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Grilles de lecture.

C’est un beau cadeau de Noël qui a été mis sous le sapin du maire d’Angoulême et de son conseil municipal. Et bien emballé dans un joli papier journal tout frais sorti des presses de Charente Libre ce 25 décembre. Un terrifiant « SOS détresse amitié » à la une du quotidien qui, lancé à la cantonade, a eu encore bien plus de succès qu'avec cet autre scénario d’anthologie du si bien nommé, « le père Noël est une ordure ». Le ban et l’arrière-ban de la sphère médiatique ne s’y sont pas trompés. Ils ont vu l’éclair aux chocolats électriser la toile endormie. Et ils se sont empressés de relayer tous azimuts la très mauvaise nouvelle. Angoulême, la vile qui sévit en ses images, clôture ses bancs pour interdire le siège des SDF. Pas de trêve de Noël dans la cité des Valois pour les « salauds de pauvres ». Après les « sans dents » du Président PS, voilà les « sans bancs » du maire UMP. François d’Assise reviens, ils sont devenus fous. Enguirlande moi ces sans cœur de droite au petit pied levé. Les culs terreux doivent aussi pouvoir se poser et se reposer sur l’esplanade du champ de Mars. Non mais.

Même Jack Lang depuis son modeste petit 400 mètres carrés parisien de la place des Vosges s’est ému et fendu d’un twitt dépité et solidaire. Tout comme du fond des Landes le sourcilleux Henri Emmanuelli ou l’un temps inutile mais mignon secrétaire d’Etat à l’agroalimentaire Guillaume Garot. Que de belles âmes pour s’indigner en moins de 144 petits caractères de la supposée ignominie de l’édile anti dealers et avouer leurs illusions perdues. Un chant de Mars et ça repart de poubelle dans la galaxie mondaine des astres effervescents.

Je me demande où je vais chercher tout ça mais qu’importe, je poursuis. La municipalité d’Angoulême est confrontée à une difficulté sur le Champ de Mars. Quelques marginaux endurcis y ont élu domicile fixe et squattent à longueur de journée sur les bancs qui bordent la galerie vitrée. Selon de nombreux témoins oculaires d’avant la vidéo surveillance à venir, ils boivent de l’alcool, se cament plus ou moins dans le calme, pissent dru certains jours, chient certains autres, éructent et apostrophent plus ou moins délicatement le bourgeois. Leurs chiens aboient et la caravane des piétons dépités et apeurés passe son chemin.

Ce qu’un aménagement urbain avec son mobilier a permis un autre peut-il le décourager ? That is the question centrale du centre ville. La municipalité sollicitée abondamment par la très large majorité de la population a donc cherché des solutions. Parmi celles-ci, a été retenue la transformation des neuf bancs en petits murets de gabions enserrés dans du grillage. La protection des vitres de la galerie nécessitait le maintien des socles en ciment des bancs. Du métal et de la pierre pour les habiller et coller à l’esthétique de la place sont-ils la meilleure requalification possible? C’est un peu comme la pyramide dans la cour du Louvre, ça se discute. Mais la dite place qui aligne 30 bancs à ce jour en comptera toujours 21 à d’autres emplacements. S’assoir reste donc facile et gratuit pour tous, même sur la Champ de Mars à Angoulême.

Alexandre Chemetoff est l’auteur de l’aménagement de la place du Champ de Mars. Interviewé hier dans Libé pour savoir ce qu’il pense du projet du maire d’Angoulême, il répond : «  J’ai la même réaction que tout le monde qui consiste à penser que c’est scandaleux et inapproprié. Mais quand on est dans la position qui est la mienne, d’avoir conçu un espace public partagé, on est doublement choqué car si l’on place des bancs, c’est pour qu’ils soient utilisés et que l’espace gagne ainsi son qualificatif de public. »

Il dit aussi un peu plus loin tout ceci que je vous recopie in extenso : « On accuse toujours les architectes des dysfonctionnements. C’est parfois vrai mais c’est surtout une manière pour les élus de se défausser car la réponse est profondément politique. Si on est maire, c’est pour administrer la cité, pour le bien de ceux qui y vivent comme de ceux qui y passent. Quand on a conçu un lieu comme celui-là, il est difficile d’imaginer que l’aménagement est responsable des dysfonctionnements de la société. La contre-utilisation de l’espace est une question pour le politique. Pour ma part, je fais en sorte que les bancs soient confortables et solides. Il est terrible qu’avec ses cages et ses galets, le maire fasse une réponse de mauvais architecte. Il me met sur la sellette en laissant penser que c’est le banc qui est à l’origine du problème mais les sans domicile fixe se mettent près des centres commerciaux parce que c’est là qu’il y a du passage et des gens. Cette histoire est vraiment une faillite politique. Quand nous avons gagné ce concours, la discussion portait sur la question de savoir si le lieu le plus sûr était l’espace privé de la galerie commerciale, surveillé par des vigiles, ou l’espace public de la place. Le fait que ce dernier ait été attaqué de cette façon par les autorités municipales dit en creux que le seul espace sûr serait l’espace privé. Et cela, c’est là un véritable aveu d’échec politique ».

L’interview est à lire en entier évidemment. Au travers du renvoi de la responsabilité de « la contre utilisation de l’espace » sur le politique, pour mieux jouir du concours qu’il a gagné en 2003 et préserver son aura d’architecte urbaniste éclairé promoteur du lien social, Chemetoff à mon sens se prend complètement les pieds dans le décor. L’interaction entre urbanisme et société est permanente. Les deux s’imbriquent et se répondent. Il est surprenant de lire que c’est au politique d’adapter la société à l’urbanisme génial pensé par son auteur. Les marginaux sont le problème du politique nous dit-il. S’ils posent problème sur sa belle place conviviale de lui l’architecte, eh bien c’est au politique de s’assurer que la société n’engendre pas de comportement de ce type ou bien d’en éloigner les auteurs par d’autres moyens.

Eh oui mes chers lecteurs ce type est un dangereux imbécile. Et plus d’un angoumoisin est convaincu que les emmerdements d’aujourd’hui avec l’aménagement de cette place lui incombent grandement. C’est justement parce qu’il y a une impulsion des aménagements urbains sur les comportements des citoyens qu’il y a nécessité de réparer ce qui peut l’être quand on s’est fait planter par un orgueilleux sans grand talent comme lui qui n’a pas bien compris la responsabilité qui lui incombe.

Le maire et ses conseillers sont depuis trois jours dans la seringue médiatique. Et l’enfer dans lequel ils ont été jetés est bien artificiel. Evidemment, la maladresse coupable qui a conduit à cette image de bancs enfermés dans des cages d’acier ne pouvait pas ne pas être exploitée médiatiquement. Le symbole était trop fort à la veille de Noël. En revanche la presse et nombre de médias ont une nouvelle fois montré leurs limites pour informer honnêtement le public. C’est une vaccination de plus pour les citoyens, d’Angoulême et de Charente cette fois-ci, contre les informations et les images chocs qui mentent trop facilement, à des fins mercantiles dans le meilleur des cas, ou bien moins avouables le plus souvent. On s’assoit sur la déontologie journalistique encore bien plus facilement que sur les bancs d’Angoulême ces temps-ci.

Xavier Bonnefont, le maire d’Angoulême, ses adjoints comme tout le conseil municipal ont bien tenu le choc médiatique et n’ont pas baissé les bras. Je sais la qualité de leur engagement social, autrement plus crédible que celui de tous ceux qui les ont inondés gratuitement d’injures et de sarcasmes. Cette épreuve renforcera j’en suis convaincu leur volonté de servir avec un bel humanisme la ville et tous ses habitants. Peut-être seront-ils un peu plus sur leur garde la prochaine fois qu’ils verront se profiler des images symboles. Mais comme ils vont continuer d’agir, cela se reproduira forcément. Que cela ne les décourage surtout pas. Même les marginaux et les SDF leur en seront reconnaissants. Parce que ces derniers n’ont vraiment rien à attendre des indignés bien au chaud et de tous ceux qui ne sont que dans le commentaire fielleux et dégouté.  

Joyeux Noël à tous mes très chers lecteurs et vivement que les bancs publics redeviennent ce qu'ils étaient.

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À propos

Je suis arboriculteur, viticulteur et maire de Reignac. Mais aussi Président de l'Association Nationale Pommes Poires, membre de WAPA (World Apple and Pear Association) et secrétaire général d'Interfel.
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P
J'apprécie votre blog , je me permet donc de poser un lien vers le mien .. n'hésitez pas à le visiter. <br /> <br /> Cordialement
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D
J'te prendrai pas comme plombier mon p'tit gars vu que ta tuyauterie m'a l'air un peu percée. Va braser ailleurs s'il te plait.
P
Daniel D.? Le même Daniel.D qui vient d'enterrer ses vieux gravats sous le tapis pour faire (presque) propre? Avant de commenter les actes des soi-disant incompétents (un conseil municipal au complet d'ailleurs), mieux vaut balayer devant sa porte. Ce qui ne serait pas du luxe dans ton cas!
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D
J'en ai d'autres, tu les veux devant ta porte ?<br /> <br /> T'auras l'occasion enfin, de balayer devant la tienne...<br /> <br /> Mon con.
A
Ton article est parfait.<br /> N'oublions pas de soutenir aussi Joël Guitton que des simples d'esprit (ou malhonnêtes, au choix) ont tenté de salir.
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G
Monsieur le Maire a eu le courage de s'attaquer à un problème qui mine le centre commercial depuis son ouverture et monsieur chemetoff est une diva capricieuse qui se croit génial, le vrai génie c'est d'apporter le bien être à tous et non pas à flatter son ego , quand au cœur des pleureuses ils n'ont qu'à en adopter un chacun et les honnêtes gens pourront vivre
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J
Ca me semble pourtant d'une banale simplicité.<br /> Perso, je vais rarement faire des courses à Angoulême, du moins là, mais le spectacle de ces pros. du SDF est plus qu’affligeant et décourage de s'y rendre. Tolérer plus avant leur présence, c'est une fois encore faire le lit du FN, qui se nourrit des ras le bol des gens très ordinaires, ceux qui passent en ne disant rien, mais qui n'en pensent pas moins.<br /> Alors, peu importe si le maire et son équipe s'y sont bien ou mal pris, au moins ils ont eu le courage d'une ébauche de réponse au problème.
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D
Un gros distillateur... Les Chaussades...
A
Nous assistons ici au bal des faux culs. Des citoyens s'indignent avec ardeur lorsqu'une municipalité prend des mesures visant à limiter l'accès à une place occupée par des marginaux perturbateurs et indésirables qui remettent en cause la sécurité et le bien-être des passants et des habitants de la cité. Les « gens bien » qui crient au scandale (artistes et intellectuels décalés des réalités) veulent surtout afficher leurs belles émotions face à la pauvreté grandissante dans les rues des villes. Une manière pour eux de rappeler aux autres méchants du pays des droits de l'homme qu'ils sont toujours animés par de bons sentiments, qu'ils sont solidaires et écœurés de constater ces injustices et que leur morale d'humaniste reste impeccable en opposition aux réponses inhumaines prises (ici maladroites) par des hommes politiques qui visent pourtant à les protéger !<br /> <br /> Rappelons quand même ici que le maire Xavier Bonnefont n'est pas responsable de la pauvreté et de l'insécurité dans notre pays et qu'il ne fait pas non plus partie des artisans de la politique économique déplorable de François Hollande qui chaque jour crée davantage de pauvre et de violence en France. À ce train-là, les sans-abris vont finir par occuper les toits des villes par manque de place ! Sarkozy rêvait d'une France de riches, notre président normal préfère quant à lui, caresser des objectifs moins ambitieux et aspire plus à tirer vers le bas la condition matérielle des Français, vision de gauche plus égalitaire...<br /> <br /> Ces indignés courroucés se comportent comme des écologistes, dont la vertu, s'arrête toujours où commence leur bien être. Mais au fait, que font-ils ces bons samaritains pour ces pauvres gens démunis de tout ? <br /> C'est très simple, lorsqu'ils viennent faire leurs courses à Angoulême, la première chose qui les préoccupe c'est d'aller saluer les SDF, ils leur donnent à chacun d'entre eux un billet de 50 euros, ramassent les crottes de leurs chiens qui puent et les nourrissent avec des croquettes bio. Ah, non, ils ne tournent pas la tête, ne changent pas de trottoir, ne se bouchent pas le nez. Quand ils n'ont pas de monnaie sur eux, bien sûr, ils se font parfois traiter de bourgeois ou de « putain d'enculé de merde », mais tout le monde sait bien que le mode d'expression des sans-abris, des alcooliques et de la racaille s'expriment dans un langage fleuri plutôt attendrissant.<br /> Aux dealers, ils leurs achètent un peu de cannabis ou de cocaïne, car il faut bien les aider ces pauvres gens, en plus pour le réveillon, ils en feront bon usage, il ne faudrait pas gâcher !<br /> Ces l'abbés Pierre et ces mères Teresa ont tous réveillonné à Noël avec les sans-abris au resto du cœur le plus proche, l'ambiance était trop sympa je vous jure j'y étais !<br /> <br /> Sur les réseaux sociaux, les bonnes âmes ne cachent pas leurs désaccords avec ces grillages de la honte en publiant des dessins satiriques sur le sujet. Avec ces prises de position visant à les situer en bons citoyens, ils peuvent alors aborder sereinement le réveillon de la Saint-Sylvestre à l'abri du froid. <br /> Cette indignation mal placée ne sert à rien et ne les rend pas plus généreux. Le maire de la ville d'Angoulême confronté aux problèmes concrets de ses administrés doit lui trouver des solutions aux sollicitations de ses habitants qui s'affranchissent de leurs impôts locaux. Les citadins ont le droit à la sécurité et à la tranquillité, leur demande est parfaitement légitime. Même si je pense que ce ne sont pas les bancs qu'il faut enlever, mais que c'est l'insécurité qui y règne autour qu'il faut supprimer, Xavier Bonnefont fait certainement du mieux qu'il peut pour apaiser les tensions. Ce n'est pas le «judge dredd» armé jusqu'aux dents, il utilise les moyens légaux que la république lui donne et n'a certainement pas de leçon à recevoir de ses détracteurs plus dénonciateurs que véritablement impliqués pour défendre la cause des sans-abris et les miséreux de notre pays.
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A
Cher Alambic City, je ne vous connaît pas, mais votre description de la situation est très pertinente. Félicitations pour votre sens de l'observation.
D
T'es fort dans le jambon en croûte mon bon...<br /> <br /> Il fallait bien ta participation pour clarifier la situation.<br /> <br /> Tu t'emmerdes tant à distiller ?
M
XAVIER BONNEFONT est un homme de terrain.Le &quot;problème&quot; des SDF date de plusieurs années, LAVAUD ne communiquait plus avec L'asso des commerçants du Champ de Mars, donc forcément pas concerné....Le maire a pris une option, pour satisfaire aux commerçants.Les SDF, à Angoulême, sont loin d'être &quot;maltraités&quot; ,bcp de services sociaux, d'asso. C'est de la désinformation de ce journal de GAUCHE, &quot;charente Libre&quot; plus brillant dans sa rubrique &quot;chiens écrasés&quot; .
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D
On se demandait si un jour l'UMP 16 allait se fendre d'un communiqué de soutient au maire (incompétent) d'Angoulême !!!<br /> <br /> Il est un peu tard de venir jouer les pauvres gars qui voulaient bien faire et que c'est les médias qui les ont tout barbouillés... C'est la règle du jeu. Fallait réfléchir avant, ne pas dire que c'est pas ce qui avait été commandé, car comme je l'ai lu sous un fil, &quot;ils avaient commandé des balançoires
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