2 Février 2014
Comme vous l’avez sans doute remarqué mes chers lecteurs, dans la rubrique « liens » de votre blog préféré se trouve référencé celui du député de la 9ème circonscription des français établis hors de France et un temps charentais, Pouria Amirshahi. Il est si rare en Charente qu’un élu fasse l’effort de faire part à ses électeurs de ses idées que je me devais de saluer ce politique courageux issu du camp d’en face. Je m’aperçois à l’occasion que pour être équitable, je dois d’urgence en ajouter deux ou trois de plus qui partagent ce même mérite.
Pouria représente l’aile gauche du PS et c’est un député très actif. Il est assez souvent cité ou interviewé dans les médias. C’est ainsi que le JDD d’aujourd’hui publie son appel aux socialistes pour qu’ils reprennent « le chemin du 6 mai ».
Les communicants de l’Elysée ont beau se répandre partout auprès des médias pour rabâcher qu’il n’y a pas de tournant politique mais plutôt un approfondissement, c’est du camp même des supporters de François Hollande que viennent les démentis les plus formels. Et il apparait assez nettement que le passage aux actes n’est pas pour demain tant les soutiens à cette politique d’inspiration libérale risquent de manquer à gauche.
L’appel de Pouria en ce sens est collector. Il est un condensé de l’idéologie la plus obtuse qui se paye cash en pauvres et en exclus. Ne rien comprendre à ce point à l’économie et aux hommes est une catastrophe permanente pour notre pays. A moins que ce ne soit sciemment un choix de propagande machiavélique. Une exploitation des fausses évidences pour séduire les électeurs crédules au profit d’une secte d’apparatchiks qui cultive là son fonds de commerce.
Je ne vais pas revenir sur la corrélation simpliste du pacte de responsabilité selon laquelle il serait possible de lier mécaniquement une baisse de charges avec des créations d’emplois. Ça a commencé avec une boite à outils, (CICE, contrats d’avenir et contrats de génération) sensée à elle seule casser la progression du chômage, voire le diminuer. Cette politique géniale édictée, il suffisait d’attendre tranquillement et de répéter sans cesse comme une incantation son obsession du chômage et de l'emploi. On a vu ce que cela a donné. Ça repart pareil.
A la suite des déclarations du Président de la République sur la politique de l’offre on pouvait pourtant commencer à imaginer qu’un certain effort intellectuel allait être fait pour penser la complexité des interactions et engager courageusement le pays sur la voie de l’amélioration de l’efficience de son organisation. Et bien non, on retombe dans le dérisoire et la vision simpliste du monde. A croire que la promotion Voltaire au pouvoir aujourd’hui n’a produit que des Candides un peu neuneus.
Pouria considère que François Hollande fait fausse route. Qu’il faut revenir très vite au discours du Bourget. Que les baisses de charges ne mènent qu’à enrichir les patrons et à les décharger de l’effort de redressement collectif. J’en passe et des meilleures.
C’est d’investissement dont nous avons besoin nous dit-il, « d’une ambition culturelle, de l’écologie, d’un rapport apaisé à l’étranger ». Un beau programme comme ça, on ne peut pas être contre mes chers lecteurs, pas vrai ?
En revanche le dépité nous dit aussi: « Est-ce donc bien raisonnable de poursuivre une politique d’assistanat généralisé d’un des patronats les plus cupides d’Europe? » Voilà donc le mal français vu par Pouria. L’ennemi du peuple, c’est le patronat. Lui prendre moins d’argent c’est aggraver son vice. Nous sommes parvenus à ce point de renversement des rôles que pour Pouria et ses homologues à gauche, le patron, mais aussi le citoyen, doit rendre des comptes à l’Etat sur l’utilisation qu’il fait de l’argent qu’on ne lui prend pas. Prélever moins d’impôts n’a de sens que si le contribuable peut se justifier sur la bonne dépense qu’il fera avec cet argent que généreusement l’Etat lui laisse à disposition.
Je ne sais pas si l’on perçoit bien la perversion de cette idéologie. L’élu de gauche est forcément au service du bien public, du pauvre et du travailleur. L’Etat est sous son autorité est bienfaiteur. Prélever toujours plus pour cette noble cause est forcément louable. Prélever moins c’est alimenter le vice et la cupidité des patrons et des riches.
Il me semble que le peuple justement n’est pas dupe. Il se rend compte plus que ne l’imagine Pouria à quel point on l’enfume à gauche pour mieux vivre sur son dos. Pendant que certains ont le cul dans le beurre en masquant autant que faire se peut la chose sous des postures généreuses, voire révolutionnaires, d’autres suent le burnous jusqu’à l’épuisement.
Ils ont vu les prélèvements revenir sur leurs heures supplémentaires redevenues imposables par la même occasion. Ils ont appris le 31 décembre que la part d’assurance complémentaire payée par l’employeur était dorénavant à inclure dans leur revenu imposable. Ils ont peut-être écouté le ministre de l’économie ce soir au Grand Jury évoquer la perspective à l’étude du rajout au revenu imposable de la CSG payée par le salarié. Et tout ça parce qu’il faut bien équilibrer les comptes et payer les conséquences des 35 heures dans la fonction publique que l’on doit à Martine Aubry, tout comme l’incapacité politique qui se prolonge à rendre enfin performante notre organisation collective et ses millefeuilles de tous ordres.
C’est une forme de cupidité bien plus grave encore que celle de ruiner la France et les français par une mauvaise politique. En ce sens Pouria, tu es bien plus dangereux pour les travailleurs que le plus cupide des patrons.
Je vous mets un lien vers un autre article du JDD que l’on doit au président du Conseil Général du Loir et Cher, l’UDI Maurice Leroy. Il s’intitule « osons la fusion des départements et des régions ». Vous mes chers lecteurs qui suivez mes prises de positions sur ce thème, vous comprendrez le plaisir que j’ai eu à le lire.
Je vous mets également un lien vers un éditorial de Libération que l’on doit à son rédacteur en chef et qui est au moins aussi stupide que l’appel de Pouria. Sont nombreux en fait à se la jouer redresseurs de torts de patrons. La grosse ficelle ne suffira pas à remonter le lectorat du journal qui prenait la place en son temps de l’Idiot International. Y a plus que la première page et le titre qui soient de temps en temps décoiffants à Libé.
Je suis arboriculteur, viticulteur et maire de Reignac. Mais aussi Président de l'Association Nationale Pommes Poires, membre de WAPA (World Apple and Pear Association) et secrétaire général d'Interfel.
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