27 Mars 2014
Les faits sont vraiment têtus. Le chômage augmente encore nettement en février. L’annonce a été faite hier, entre les deux tours des élections municipales. Elle souligne une nouvelle fois cruellement l’inefficacité de la politique économique de François Hollande et de son gouvernement sur le front de l'emploi. Ce rappel à la réalité est pleinement mérité. Il aurait vraiment fallu un miracle pour que la fameuse boîte à outils, composée de quelques contrats d’avenir, d’un peu moins de contrats de génération et de CICE, fasse diminuer à elle seule le chômage. Il ne s’est pas produit. Ils sont, c’est vrai, plutôt rares ces temps ci les miracles. Enfin suffisamment pour que l’on ne s’en remette pas qu’à des prières et à des incantations pour redresser le pays.
Cette très mauvaise nouvelle tombe bien sûr à pic pour doucher encore un peu plus les espoirs placés à gauche chez François Hollande pour diriger la France. Elle invite d’urgence à l’alternance dans les communes les plus politisées à gauche. Le premier tour des élections municipales en Charente a nettement amorcé cette tendance. Je souhaite vivement que les annonces locales et nationales d’entre les deux tours mobilisent les électeurs pour qu’ils choisissent résolument les nouvelles équipes qui leur sont proposées.
Mais au-delà, le message des chiffres du chômage vaut pour nous tous. Les problèmes du pays ne se résoudront pas sans d’importantes réformes structurelles. Bien gérer la commune et la communauté de communes ne suffira pas. Les maires, les conseillers municipaux et les délégués communautaires vont être appelés à bien plus. Ils devront œuvrer courageusement à la réforme de l’organisation territoriale et des pouvoirs locaux. Il faut simplifier les circuits de décision et de financements pour en améliorer l’efficacité. C’est une des conditions, et pas la moindre, de l’amélioration de la compétitivité de la France, du retour de la croissance et de l’amélioration de la situation de l’emploi. C’est aussi la condition du maintien à tous les échelons, commune y compris, des ressources nécessaires au financement des équipements collectifs et des services à la population.
Il n’y a pas si longtemps, j’ai assisté effaré à une démarche parfaitement inverse. Souvenez-vous, lors de son mandat, Nicolas Sarkozy avait ouvert ce chantier indispensable de la réforme de l’organisation territoriale du pays. Après un énième excellent rapport, une réforme plutôt modeste avait été initiée. Il s’agissait d’unir politiquement les départements et les régions en remplaçant les conseillers généraux et les conseillers régionaux par des conseillers territoriaux siégeant à la fois au Département et à la Région. La Région devenant de fait une coopération interdépartementale à l’image de la coopération intercommunale. La fusion politique devait permettre la fusion administrative dans un avenir proche.
Un tir de barrage conservateur et corporatiste a aussitôt résonné dans les campagnes. La Charente socialiste n’a pas été en reste pour nourrir la contre réforme. Et bien entendu sans faire aucune proposition alternative. L’arrivée au pouvoir de François Hollande a mis un terme au projet. Une bidouille calamiteuse a tenu lieu de réformette de remplacement. Le nombre des cantons ont été divisés par presque deux par les ciseaux avisés du parti socialiste. Le nombre des conseillers départementaux, anciennement généraux, s’en trouve finalement un peu supérieur. En effet chaque canton sera représenté maintenant par deux élus. Un homme et une femme, élus en couple, mais libres dès le lendemain de l’élection de mener leur vie d’élu en toute indépendance. Chacun des deux devra donc suivre tous les dossiers puisque le coup d’après il pourra se choisir librement un nouveau partenaire. Le problème c’est que ça a coûté de l'énergie et du temps alors que ce n’est pas durable et que la vraie réforme nécessaire reste à faire.
C’est le président lui-même qui le dit. Cette décision idiote juste prise, il a en effet indiqué que l’organisation territoriale ne peut pas rester en l’état. Qu'il faut mettre un terme à trop d'enchevâtrements de compétences.
Beaucoup d'un temps précieux a été gaspillé en plus des deniers publics et la grande réforme reste encore à concevoir. Un scénario qui ressemble fort à celui des retraites.
Chacun s’est alors cru autorisé à rêver de belles réformes ambitieuses qui ne traitent évidemment pas le moins du monde le problème. Des fusions de régions par ci et des fusions de départements par là. Mais rien de structurellement différent dans l'arhitecture du millefeuille. La vraie réforme est toujours remise aux calendes grecques.
Les chiffres du chômage sont mauvais et ils nous rappellent à la réalité. L’esquive permanente si appréciée en politique n’est plus possible. Les chiffres de la croissance, des déficits publics, de la balance du commerce extérieur et de l’endettement ne nous laisseront aucun répit.
Le courage de la réforme devra se manifester depuis la commune jusque tout en haut de l’Etat. Dans ce contexte, les élus qui ont lutté contre les réformes nécessaires et qui se sont associés à la politique des emplâtres sur les jambes de bois sont à mon sens disqualifiés pour redresser le pays.
C’est aussi l’enjeu de ces importantes élections municipales.
Je suis arboriculteur, viticulteur et maire de Reignac. Mais aussi Président de l'Association Nationale Pommes Poires, membre de WAPA (World Apple and Pear Association) et secrétaire général d'Interfel.
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