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La peau de l'emploi.

C’était hier et c’était l’actu du jour. La vigie Vinosse ne s’y est pas trompée. Elle vous a mis un lien mes chers lecteurs et lectrices dans deux brefs commentaires vers un article paru ce jour dans Sud Ouest Dimanche. Annoncé en première page par une cinglante « alerte aux filières d’emploi sous-payé », il s’intitule « ces filières qui vendent des salariés low-cost ». On le doit à la rédaction parisienne dudit canard gras de notre terroir (avec suppléments le week-end) et il est signé de la plume non moins épaisse de Dominique De Laage.  Je vous laisse le déguster. Il a tout pour plaire. Une histoire de bons et de méchants comme on les aime avec des honnêtes parlementaires au boulot, bien payés mais sous exploités, pour trier le bon grain de l’ivraie.

Qu’est-ce qu’il nous dit cet article ? Que les règles du détachement de main d’œuvre d’un pays de l’Union européenne vers un autre ne sont pas toujours respectées. Ce n’est pas vraiment une surprise non ? Certains contribuables, comme Cahuzac, trichent. Des automobilistes enfreignent le code de la route. Des individus peu scrupuleux volent au lieu de travailler. Les exemples de règles transgressées ne manquent pas. C’est pour ça, je pense, que l’on a inventé les gendarmes et les juges.

Comment ça marche cette affaire de détachement sans parachute doré? Un salarié d’un pays de l’Union Européenne détaché en France par une agence d’intérim bénéficie des règles françaises en matière de salaire, de conditions et de temps de travail. En revanche sa protection sociale et ses autres droits sociaux relèvent toujours de son pays d’origine. Il ne s’ouvre pas de droits nouveaux sur le territoire français.

Le recours à ces salariés est en progression constante. Y compris, et surtout, en agriculture comme je l’ai dit moi-même dans mon avant dernier article. Celui du journal commence d’ailleurs par ceci : « Des salariés low-cost équatoriens, faussement domiciliés en Espagne, qui sont fournis massivement au secteur agricole dans le Gard via une société d’intérim espagnole. Payés 7.50 euros de l’heure par leur employeur, ils sont facturés 16 euros à l’exploitant français, tout heureux de disposer d’une telle main d’œuvre taillable et corvéable à merci ».

Le coût de revient d’une heure de travail d’un salarié saisonnier embauché directement par l’exploitant est de 12.50 euros, voire 13 euros. Donc à 16 euros, l’exploitant accepte de payer un prix plus élevé que s’il embauche par lui-même localement. Ces salariés équatoriens ne sont donc par « low-cost » pour l’employeur. A ce prix là, ils ne font pas non plus de concurrence déloyale aux demandeurs d’emploi locaux. Quel sens faut-il alors donner au commentaire du petit juge de la rédaction parisienne de SO ainsi exprimée : « l’exploitant français tout heureux de disposer d’une telle main d’œuvre taillable et corvéable à merci » ?

Comme souvent mes chers lecteurs, on en apprend bien plus sur les croyances étriquées du journaliste que sur le thème traité. Le sujet est pourtant essentiel et mériterait une écoute du terrain plus humble et plus perspicace pour comprendre ce que vivent employeurs et salariés détachés. Il se trouve que je connais nombre de ces employeurs du Gard et que ce commentaire qui les méprise me révolte.

DDL nous dit encore ceci : « En résumé, le malheur des uns, les travailleurs des pays pauvres, fait celui des autres, les chômeurs des pays riches. Et à contrario, le bonheur et le profit d’employeurs peu scrupuleux ».

La question à laquelle j’ai de plus en plus de peine à trouver une réponse est celle-ci. Comment se fait-il qu’avec toutes les contraintes réglementaires, les écueils juridiques, les risques économiques, le risque pénal, la suspicion permanente dont ils font l’objet, en plus de leur image détestable, il n’y ait pas plus d’employeurs en grève ou au chômage ?

Tu le sais Vinosse ?

L’autre article qu’il fallait lire ce week-end se trouve dans le Monde daté d’hier et d’aujourd’hui. « En France, 900000 jeunes en déshérence ». Un long article pour décrire ces jeunes qui ont presque définitivement renoncé à toute perspective de travail. Ne devrait-on pas s’inquiéter bien plus pour eux que pour ces supposés nouveaux esclaves qui viennent travailler en France pour que la production de melons, de pêches, de pommes et de poires ne disparaisse pas plus vite encore? Les « bons » politiques qui ont sur réglementé le travail et les protections de tous ordres en fermant la porte à tous les individus qui n’atteignent pas la norme, le standard, m’effraient beaucoup plus que la plupart de ces employeurs qui se battent pour continuer de produire en France. Je suis plus inquiet pour ces jeunes dont parle le Monde que pour les équatoriens au travail dans le Gard.

De la suppression progressive du statut de l’auto entrepreneur au durcissement du cadre réglementaire du travail, complété d’une répression musclée, la baisse du PIB, la hausse du chômage et l’exclusion sont le bel avenir auquel nous sommes promis. De quoi donner du boulot aux politiques bien pensants et faire de chouettes articles bien moralisateurs dans la presse non ?

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À propos

Je suis arboriculteur, viticulteur et maire de Reignac. Mais aussi Président de l'Association Nationale Pommes Poires, membre de WAPA (World Apple and Pear Association) et secrétaire général d'Interfel.
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V
<br /> Bin dis donc, heureusement que je suis encore là, sinon tu manquerais de sujets d'articles...<br /> <br /> <br /> Au sujet du statut d'autoentrepreneur, tu oublies de dire que certaines boites obligeraient des employés à conserver ce statut plutôt que de devoir signer un CDI, en continuant de bosser pour<br /> eux...<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Bref il y a pourtant un excccccellent sujet à commenter, quand Copé découvre enfin la démocratie et qu'à l'UMP Paris on essaie de comprendre comment ça marche !<br /> <br /> <br />  <br />
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