22 Septembre 2016
Le jugement a été rendu hier par la 17ème chambre du Tribunal de Grande Instance de Paris. Celle que l’on appelle la chambre de la presse. L’enseigne Biocoop a enfin été clairement condamnée pour dénigrement et appel au boycott avec sa publicité scandaleuse contre tout ce qui n’est pas bio et tout particulièrement les pommes.
Ce jugement tombe pile poil au moment où ce réseau de distribution remet le couvert avec entre autre un nouveau clip inspiré d’Apocalypse now pour culpabiliser à outrance les consommateurs qui ne consomment pas de fruits et légumes bio. Avec bien sûr la pomme dans le rôle principal.
Notre conseil que j’ai orienté dès hier soir vers la salle obscure du magasin numérique où l’on projette cette nouvelle œuvre diabolique en avait déjà les papilles frémissantes d’envie d’en découdre. Il serait coupable de se laisser empoisonner cyniquement sans réagir alors que l’antidote s’avère particulièrement efficace non ?
Tout ça est d’autant plus incompréhensible que le bio identifié par le label AB jouit d’une image fabuleuse. La communication positive sur ce mode de production atteint des sommets inégalés. Nul n’est besoin de dénigrer à outrance tout ce qui ne l’est pas pour augmenter sa part de marché. On pourrait légitimement espérer que la publicité choisie pour attirer vers ces étals bucoliques vante plutôt les valeurs qui motivent ce choix.
C’est en tout cas le parti pris des producteurs qui aujourd’hui convertissent tout ou partie de leur production au bio. Nouveaux outillages, variétés plus tolérantes aux agressions des maladies et ravageurs, innovations des laboratoires pour des produits de protection des plantes d’origine naturelle, tout concourt aujourd’hui pour faire évoluer utilement les modes de production.
Les frontières entre les itinéraires culturaux s’estompent d’ailleurs de plus en plus et si les cahiers des charges permettent encore de bien identifier les productions, il devient bien plus difficile de s’appuyer sur des analyses des fruits et légumes pris sur les étals pour les différencier. De là à noircir le tableau pour se refaire la cerise bio sur la peau des pommes et autres fruits et légumes, il n’y a qu’un pas de côté que le goût du lucre fait franchir un peu vite aux machiavels financiers parisiens du groupe. Au risque de trébucher. Et d’entrainer dans leur chute des paysans qui attendent une autre communication pour leur travail que ces « œuvres » publicitaires de petits génies enfumés des mégapoles artificielles.
Comme nombre de mes collègues j’ai un verger en conversion où poussent à ravir ces variétés rustiques de pomme que sont Opale, Crimson Crisp, Story Innored, Dalinette, Pinova, Pilot, Désirée et Rougèle. Pas question de les confier à la vente à un commerce aux pratiques inéquitables. Ce serait par trop contradictoire.
Allez, je vais de ce pas m’en croquer une pour bien commencer la journée…
PS : je vous mets en pièce jointe le jugement.
Je suis arboriculteur, viticulteur et maire de Reignac. Mais aussi Président de l'Association Nationale Pommes Poires, membre de WAPA (World Apple and Pear Association) et secrétaire général d'Interfel.
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