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Reignac, le 1er janvier 2015,

C’est un jour de l’an comme je les aime. Une forte gelée blanche à l’aube suivie d’un magnifique ciel bleu. Je suis donc allé profiter ce matin de la belle lumière rasante du lever de soleil sur la campagne environnante encore toute endormie.

Passage ensuite au Bellevil’, le tabac presse de la rue Victor Hugo à Barbezieux ouvert tous les jours ou j’ai pu acheter les maigres éditions des quotidiens régionaux pour en toucher encore une fois le papier.

Les lecteurs de CL ont élu les charentais de l’année. Et ils ont fait de bons choix. Bravo à la très médiatique Laura qui, a 23, ans se remet d’un troisième cancer et qui a eu le courage de parler de sa maladie sur une page Facebook. J’ai forcément une empathie toute particulière pour elle. Félicitations aussi à la créative Laurence Arné, au grand sportif Renaud Lavillenie et à l’engagé Fabien Mariez qui aurait pu avoir à ses côtés sur le podium Frank Fradon, cet autre très grand coureur contre la maladie. Et puis je suis heureux d’apprendre que Xavier Bonnefont a été largement préféré à Nicole Bonnefoy, Michel Boutant et quelques autres dans la catégorie politiques. Alors que la tornade médiatique déclenchée par d’improbables images de bancs clôturés le plaçait dans l’œil du cyclone, les participants au sondage ont rappelé qu’à Angoulême et en Charente il est apprécié et soutenu. C’est l’essentiel.

Depuis quelques jours, aux côtés des rétrospectives de l’année qui s’est achevée, les médias ont mis en valeur tous les talents et toutes les réussites dont nous pouvons être fiers en France. Comment imaginer après un tel étalage qu’un pays qui obtient deux prix Nobel, l’un pour l’économie avec Jean Tirole, l’autre pour la littérature avec Patrick Modiano, puisse se livrer à cet autodénigrement qui se répand de partout? La question est essentielle en effet.

François Hollande lors de ses vœux a cherché à circonscrire l’incendie qui se propage depuis des mois en vantant les mérites du pays, et ils sont nombreux. Mais il y a un maillon faible dans son raisonnement. Et c’est de ce maillon dont il doit se préoccuper plutôt que de chercher à se prévaloir de mérites qui ne lui appartiennent pas. Quelle que soit la force de tous les autres maillons, ils ne peuvent suppléer à l’affaiblissement du dispositif essentiel qui est entre ses mains de Président, du gouvernement et des élus au pouvoir.

Diriger les projecteurs vers ce qui réussit dans notre pays sera de peu d’effet sur l’implacable réalité des indicateurs économiques, chômage, déficits publics, dette, commerce extérieur, prélèvements obligatoires, dépense publique. C’est l’organisation du pays qui est en cause, ses lois, ses règles, son administration, sa gestion. Toutes les incantations de François Hollande sur son engagement, sa mobilisation, sa volonté, seront de peu d’effets si la stratégie est inadaptée et si les modifications mises en œuvre sont insuffisantes ou contreproductives. Le verbe, la communication sont utiles pour mobiliser, donner du sens, expliquer, mais ils ne dispensent en aucun cas d’agir.

François Hollande a terriblement dénaturé le discours de la réforme. C’est Pascal Lamy qui rappelait la semaine passée à quel point ce discours était pauvre en France. Une réforme n’a de sens que si elle sert un objectif partagé. Et c’est de la finalité dont il faut d’abord parler aux français. S’ils adhèrent au projet, ils peuvent ensuite apprécier la pertinence des réformes proposées à cette aune. Même douloureuses, ces réformes seront acceptées s’il y a adhésion aux objectifs recherchés et si la corrélation entre les deux est pertinente et comprise.

A mon sens, nous en sommes encore bien loin. En quoi la diminution du nombre de régions et leur changement de nom et de périmètre peut-elle représenter une réforme du millefeuille? En quoi fixer un nouveau seuil de population pour les communautés de communes peut-il constituer une avancée, alors que l’organisation d’ensemble des responsabilités des différentes collectivités n’est toujours pas claire. Le cap n’est pas fixé. Il n’est pas défini. A partir de là toute modification parcellaire ne peut être que du bidouillage qui mènera vers de nouvelles impasses et de nouvelles rustines.

C’est dans ce contexte que nous allons devoir voter pour élire en mars des couples de conseillers départementaux bisexués, mais pas nécessairement hétérosexuels, dont on ne sait rien sur ce qu’ils auront à administrer. Le législateur ne s’est en effet pas encore prononcé. Dans la foulée il faudra voter pour des conseillers régionaux dont on sait maintenant à quelle région ils appartiendront, mais toujours pas précisément quel sera le contenu de leurs nouvelles responsabilités. Ce que l’on sait parfaitement en revanche, c’est que les dotations issues des impôts prélevés par l’Etat seront plus faibles pour ces collectivités. Une optimisation organisationnelle aurait sans doute permis de générer des économies cohérentes avec la baisse des ressources. Ce n’est pas le cas. Le pire est donc à craindre. Les coûts de fonctionnement ne seront pas réduits. L’inefficacité de l’ensemble l’emportera sans coup férir, contribuant ainsi à affaiblir un peu plus le pays.

La hausse des tarifs des services publics qui sont annoncés pour ce début d’année 2015 est symptomatique de l’incapacité de la sphère publique à baisser ses coûts. Ce qui malheureusement va pénaliser un peu plus l’économie exposée à la concurrence. Il en résultera plus de chômage, moins de croissance encore, moins de recettes d’impôts et donc de nouvelles hausses de tarifs pour les services publics privés de dotations d’un Etat exsangue. Le cercle vicieux se poursuivra tant que nous ne seront pas entrés dans un cercle vertueux fondé sur l’amélioration de l’efficience publique et des réglementations adaptées qui stimulent l’entrepreneur qui sommeille en chacun de nous.

Le compte pénibilité qui s’impose depuis aujourd’hui est la quintessence de ce scénario noir. On part d’une belle idée généreuse, apparemment incontestable. Les travailleurs qui s’usent physiquement au travail doivent acquérir le droit de partir plus tôt à la retraite. Et l’on se prend au piège de la définition fine de la ligne de partage entre ce qui donne des points et ce qui n’en donne pas. Il apparait vite que la solution pratique serait de classifier les emplois pour créer de nouveaux régimes spéciaux. Le gouvernement n’en veut pas, ce qui est sage. Alors il cherche à simplifier par d’autres moyens tout en imposant une comptabilisation individuelle des temps d’exposition à la pénibilité. Ce qui l'est moins. Cette dernière se révélant bien plus nuancée qu’on ne l’imagine. Cela devient une quadrature du cercle de plus à résoudre dans les entreprises en 2015. De quoi freiner l’envie d’entreprendre dans notre pays et stimuler un peu plus la délocalisation de tout ce qui peu l’être encore. Le choix du cercle vicieux dépressif est évident. Combien de chômeurs de plus coûtera cette « avancée sociale » ? Combien de travailleurs détachés de plus cela va-t-il faire entrer en France ? Combien de nouveaux conflits en perspective de la part de tous ceux qui se sentiront légitimement floués parce que leur pénibilité bien réelle ne sera pas reconnue par les critères en vigueur ?

La liste serait longue des soi disant réformes sensées nous sortir de l’ornière qui à mon sens ne sont que des tours de passe passe qui ne changent rien au fond du problème. Nous devrons donc redoubler d’énergie pour dire autour de nous qu’un autre monde est possible, pour parler comme les altermondialistes. Un monde cartésien et rationnel où l’on considère vaine l’envie de s’élever dans les airs en se tirant par les cheveux. Les mystificateurs sont prévenus. 

Reignac, le 1er janvier 2015,
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À propos

Je suis arboriculteur, viticulteur et maire de Reignac. Mais aussi Président de l'Association Nationale Pommes Poires, membre de WAPA (World Apple and Pear Association) et secrétaire général d'Interfel.
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