1 Avril 2013
François Hollande jeudi soir, Georges Chavannes vendredi et Jérôme Mouhot samedi, que faut-il retenir des trois interventions politiques majeures dans les médias de la semaine écoulée ?
Commençons par Cognac, capitale de la seconde circonscription de la Charente, si chère à mon cœur et à la bonne santé économique de la région, dont je ne me lasse jamais des effluves enivrantes et subtiles.
De passage vendredi matin dans la cité des eaux de vie pour déjeuner avec un grand Maître, j’ai bifurqué par le Cougna pour sentir l’ambiance d’après interview et d’avant publication dans la presse du lendemain. Patrick m’a confirmé ce que je savais déjà. Jérôme avait annoncé qu’il ne se présenterait pas aux élections municipales de 2014. Mais ce retrait de la compétition s’accompagnait, semblait-il, d’une certaine libération de sa parole. Les sites de CL et SO s’en faisaient déjà l’écho. J’ai forcément pensé en ce vendredi saint à Roger Hanin, alias Raymond Bettoun quand il dit : « aujourd’hui c’est Yom Kippour, le jour du Grand Pardon, tous les juifs pardonnent à ceux qui leur ont fait du mal. Tous les juifs sauf un, moi. Moi, je pardonne pas ». Suspense…
J’ai lu et relu les articles dans SO et CL samedi. Eh bien, beaucoup de choses positives finalement dans les propos de Jérôme. Il souhaite la victoire de son camp et ne fera rien qui puisse nuire, puisqu’il n’est pas un diviseur. Voilà à mon sens ce qu’il faut retenir de sa prise de parole. En revanche, même s’il dit des choses plutôt sympathiques à l’adresse de Noël Belliot, on sent qu’il cherche, sans diviser bien sûr, à tempérer son enthousiasme. Et il y réussit assez bien. Mais là encore, et c’est positif, on retiendra qu’il cherche à « challenger » Noël en lui indiquant ce qui à son sens est un handicap. Bon, bien sûr, quand le soutien, sans diviser évidemment, s’accompagne de circonvolutions décalées et de sérieux doutes affichés, cela autorise forcément les journalistes à titrer « dru et cru », comme le préconise d’ailleurs si justement Jean Luc Mélenchon. Ce n’est pas forcément du meilleur effet. Mais qui sait, et ce ne serait pas le moindre des paradoxes, le résultat peut se révéler positif à terme…..Sacré Jérôme quand même.
« Quand je me regarde, je me désole, quand je me compare, je me console. » voilà un proverbe Québécois que je conseille à Noël. Je lui souhaite, ainsi qu’à Emilie et tous ceux qui s’engagent avec lui, beaucoup de détermination, de courage, d’écoute, de compréhension, de proximité avec les cognaçais pour l’emporter en 2014.
Georges Chavannes a été un grand dirigeant d’entreprise, un bon ministre de l’artisanat et du commerce, il a redressé Angoulême avec un total dévouement et maintenant il profite d’une retraite bien méritée, joue au bridge et soutient définitivement le centrisme à chaque élection, donc Samuel Cazenave pour les prochaines municipales. Selon lui, ce sera aussi le choix de Paris. Ce n’est pas mon avis, vous le savez, et les mille cartes de militants de l’UMP Charente qui sont aussi du Centre pèseront dans la balance là haut, j’y veillerai.
Mais le message le plus utile que je retiens de son interview, c’est qu’il faut se mettre au travail tout de suite et « bosser comme des fous » pour l’emporter. Et si le « coup de poing sur la table » (CL) de boy Georges peut contribuer à renforcer la détermination de Xavier Bonnefont et de ses équipes, accélérer le rythme, stimuler l’élaboration du bilan critique et du programme, je n’y vois que du bonheur.
Que dire maintenant de la prestation télévisée de François Hollande jeudi soir ? Que je l’ai écoutée dans ma voiture sur France Infos en descendant du train et qu’il m’en a manqué un bon quart d’heure. Mais encore ? Qu’il n’a pas convaincu une large majorité de français dont je fais partie. Mais pour quelle raison principale ?
Pour ce qui me concerne, le plus symbolique et le plus désespérant chez François Hollande c’est son programme pour la croissance et l’emploi. Il crée les contrats d’avenir pour les jeunes les moins formés en aidant fortement les collectivités locales employeuses. Il crée les contrats de génération en versant une prime à l’employeur qui maintient dans l’emploi un senior en même temps qu’il embauche un jeune. Il se félicite d’un accord passé entre syndicats de patrons et d’employeurs pour mieux accompagner les difficultés économiques des entreprises et que l’assemblée doit transcrire dans la loi. Il couronne le tout d’un crédit impôt compétitivité de 20 milliards d’euros, à terme, qui permet aux entreprises de se voir rembourser l’année suivante 4% des salaires inférieurs à 2.5 fois le SMIC en 2013 et 6% en 2014. Ce qui représente la moitié de l’impôt sur les sociétés perçu par le pays qu’il faudra reprendre autrement et sans doute aux mêmes.
Ces mesures prises, ou qui se mettent en place, il rabâche qu’il s’agit d’une politique offensive pour l’emploi et la compétitivité. Il n’y a plus qu’à attendre et les choses devraient s’améliorer sur le front de l’emploi et de la croissance, à condition bien sûr que les entreprises s’emparent des mesures.
Un tout petit bricolage de plus sur la collecte de l’impôt et sa redistribution serait donc de nature à changer le cours des choses. Sans toucher à l’organisation du pays et aux règles du jeu fondamentales qui régissent l’Europe, l’Etat, les collectivités locales, les organismes sociaux et l’activité économique. Il serre juste les boulons un peu partout pour réduire chacune des dépenses et on augmente les impôts jusqu’à l’insupportable. Et bien sûr il attend des jours meilleurs qui nous viendront d’un réveil bénéfique de l’économie mondiale.
Difficile pour le président de la République, après n’avoir dit que ça, d’être crédible quand il veut faire croire ensuite qu’il ne se contente pas d’attendre et qu’il va chercher les leviers de croissance. Même avec les dents ça ne peut pas marcher quand on est aussi démuni que lui sur la compréhension de l’économie. Surtout quand en même temps il serre de toutes ses forces les freins du monde ancien qu’il veut à tout prix préserver.
Ce n’est pas de Monsieur Bricolage et de boîte à outils dont nous avons besoin, c’est d’un leader qui fixe le cap de la transformation du pays qui doit optimiser les innovations technologiques et organisationnelles qui révolutionnent le travail et l’économie. Et puis, pour augmenter l’emploi, il faut d'abord autoriser le travail, au lieu de l’interdire par trop de dissuasion réglementaire et normative.
Bon, je m’énerve inutilement. Ce raisonnement n’est pas encore audible. Pour les plus téméraires parmi vous, mes chers lecteurs, je préconise quand même la lecture politiquement incorrecte de Charles Gave sur Atlantico. Et puis cet autre article qui pointe la puissance des blocages qui ne nous laisseront pas ne pas aller dans le mur....
Jérôme et Georges nous ont dit tous les deux à quel point il était important selon eux de ne pas être à droite pour pouvoir gagner les élections. Si cela signifie qu’il faut s’associer le concours du plus grand nombre pour réussir, qu’il faut de l’empathie, de l’enthousiasme, de la douceur même, de la pédagogie, du respect, de la tolérance, de l’acceptation de la différence, je ne suis pas loin de penser la même chose. Je crois même avoir définitivement fait ce choix. Mais tout cela n’a de sens et de légitimité que si l’objectif de l’engagement est d’améliorer les choses en profondeur en assumant de conduire des réformes qui sont forcément toujours difficiles et impopulaires. S’afficher clairement dans un camp me correspond alors bien mieux. Parce que j’ai souvent remarqué que la tentation du centre accompagne plutôt un effacement des convictions et une ostensible préoccupation de l'image de l'apparent modéré. Qu’en pensez-vous ?
Je suis arboriculteur, viticulteur et maire de Reignac. Mais aussi Président de l'Association Nationale Pommes Poires, membre de WAPA (World Apple and Pear Association) et secrétaire général d'Interfel.
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