croqueur du trognon et des pépins. Ce qui explique que jusqu’à aujourd’hui on n’ait pas eu à déplorer d’accidents, de meurtres ou de suicides. Bon, maintenant que la recette est donnée ça peut peut-être changer….Les ventes de plus de trois kilos de pommes vont devenir suspectes et nécessiteront sans doute très vite la présentation d’une pièce d’identité. Je tremble à l’idée de toutes les conséquences de l’application du principe de précaution aux pépins de pomme, mais aussi aux noyaux des cerises, des abricots, des prunes et des pêches. Adieu la saveur forte et repoussante qui pourtant à petites doses peut parfumer agréablement certains plats ou pâtisseries.
Allez pendant qu’on y est, livrons nous à un petit calcul. La France a produit l’automne dernier 1.700.000 tonnes de pommes. En comptant cinq pommes par kilo et 3.5 milligrammes de cyanure par pomme, cela fait 29.750 tonnes de cyanure. Si on ajoute celui produit dans les autres fruits on atteint facilement le double. 60.000 tonnes de cyanure produites annuellement par les seuls arboriculteurs producteurs de fruits de France.
Dingue non? C’est pile poil la quantité de produits phytosanitaires utilisés en France chaque année. Les Bayer, Syngenta, Dow Chemical et autres Monsanto ne sont que des petits joueurs en fait. La nature produit toute seule des milliers de fois plus de pesticides que leurs beaux fourneaux.
Allez un petit dernier calcul pour mettre un peu de nos peurs au placard. Si l’on exclut les surfaces dédiées à l’élevage, 11 millions d’hectares sont cultivés en France. Ce qui fait 5.4 kilos à l’hectare en moyenne de produits phytosanitaires par an, un demi gramme au mètre carré. Pas étonnant que l’on ne retrouve rien dans les fruits et légumes.
En revanche, chaque français consomme en moyenne 48 boites de médicaments par an. Si l’on ne compte que 20 grammes par boite, cela fait quand même un kilo de chimie ingérée par personne. Et 66.000 tonnes vendues en Pharmacie qui passe en direct dans nos corps chétifs. Mais ça n’a strictement rien à voir évidemment….
Je suis arboriculteur, viticulteur et maire de Reignac. Mais aussi Président de l'Association Nationale Pommes Poires, membre de WAPA (World Apple and Pear Association) et secrétaire général d'Interfel.
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