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Aux futurs marris de l’an II.

Lors de son récent voyage au Maroc, François Hollande a plaisanté devant la communauté française de Casablanca. Après une journée de visites bien arrosées, il a assuré à l’assistance que « gouverner c’est pleuvoir ». De ce point de vue là, il faut objectivement lui reconnaître une étonnante performance. Il a parfaitement réussi depuis son élection à recharger les nappes phréatiques du pays. Et ce n’est bien évidement déjà pas rien. Attention quand même à ce qu’à trop attirer la dépression, il ne finisse par susciter l’aversion à l’averse.

Je suis en revanche beaucoup plus critique sur les autres aspects du bilan de l’an I de moi président. Jeudi dernier, depuis ma voiture, j’ai attentivement écouté la longue déclaration incantatoire liminaire, verbeuse et pompeuse, de sa  conférence de presse. Présenter le sérieux budgétaire comme la première réforme de son quinquennat était quand même osé. Donner aussi le nom de réforme au crédit d’impôt compétitivité (CICE) est tout aussi gonflé à l’eau de rose fanée. Même chose pour les contrats d’avenir et les contrats de génération. Faire passer pour de l’action ce qui n’est que du bidouillage des circuits de collecte et de redistribution de l’impôt m’est devenu insupportable. C’est ce que j’ai dit cette même soirée à France Bleue La Rochelle.

Et puis rien de tel quand tout s’effondre dans le pays que de porter le débat sur la scène européenne et de se faire le chantre d’une nouvelle ambition fédératrice. Aussi abracadabrantesque que cela puisse paraître, le hochet semble pourtant avoir intéressé la sphère médiatique décidemment plus facile à berner qu’il n’y parait. Alors qu’il est bien peu motivé pour refonder notre organisation nationale, François Hollande réussit à faire espérer que grâce à lui, les 27 sauront trouver la voie supra nationale de la croissance et de la baisse du chômage. Qu’y aura-t-il concrètement derrière les mots ? Evidemment rien.

François Hollande ne sera pas le soldat de l’an II, comme l’a titré Libé. Mais plutôt de l’an pire, comme l’a prédit Mélenchon. A coup sûr, c’est le scénario de bric et de broc(a) d’un mauvais film qui nous est annoncé. Les mines tristes des « marris de l’an II » n’auront pas les honneurs de Cannes en 2014.

Je reviens sur ce qui est à mon sens l’annonce la plus scandaleuse de cette conférence de presse. Pour démontrer son engagement pour la jeunesse, François Hollande s’est autorisé à faire miroiter cinq milliards d’euros qui pourraient être mobilisés pour l’emploi des jeunes par l’union européenne. Une fois de plus, l’annonce de sommes mirifiques est le substitut incontournable à l’action réelle. Du plus impur marketing politique qui puisse se pratiquer. Avant que cet argent illusoire ne concerne directement un jeune chômeur en Slovénie, en Grèce, au Portugal ou en France, députés européens, commissaires, gouvernements, administration européenne et nationale, tous ont largement le temps d’inventer le fil à couper le leurre. Mais faudrait-il d’abord qu’ils en ressentent la nécessité. Ou qu’ils y soient enfin contraints. Ce qui ne va peut-être plus tarder.

Quel est donc mes chers lecteurs l’un des aspects de la réalité vécue sur le terrain de l’emploi ici et maintenant? Les employeurs privés concernés vont-ils être sensibles à l’aide de 30% du SMIC qui leur est promise pendant trois ans pour l’emploi d’un jeune non qualifié qu’ils devront contribuer à former? Vont-ils saisir l’opportunité de percevoir 4000 euros pendant 3 ans pour embaucher plus tôt un jeune prometteur et anticiper le départ à la retraite d’un salarié de plus de 57 ans?

S’il est peu probable à mon sens que ces subventions influent sensiblement sur la décision d’un employeur, la diminution de coût sera évidemment appréciée et sollicitée par ceux que la manip administrative ne rebute pas trop et dès lors qu’ils rentreront dans le cadre.

En revanche, pour être attentif à la mise en place du dispositif, je constate une nouvelle fois que c’est la nécessité de donner raison au gouvernement qui prime et qui mobilise les administrations. Quitte à augmenter très sensiblement le prix de revient de l’opération en mettant en surrégime l’usine à gaz des acteurs amont de l’emploi.

Pendant ce temps là, il se passe des choses étonnantes dans les entreprises, chez les artisans et les agriculteurs qui mériteraient d’être humblement analysées.

Je pense à ce très valeureux artisan qui relève le défi de développer son activité et qui a souhaité m’informer de l’embauche de huit travailleurs roumains dans son atelier parce qu’ils logent dans le village et que cela pourrait surprendre. Après avoir galéré en tentant de recruter localement, il affiche maintenant un large sourire. Il peut enfin augmenter sa production.

Je pense aussi à mes collègues arboriculteurs et viticulteurs qui à force de se désespérer des difficultés à embaucher de la main d’œuvre saisonnière localement et d’appeler sans succès Pôle Emploi ont fini par trouver le numéro de téléphone magique. Un coup de fil à Sofia en Bulgarie à une très francophone interlocutrice et presque aussitôt la main d’œuvre attendue est à pied d’œuvre sur l’exploitation. Contrat de travail aux conditions de rémunérations d’ici en main, mais embauchés par l’agence d’intérim bulgare. Parfaitement autonomes, ils louent des gîtes ruraux et covoiturent. Ponctualité, constance, cœur à l’ouvrage, sérieux et de bonne humeur, comme les employeurs qui affichent leur contentement. L’agence pratique une annualisation qui permet aux salariés de gagner au moins 1500 euros nets et d’être quatre mois en vacances en Bulgarie. Pays ou le salaire auquel ils peuvent prétendre est inférieur à 300 euros.

Les champs de melon, les vignes, les vergers et autres sites agricoles s’emplissent de travailleurs roumains, bulgares, polonais, équatoriens, espagnols, portugais ou marocains.

Le prix de revient est un peu supérieur à un recrutement local par l’entreprise elle-même. Mais au regard de l’efficacité de ces travailleurs et de leur motivation, comparativement à l’usure nerveuse que procure le plus souvent le recrutement de candidats moins adaptés, le coût de revient est évidemment meilleur.      

Le stress de l’employeur ne disparait pas pour autant. Il lui faut soutenir les contrôles plus assidus de la gendarmerie et de la Direccte. Mais est-ce plus effrayant que de devoir rompre un contrat de travail en cas de nécessité et s’exposer à un contentieux éprouvant et couteux?

Il serait intéressant de mesurer ce que notre PIB qui est à la ramasse doit à tous ces travailleurs sans qui la production s’effondrerait bien plus encore en France. L’emploi, la croissance économique, dans de nombreux secteurs d’activité sont tout autant affaire d’offre de force de travail et de savoir faire que de potentiel d’emplois.

Je crois bien plus à cette Europe de la libre circulation des biens et des personnes motivées, à l’émulation entre les nations, qu’au fantasme de milliards à distribuer conjointement par les politiques et leurs administrations pour améliorer les situations locales.

La difficile question à laquelle nous allons devoir répondre collectivement est la suivante. Comment faire évoluer l’éducation, la formation et les valeurs de référence pour que chacun puisse affronter lucidement le réel sans se faire désorienter vers l’exclusion et l’assistance qui résultent de la politique des bons sentiments des irresponsables qui nous gouvernent ?

Pour ce qui me concerne, après avoir choisi obstinément jusqu’à aujourd’hui de recruter localement, je mesure chaque jour un peu plus le risque économique qu’il y a à refuser le changement vers plus d’efficacité opéré par presque tous mes compétiteurs. 

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À propos

Je suis arboriculteur, viticulteur et maire de Reignac. Mais aussi Président de l'Association Nationale Pommes Poires, membre de WAPA (World Apple and Pear Association) et secrétaire général d'Interfel.
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V
<br /> MO à Bakou...<br />
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V
<br /> Tu te trouves pas un peu petit, mon con, pour oser ainsi venir me remettre en question ou me culpabiliser ???<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Aller, va chier...<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />  <br />
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M
<br />  <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> IL FAUT SORTIR DES MATHEMATIQUES par Amar Bellal<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Les mathématiques : un bilan désastreux<br /> <br /> <br /> Chaque jours, des milliers d’informations traversent les océans afin d’optimiser les opérations financières des bourses du monde entier. Chaque jour des supercalculateurs traitent des millions<br /> d’opérations : addition, multiplication,division, dérivé, intégration, probabilités…Toutes ces opérations servent les grandes multinationales de la planète pour licencier et détruire<br /> l’environnement. Les mathématiques ont un bilan effroyable : de l’esclavage, car elles ont permis la navigation intercontinentale des navires transportant les africains (repérage dans<br /> l’océan sur la base d’observation d’étoiles), aux grandes guerres mondiales, dont les allemands ont fait un usage massif pour développer leurs armes modernes…on ne compte plus les morts dus aux<br /> mathématiques.<br /> <br /> <br /> Comment éviter cela ?<br /> <br /> <br /> Certains « experts » représentant le lobby des livres de mathématiques, tentent de convaincre les populations que les mathématiques sont contrôlables et peuvent être au service des<br /> besoins sociaux. Or nous savons que les mathématiques sont une science non maitrisable, imprévisible et qu’il est difficile d’ empêcher qu’elle soit utilisée dans le domaine militaire ou pour le<br /> profit financier, au mépris de la vie des êtres humains. Le calcul balistique des trajectoires des missiles V2 allemands en sont un exemple éclatant…face à ces usages mortifères hélas trop<br /> nombreux des mathématiques, il semble urgent de poser avec force l’idée d’une sortie contrôlée et progressive des mathématiques.<br /> <br /> <br /> 20 ans pour sortir des mathématiques : c’est possible<br /> <br /> <br /> Sortir des mathématiques : oui c’est possible. Si tout l’argent dépensé et gaspillé dans les recherches en mathématiques, dans les salaires versés aux professeurs enseignant cette discipline<br /> par exemple, avait été dépensé dans des recherches alternatives en biologie, physique, et en mécanique : peut être qu’aujourd’hui nous n’en serions pas là. Sans ces décisions technocratiques<br /> du « tout mathématiques », nous n’aurions peut être pas besoin aujourd’hui d’utiliser des nombres dans tous ces domaines. La biologie, la physique,la mécanique s’en porteraient d’autant<br /> mieux, et pourraient très largement utiliser des outils alternatifs aux mathématiques pour se développer. Ce serait un nouvel age moderne pour l’humanité loin de l’archaïsme des nombres et de<br /> leur froideur. Prenons l’exemple de la médecine : des médecines tout à fait traditionnelles et efficaces comme l’ acupuncture se passent très largement de l’optimisation mathématique alors<br /> qu’en occident c’est le « tout chimique » des calculs de dosage en médicament, inefficace et dangereux qui domine. Pour l’agriculture : n’oublions pas que pendant des milliers d’années<br /> l’Homme a cultivé ses terres, sans la complexité actuelle des calculs de rendements agricoles et leur prétendue haute technicité. Et pourquoi avoir soudainement besoin de calculer les structures<br /> des bâtiments en béton et acier avec de puissants ordinateurs ? Les grands architectes du moyen age avaient-ils besoin de la RDM (résistance des matériaux) et de leurs outils mathématiques<br /> complexes pour ériger les cathédrales ? Nous pouvons très bien nous passer des mathématiques pour construire nos maisons suivant des règles basiques de l’art qui ont fait leur preuves comme<br /> le font encore aujourd’hui de nombreux artisans en France. Et d’ailleurs doit-on rappeler que ces ordinateurs et ces armées d’ingénieurs n’ont pas pu empêcher les deux tours du World Trade Center<br /> (pourtant parmi les plus modernes du monde) de s’effondrer le 11 septembre 2001 ? On le voit l’arrogance du « tout mathématique » ne sert ici à rien, au contraire il conduit au<br /> gigantisme destructeur.<br /> <br /> <br /> Certes il y a une difficulté : comment empêcher notre cerveau de compter ?<br /> <br /> <br /> C’est l’argument des pro-mathématiques par excellence : ils nous disent en cœur « mais voyons, comment empêcher le cerveau de naturellement compter le nombre de pommes qu’il y a sur une<br /> table par exemple ? ». Cet argument est complètement fallacieux. Regardons plutôt du coté de la nature…certaines espèces d’oiseaux peuvent avoir l’intuition du nombre de proies ou<br /> prédateurs à la simple vue de ceux ci, à condition que le nombre soit inférieur à 5. Nous disposons, chez les êtres humains, à peut près des mêmes capacités: observez 4 grains de riz : vous<br /> n’aurez pas besoin de compter 1 2 3 4 pour savoir qu’il y en a 4. Votre cerveau à la simple vue sait qu’il y en 4. Cela se complique si vous regardez cette fois 6 grains de riz : vous<br /> constaterez que vous serez obligé de les compter pour savoir qu’il y en a bien 6 et pas 7 ou 5. Cela prouve bien que tant que nous restons dans des proportions raisonnables, des chiffres<br /> inférieurs à 5, nous n’avons pas besoin de compter. C’est un appel indirect à la sobriété et à une révolution dans nos modes de consommation : ne jamais dépasser 5 au risque de faire compter<br /> notre cerveau et d’entrer à nouveau dans un cercle vicieux mortifère que sont les mathématiques.<br /> <br /> <br /> Nous travaillons au sein du réseau « sortir des mathématiques » à différents scénarios de sortie progressive de l’ arithmétique en France dans un premier temps (nous l’estimons possible<br /> en France pour l’année 2025) puis en Europe. Plusieurs étapes doivent être envisagées : la sortie de la géométrie pour 2035 puis la sortie de l’analyse en 2050. Ces scénarios ont été<br /> élaborés en dehors de toute pression idéologique productiviste (ne jamais aller plus loin que le nombre 5 c’est possible). Le professeur Stéphane Pomme, qui a quitté le département de<br /> mathématique du CNRS il y a dix ans, constatant l’opacité et la dangerosité de cette discipline, a d’ailleurs décrit les grandes lignes de ce scénario  dans son dernier livre « la face<br /> cachée des mathématiques ».<br /> <br /> <br /> Vous pouvez nous contacter pour en savoir plus à : sortirdesmathematiques@gmail.com<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> P { margin-bottom: 0.21cm; }A:link { }<br />
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L
<br /> <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Il faut quand même reconnaître que ta façon de retourner la situation est un vrai talent chez toi l'artiste ! Tu es un scénario à toi tout seul ! En ce moment, c'est le Festival de<br /> Cannes, tu devrais y aller faire un tour pour te faire remarquer par son président Steven Spielberg qui ne restera pas indifférent à ton charisme d' « Ortie-culteur » écorché vif.<br /> Tu manies la mauvaise foi comme personne et si ton copain Depardieu incarne DSK dans son dernier film, toi, tu pourrais jouer à la perfection Jérome Cahuzac...<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Tu n’es pas au courant ? On traite plus, c'est fini. Les cultures sont en biodynamie aujourd'hui et pour toucher un peu plus de subventions et faire plaisir à Stephane Le Foll, on a planté<br /> des arbres dans les allées de vignes. On balance trois cornes de vaches bourrées de fumier et un petit coup de purin d'ortie et les arbres s'occupent du reste ! Je ne sais pas s’il y aura de<br /> la récolte, mais c'est tellement plus écologique ! Alors comme on a du temps, le soir on fait un feu de camps dans la chinte de vigne (pour canaliser les bonnes énergies) et on joue de la<br /> guitare jusqu'au petit matin.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Passe nous voir un soir, tu nous accompagneras, on t'a gardé un pipeau !<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> P { margin-bottom: 0.21cm; }<br />
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L
<br /> La technique c'est beau...<br /> <br /> <br /> http://www.youtube.com/watch?v=KaOC9danxNo<br />
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