15 Août 2011
La SEC (Security Exchange Commission) enquête en ce moment, parait-il, pour vérifier s’il n’y a pas eu de délits d’initiés lors de la rétrogradation de la note « AAA » des Etats-Unis d’Amérique par l’agence Standard and Poor’s. On imagine en effet assez bien ce que doit être la tentation de celui qui sait, sans l’ombre d’un doute, que la déflagration de l’annonce de la perte pour les USA de la notation emblématique va faire « dévisser grave » les cours des bourses de la planète. De là à en déduire que ce sont les « Poors » de l’agence qui ont voulu se faire de l’argent de poche, il y a plus qu’une spéculation intellectuelle hasardeuse à laquelle je ne me livrerai pas.
En revanche, j’ai le sentiment que l’affaiblissement de la notation de solvabilité de la première économie mondiale met enfin un coup d’arrêt à la fuite en avant politique dans laquelle se sont inscrites nombre de nos démocraties. Le choix de la facilité à court terme des déficits publics et du gonflement de la dette doit faire place à l’exigence vertueuse des conditions de la réussite durable. C'est à dire qu'il faut limiter les prélèvements obligatoires pour accroître la responsabilité individuelle, équilibrer les comptes publics et améliorer en permanence l’efficience de l’Etat et des collectivités territoriales.
La crainte de voir notre notation baisser dans le sillage des USA, accentuée par l’annonce d’une croissance zéro au deuxième trimestre, oblige à faire des choix. A quelques mois de l’échéance présidentielle, on ne pouvait pas rêver mieux comme épreuve à surmonter pour le pays et sa classe politique. Et ce n’est pas gagné si l’on veut bien considérer la force de l’engrenage dans lequel nous nous sommes inscrits. Il suffit d’être à l’écoute de l’opinion publique, de nombre de politiques et des médias pour évaluer notre propension majoritaire à nier l’évidence des solutions à mettre en œuvre et préférer une nouvelle fois chercher comment nous pourrions enfin nous élever dans les airs en nous tirant par les cheveux.
Parce qu’à votre avis, quelle est la solution à tous nos maux que proposent ceux qui aspirent à diriger le pays, du centre à l’extrême gauche et dans une moindre mesure, fort heureusement, à droite ? Pour combler les déficits et réduire la dette, ils ont cette idée géniale selon laquelle il suffit d’augmenter vos impôts ou plus crument de vous faire les poches.
En fait je m’exprime mal. Le vocabulaire consacré n’est pas celui-ci. Il s’agit de supprimer des niches fiscales qui constituent autant de cadeaux indus faits par un Etat trop généreux à quelques privilégiés. Des libéralités qui coûtent à l’Etat. La plus grosse d’entre elle étant ce taux réduit de TVA qui s’applique maintenant dans la restauration. Quand vous vous asseyez à la table d’un restaurant vous bénéficiez, sachez-le, d’une niche fiscale au détriment de l’Etat. Sa fringale est de fait moins satisfaite que la vôtre depuis le changement de taux. Mais là encore je présente mal les choses. Ce sont bien sûr les restaurateurs qui profitent de cette faveur extravagante dont ils gardent manifestement le bénéfice principal. Comment imaginer d’ailleurs que la concurrence sauvage entre eux puisse les avoir conduit à intégrer cette baisse du coût de revient dans leurs menus?
C’est comme cet inimaginable bouclier fiscal qui avait l’affront de limiter à 50% la part de l’Etat dans les revenus des français. Ce cadeau fait aux riches qui coûte à l’Etat. Un Etat dont le mérite qu’il est de bon ton de lui reconnaitre pour justifier qu’il prenne une part plus conséquente du revenu de ceux qui ont réussi à s’enrichir malgré lui est pourtant indéniable, convenons en.
Le vrai tour de force, c’est aussi de réussir à transférer sur les bénéficiaires la responsabilité de ces allégements d’impôts. Ces mêmes réductions d’impôts qui ont été instituées par la classe politique pour orienter les comportements ou s’attirer les faveurs d’un électorat deviennent quasiment des recettes clandestines pour les bénéficiaires qu’il faut dénoncer sans relâche.
La situation assez calamiteuse de nos finances publiques dont témoignent nos déficits et notre endettement permet au moins de repérer très vite quels sont les hommes et les femmes politiques avec lesquels le pays peut tenter de s’en sortir et ceux avec lesquels on va consolider notre appartenance au Club Med, comme on dit à Francfort, avec la Grèce, l'Espagne, le Portugal et l'Italie.
Donc, il y a d’un côté tous ceux qui mobilisent leur créativité pour faire rentrer de l’argent par l’impôt et ils sont nombreux. Et de l’autre on trouve quelques rares élus, dont le Président de la République, qui se préoccupent de savoir comment avoir de la croissance en allégeant progressivement la dépense publique et en contenant l’imposition sur la consommation, les revenus et le patrimoine à des taux suffisamment bas pour ne pas inhiber les français qui font le produit national brut du pays.
Pour cela il faut continuer la réorganisation de l’Etat et des collectivités territoriales afin qu’ils améliorent le coût de revient et la qualité des services qu’ils rendent. Et surtout pour qu’ils n’alourdissent pas inutilement les coûts de production nationaux des biens et des services. Cela pour améliorer notre compétitivité comparativement à celle des pays avec qui nous échangeons librement.
Parce que le meilleur moyen de redonner confiance aux bailleurs de fonds dont on a besoin pour financer notre dette publique aux taux les plus bas possibles, c’est peut-être aussi de réduire la dépense publique de tous ces reversements qui ont pris le nom trompeur d’aide publique.
Le rôle principal de cette collecte de moyens à redistribuer est de servir l’intérêt de ceux qui disposent de cette manne pour créer de la dépendance à leur égard. Le Général de Gaulle cité par Georges Pompidou et parlant des politiciens aurait imagé cette réalité en disant : « à les en croire, c’est grâce à eux que les machines tournent, que le blé pousse, que le soleil brille et que la pluie tombe ».
Pour un euro qu’on ne reverse plus ,c’est peut-être le double que l’on peut se dispenser de prélever tant l’usine à gaz réduit comme peau de chagrin le disponible destiné à l’objectif désigné. L’exercice du pouvoir par ce jeu de la collecte et de la redistribution de l’argent du contribuable et du consommateur existe à tous les étages, de la commune jusqu’à l’Europe en passant par l’Etat, les Régions, les Départements. Cette tuyauterie couteuse et absurde renchérit dans des proportions difficiles à évaluer le coût de ce que nous produisons et que nous consommons. S’orienter dans cette voie permettrait de baisser la dépense publique, réduire les prélèvements obligatoires, diminuer l’effectif de la fonction publique et surtout mettre au boulot les élus sur les chantiers où ils sont attendus. C'est-à-dire l’efficience de l’Etat et des collectivités territoriales dans leurs missions, la pertinence des lois, des règlements et des normes.
Cette décroissance des prélèvements obligatoires et de la dépense publique participerait du développement de la responsabilité individuelle sur laquelle on peut fonder les plus beaux espoirs. On commencerait enfin à sortir de cette mystification de l’Etat, dénoncée si intelligemment par Fréderic Bastiat au début du 19èmesiècle, par laquelle tout le monde croit pouvoir vivre de tout le monde.
Je ne sais pas si nous serons capables de nous engager dans cette voie, si les hommes politiques qui pourront œuvrer dans cette direction existent et s’ils sauront inspirer confiance aux électeurs, ce que je sais c’est qu’il nous est interdit de poursuivre sur la voie des déficits financés par des créanciers qui perdent confiance et qui veulent augmenter la prime de risque qui leur est versée sous la forme d’intérêts plus élevés. Quand à l’augmentation des impôts et des prélèvements obligatoires murement réfléchie par nombre de nos politiques, elle a maintenant pour corollaire immédiat l’absence de croissance, voire la récession et n’est plus vraiment une option.
Le plus probable malheureusement c’est que nous fassions le choix d’augmenter les impôts sans le dire vraiment, en rabotant ce qu’il est convenu d’appeler les niches fiscales, en grappillant aussi un peu de TVA et que l’on comprime tous les budgets sans rien changer au rôle qu’on leur donne. Le talent du politique s’exercera dans le bricolage des robinets de la collecte et de la redistribution des prélèvements. Les élus expliqueront au peuple qu’ils en attendent des miracles de par le changement des comportements qui seront initiés. C’est la voie sans issue qui asphyxie un peu plus le système, tue la croissance, aggrave les déficits et augmente la dette publique et au final met dans la rue tous ceux qui refusent le « diktat des marchés » selon la formule consacrée. Cà doit être ce que l’on appelle la politique du chat crevé au fil de l’eau.
A moins que notre pays qui a eu comme élu de la république un Frédéric Bastiat et donné naissance à bien d’autres auteurs libéraux de la meilleure veine réapprenne les vertus pour la société des hommes de l’exercice responsable de la liberté et les dangers du mythe socialiste.
Pour illustrer plus clairement mon point de vue, je vous ai fait une petite sélection de mes lectures du week-end.
Un article du JDD qui décrit la problématique de nos deux ministres qui se sont retrouvés dans la Creuse pour plancher sur les économies à faire pour tenir l’objectif de déficit public à la suite de l’annonce d’une croissance zéro au deuxième trimestre.
Sur Slate.fr l’incidence pour les entreprises de la chute de la valeur des actions. Bien que ce ne soit que la baisse des valeurs sur le marché de l’occasion auquel on assiste, l’auteur détaille les répercussions des baisses boursières sur l’économie réelle.
Sur Slate encore, un article de la presse allemande qui exprime différemment de ce que nous pouvons lire dans la presse française la situation de la France.
Je vous ai aussi recopié une tribune assez exceptionnelle de limpidité parue dans l’édition du Monde du 12 aout par Charles Wyplosz qui est professeur d'économie internationale au Graduate Institute de Genève. Elle s’intitule : « La France peut-elle encore échapper à un scénario grec ? »
Pour les plus curieux d’entre vous qui aiment mettre dans une perspective historique nos soucis du moment je vous conseille vivement la lecture d’un autre article paru dans le Monde sous la plume de Gérard Béaur, directeur de recherches au CNRS et à l'Ecole des hautes études en sciences sociales. Il s’intitule : « le long passé de la dette publique ».
Et j’y tiens absolument, pour vous faire une idée du travail étonnant de Frédéric Bastiat dont l’œuvre occupe mes rares temps libres de l’été, je vous propose un lien vers un texte des «Harmonies économiques » qui s’intitule « Les deux devises ». Si le cœur vous en dit vous trouverez sur ce site suffisamment de textes de ce génie français méconnu pour vérifier votre vraie sensibilité ou votre aversion aux idées libérales.
Une panne malencontreuse de mon vieil ordinateur portable que j’ai du me résoudre à remplacer, mais aussi le manque de temps, m’ont fait zapper de vous faire le compte rendu de ma découverte express de la Slovénie début aout lorsque j’ai participé au grand rendez-vous annuel des producteurs de pommes européens appelé Prognosfruit. Je vais faire le voyage en fin de semaine pour Chicago et participer à L’Outlook Conference 2001 en compagnie de mon nouveau portable. Je vais en profiter pour vous dire l’essentiel de l’actualité du monde de la pomme issu de ces deux congrès et des nombreux échanges qui justifient ces rencontres.
Et puis pour terminer sur une note différente, le clin d’œil du titre de la célèbre composition du pianiste et arrangeur Billy Strayhorn écrite pour Duke Ellington « Take the "A" Train » est lié à ma découverte d’une nouvelle grande dame du jazz qui n’a que 17 ans. Elle s’appelle Nikki Yanofski. Je vous mets un lien vers une vidéo ou elle chante justement ce thème mythique du jazz.
Le « A Train » était le métro qui reliait le centre de New York à Harlem. Billy Strayhorn, raconte, dans une interview l’histoire de ce titre : « Quand j’arrivai à New York, on construisait une nouvelle ligne de métro. J’habitais sur le passage de cette ligne mais il y avait une autre ligne, la D, qui, elle, bifurquait juste avant d’arriver chez moi, pour aller dans le Bronx. Les gens se trompaient souvent de ligne, ils prenaient la D et, pour éviter toute confusion quand ils venaient chez moi, je leur disais " take the A train. » (source Wikipédia of course).
Je rappelle aussi une évidence. Vous pouvez commenter librement et abondamment pour dire quelle est votre vision de la résolution de nos problèmes d’argent ou tout autre chose.
Je suis arboriculteur, viticulteur et maire de Reignac. Mais aussi Président de l'Association Nationale Pommes Poires, membre de WAPA (World Apple and Pear Association) et secrétaire général d'Interfel.
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