20 Octobre 2014
De la fermeté pour nos pommes et nos poires. Plus 10 centimes tout de suite.
La récolte est maintenant très avancée dans toutes les régions de production. 2014 sera bien le très bon cru attendu pour les pommes et les poires. Qu’elle soit visuelle ou gustative, la qualité est presque partout au rendez-vous. En revanche, consolidée au plan national, il se confirme que la quantité sera encore un peu plus faible que prévu. En effet, toutes les variétés réaliseront un tonnage inférieur aux prévisions. Avec celle de 2012, cette récolte sera donc bien la deuxième plus petite depuis 1991.
Les prix très faibles pour les marchés du jus et de la compote ont fortement incité les arboriculteurs à soigner la cueillette et à laisser au verger les fruits habituellement destinés à être transformés. Les stocks en chambre froide s’en trouvent évidemment allégés d’autant. C’est une partie de l’explication de l’écart avec les prévisions annoncées début aout lors du Prognosfruit à Istanbul.
Le corollaire de cette petite récolte, c’est l’augmentation très sensible des prix de revient « bord verger ». Jusqu’à 50 centimes pour certaines exploitations. Autant dire que dans ce contexte, chaque arboriculteur est plus que préoccupé par l’évolution des prix à l’expédition depuis le début du mois d’aout. Parce que, sans redressement rapide des cours, les pertes seront abyssales pour nombre d’entre nous.
Sous l’effet combiné de l’annonce d’une forte récolte à l’échelle de l’Europe et de l’Amérique du Nord, de l’embargo russe sur les importations en provenance de l’UE, de la fin tardive de l’écoulement des stocks de la récolte 2013 et d’une consommation atone cet été, le prix des variétés destinées au marché international, tout particulièrement Gala, s’est établi très bas. En revanche, malgré l’ambiance pesante, les cours des variétés réservées au marché national, sans être suffisants, ont mieux résisté à ce jour. Et les variétés à fort investissement marketing abordent cette nouvellecampagne avec d’assez bons atouts encore.
Mais, quel que soit le marché, il est aujourd’hui vital de faire nettement mieux. Tout me porte à croire que nous ne sommes pas à l’optimum de ce que nous pouvons obtenir de nos fruits auprès des acheteurs cette campagne.
Les ventes très dynamiques à l’export et dans l’hexagone depuis le début précoce de cette petite récolte permettent d’être parfaitement confiants sur la vente de tous les fruits récoltés. La situation est à l’opposé de ce que nous avons vécu l’an passé. Cette inquiétude là étant dissipée, nous devons résolument chercher à obtenir maintenant la meilleure valorisation possible pour nos fruits chaque jour sur chaque marché.
Les ventes sur le Moyen Orient et l’Asie ont été particulièrement dynamiques depuis aout. En revanche il semble que comparativement aux autres pays fournisseurs, Italie et USA principalement, les pommes françaises se sont vendues à plus bas prix. La concurrence effrénée entre les nombreux opérateurs français en serait la cause principale.
L’association Le Crunch réunit les exportateurs qui participent activement à développer les ventes des pommes françaises en s’appuyant sur le marketing développé avec succès pour notre signature collective depuis des années. L’augmentation du nombre d’entreprises membres ne doit pas avoir pour effet de dévaloriser la pomme française vis-à-vis de ses compétiteurs. Bien au contraire. Il appartient à chaque station de conditionnement de garder son sang froid et de maîtriser son offre pour coller aux meilleurs prix du marché afin de ne pas se rendre responsable d’un dumping suicidaire pour elle-même et pour toute l’arboriculture française. Cela vaut aussi évidemment bien plus encore pour les ventes effectuées au travers d’exportateurs n’appartenant pas à cette association. Mais cela vaut aussi pour tous les marchés où les pommes françaises pourraient par la faute de nos concurrences internes être vendues moins cher que celles issues d’autres pays fournisseurs.
Sur le marché national, nous travaillons sans relâche depuis des années à promouvoir auprès des consommateurs une préférence positive pour les pommes et les poires issues de nos « Vergers Ecoresponsables ». Les distributeurs adhèrent à notre démarche et privilégient maintenant nettement l’approvisionnement auprès de vergers engagés dans la Charte des Pomiculteurs de France et contrôlés sur le respect scrupuleux du cahier des charges lié.
La signature collective « Vergers Ecoresponsables » garantit une origine contrôlée des fruits. Elle permet de lever les inhibitions des consommateurs quant à la sécurité sanitaire des fruits qu’ils achètent et aux méthodes de production dont ils sont issus.
Nos patients efforts sont aujourd’hui récompensés. Ils permettent de justifier un écart de valorisation avec des fruits d’autres origines à bas prix. Revendiquons fermement cette valeur ajoutée.
En plus de la campagne de communication initialement prévue sur le marché intérieur, le Conseil d’Administration de votre association vient de décider un effort complémentaire de près d’un million d’euros pour conforter l’attractivité des pommes issues de vos « Vergers Ecoresponsables » par des spots à la télévision.
Compte tenu de la crise grave liée à l’embargo russe que nous subissons de plein fouet, nous avons demandé aux pouvoirs publics de nous aider pour financer cette campagne. Aucune réponse ne nous est parvenue à ce jour. L’Europe ayant annoncé un deuxième budget de crise par lequel la France se voyait accorder 3 millions d’euros pour des opérations de retrait, il nous a paru pertinent d’en revendiquer une part pour financer notre effort complémentaire de communication. Mais autant demander la lune. A l’arrivée, une infime partie de l’enveloppe annoncée par l’UE pour la France aura pourtant pu être consommée.
Preuve est faite une nouvelle fois que les contribuables paient très cher une association politico-administrative européenne réduite à agiter sous notre nez une queue du Mickey garnie d’improbables subventions qu’il est devenu de plus en plus périlleux et inutile d’essayer d’attraper.
Nous ne devons compter que sur nous-mêmes pour traverser cette crise. Au-delà de la compétition légitime entre nos entreprises, nos marques, nos variétés, nos terroirs, nous devons être unis et solidaires pour promouvoir et valoriser la pomme française sur les marchés du monde au travers la signature « Le Crunch » et sur le marché français par l’identification « Vergers Ecoresponsables». Chaque centime de valorisation obtenu en retour récompensera notre engagement.
Aucune plainte d’un pomiculteur ne peut plus être entendue aujourd’hui s’il n’a pas encore fait le choix d’être aux côtés de ses confrères à l’ANPP pour défendre le verger de pomme et de poire français et participer activement au travail collectif.
Pour être le plus pertinent possible sur un marché, il faut avant tout autre chose disposer de toutes les informations utiles. L’ANPP améliore sans cesse ses tableaux de bord pour mettre à la disposition de ses membres les outils d’aides à la décision les plus judicieux. Une bonne partie de ces indicateurs nécessitent la communication de vos données propres. Quelques uns encore parmi vous sont encore absents des échanges d’informations que nous avons patiemment construits. Faites l’effort sans délai d’y adhérer. La campagne de commercialisation extrêmement difficile que nous affrontons ne laisse pas le choix de rester à l’écart.
Soyez aux côtés de vos commerciaux au quotidien mes chers collègues pour actualiser votre compte de résultat au fil de l’évolution des cours de la pomme et de la poire. Engagez aussi par contrat auprès de vos bureaux centralisateurs la petite partie de votre stock qui sera écartée du marché du frais. Cette année, seule une faible part du volume contractualisé l’est à prix ferme. Il est plus que probable que la partie complémentaire bénéficiera de cours plus élevés.
Alors mes chers collègues, à ce stade charnière de la campagne, pourquoi ne pas passer une augmentation de « plus dix tout de suite » sur plusieurs références comme nombre d’entre vous me le demandent chaque jour ?
Courage, on ne lâche rien.
Le président du Conseil d’Administration de l'Association Nationale Pommes Poires
Je suis arboriculteur, viticulteur et maire de Reignac. Mais aussi Président de l'Association Nationale Pommes Poires, membre de WAPA (World Apple and Pear Association) et secrétaire général d'Interfel.
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