12 Mai 2013
Vous connaissez la suite mes chers lecteurs, vous qui démontrez chaque jour la pertinence de la parabole de Jean de La Fontaine. En revanche, le président et son gouvernement sont moins convaincus. Ils enchainent immédiatement plutôt avec Alphonse Allais. Ils considèrent comme lui que « c’est (sans doute) le fonds qui manque le moins, mais ce sont les fonds qui manquent le plus ». A leurs yeux, le travail n’est quand même pas un trésor suffisant pour sortir à lui seul le pays de l’ornière.
Le Journal du Dimanche se fait donc l’écho aujourd’hui de la volonté de François Hollande d’engager un plan d’investissements pour les 10 ans à venir pour tenter de dynamiser la France. Un beau projet comme ça, qui s’inscrit en plus dans la continuité du grand emprunt voulu par Nicolas Sarkozy pour les mêmes raisons, on ne peut pas être contre bien sûr.
Le problème semble t-il, c’est que l’argent manque pour que l’effet de levier attendu soit réel. En raclant les fonds de tiroirs et les niches budgétaires non utilisées, c’est à tout casser une dizaine de milliards qui pourra être annoncée.
Annoncer! Et oui mes chers lecteurs, vous avez tout de suite compris quel est véritablement le principal objectif du projet. L’important, c’est de communiquer sur un chiffre qui fasse les grands titres des médias pour rendre crédible l’action du gouvernement. Et pour cela, même 10 milliards (deux Kerviels), ça peut le faire.
Gouverner semble ne plus devoir consister qu’en une succession d’annonces de milliards distribués ou investis. Il nous faut donc plaindre le président et son gouvernement tant il est devenu difficile de perpétuer l’exercice quand tous les indicateurs têtus se liguent pour les en empêcher.
Revenons donc à la chasse au trésor selon l’affable Jean de La Fontaine. On va voir qu’il est très possible de chuchoter à l’oreiller du président, comme Blaze à Don Sallustre dans « la folie des grandeurs », « C’est l’or….il est l’or…..l’or de se réveiller….Monseignor ». Et tout ça, sans risquer de s’entendre répondre par le funeste Don Hollande : « il en manque une ! »
Le Produit intérieur brut de la France tutoie les 2000 milliards d’euros. La dépense publique (Etat, Collectivités, organismes sociaux…) capte 1140 milliards sur ce PIB. Un peu moins en fait, puisque quelques milliards sont empruntés au dessus de ceux que nous remboursons annuellement et viennent gonfler le déficit. On comprend bien au regard de ces montants que le trésor est ici. C’est ici qu’il faut travailler et se creuser la tête pour trouver des économies. Mais comme nous le rappelle, entre autres observateurs, l’économiste Jean Luc Ginder dans un court article des Echos, « la France en panne de maîtrise des finances publiques », force est de constater qu’il n’y a pas trop d’ardeur au travail dans ce champ là. Les laboureurs s’y font rares.
J’ai modestement contribué à indiquer quelques pistes très rentables dans l’avant dernier article. Inutile donc de redire en boucle ce que chaque élu sait parfaitement tout en s’obstinant à parler de tout autre chose.
Il me semble que cette pathétique dernière tentative de continuer comme avant à donner l’illusion que l’on agit parce que l’on dépense va faire pschitt. Parce qu’il n’y a vraiment plus la possibilité même de faire semblant.
L’amélioration du système dépend aussi et pour beaucoup de la volonté qui s’exprime et qui se met en œuvre sur les territoires. Les libertés locales nous autorisent à montrer tout en bas notre détermination à faire bouger les choses pour rendre plus efficace l’action publique au plus près des citoyens.
Demain après midi, madame la préfète réunit une nouvelle fois la Commission départementale de la Coopération Intercommunale (CDCI) pour tenter d’achever la carte de l’intercommunalité en Charente. La fusion des communautés de communes de Ruffec, Pays de Villefagnan, Trois Vallées et de la commune de Villefagnan, dont le périmètre a été validé le 20 décembre 2012, n’a pas recueilli la majorité requise auprès des conseils municipaux concernés. La représentante de l’Etat sollicite donc à nouveau la CDCI pour recueillir son avis sur la situation. Des amendements seront proposés pour remettre en cause le périmètre antérieurement accepté. S’ils devaient recueillir la majorité nécessaire, le périmètre s’en trouverait modifié. Dans le cas contraire, madame la préfète peut, de par les pouvoirs spéciaux qui lui ont été attribués et ce jusqu’au 1er juin, imposer la fusion prévue par le périmètre validé en 2012.
Les communes concernées seront entendues par la commission. Autant dire que la réunion de demain revêt une importance toute particulière en ce qu’elle fait porter sur chacun de lourdes responsabilités. Quelles sera la volonté de la commission de conforter un périmètre qui lui avait paru pertinent mais que 20 communes (5220 habitants) sur 34 (14839 habitants) viennent de refuser ? Préfète, élus de la CDCI, élus des communes concernées, tous à mon sens doivent se prononcer au regard d’un espace de coopération qui a vocation à durer et à marquer profondément le destin des territoires. Les freins locaux très concrets du moment sont-ils suffisamment pertinents pour pouvoir l’emporter face à un périmètre qui a du sens quand on regarde la carte? Voilà les questions auxquelles nous auront à répondre demain.
Chacun sait mon engagement en faveur de la coopération intercommunale, malgré toutes les embûches et les imperfections réglementaires qui perdurent. La confortation des communes par l’exercice partagé de toutes les compétences qu’elles n’ont pas la possibilité d’assumer seules est une nécessité. L’exercice partagé du pouvoir de décision et d’action nécessite bien sûr un long apprentissage avant de devenir une source de motivation plutôt que de démotivation. Mais les territoires qui ont pris le pari d’affronter ensemble les difficultés et de faire prévaloir un espace de coopération conséquent démontrent chaque jour qu’ils sont bien plus dynamiques que les autres.
Le manifeste du parti des communes aujourd'hui ne peut être que celui-ci : compagnons, camarades, hommes et femmes de bonne volonté, unissez-vous...et travaillez.
Je suis arboriculteur, viticulteur et maire de Reignac. Mais aussi Président de l'Association Nationale Pommes Poires, membre de WAPA (World Apple and Pear Association) et secrétaire général d'Interfel.
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