20 Mai 2012
Je journal de 7h hier matin sur France Inter s’est ouvert sur ce titre très flatteur pour notre fierté nationale : « François Hollande arrive au G8 en position de force ». Selon la radio d’Etat, le soutien de Barak Obama pour mettre la croissance au centre des débats valide la préscience de notre nouvel élu. Angela Merkel, tenante comme chacun le sait de l’austérité malgré ses bons comptes, a en revanche du souci à se faire. Cette dernière d’ailleurs, toujours selon la radio officielle, commence à avoir objectivement tort puisqu’elle devient politiquement minoritaire et que des anticapitalistes manifestent sous ses fenêtres.
Voilà comment, mes chers lecteurs, Hollande Inter vous repeint quotidiennement la France en rose. Quand je pense qu’il y avait urgence à changer les patrons de l’audiovisuel public nommés sous le quinquennat précédent. A mon humble avis, ce n’est vraiment pas nécessaire. Il sera très difficile d’aller encore plus loin dans la connivence entre le pouvoir et la voix de la France.
Le mot « croissance » est magique. Il suffit de le prononcer pour que l’horizon s’éclaircisse, que les difficultés s’amenuisent et que l’espoir renaisse. Mais attention, pas par n’importe qui. Ça ne marche que quand c’est un président socialiste qui crée un ministère du « redressement productif » qui le dit. Puisque derrière se profile Arnaud Montebourg, dont la crédibilité entrepreneuriale et industrielle n’est plus à faire dans les diners en ville.
Foin de réformes structurelles, de maîtrise des comptes publics et de manches à retrousser pour améliorer le terreau national ou pousseront à nouveau les entreprises, l’incantation collective du G8 pour la croissance suffira. La France est redevenue ce phare que le monde attendait.
Appelons-en une nouvelle fois à Keynes pour ouvrir les cordons de la bourse, desserrons la politique monétaire de la BCE, qu’elle prête enfin en dernier ressort, que l’inflation reparte et tout ira forcément mieux.
Je comprends qu’Angela Merkel n’ait pas tout à fait confiance dans ces propositions très Club Méd de la France et qu’elle ait souhaité en toucher deux mots à Barak Obama en privé hier soir.
Ce qui se profile malheureusement pour nous, c’est la montée de l’euroscepticisme allemand face aux écarts de compétitivité entre les pays européens et aux convergences qui deviennent chaque jour plus impossibles à atteindre.
L’union politique sans laquelle l’Euro n’a pas d’avenir semble s’éloigner à chaque nouvelle élection en Europe. Les mesures à prendre pour rassurer les créanciers des dettes souveraines ont des conséquences trop douloureuses pour les peuples. Ils les refusent par leur vote.
Pour ce qui concerne la France, dans tous les cas de figure, c’est d’un grand ministère de l’efficacité publique dont elle a besoin. En aucun cas de ce ministère dirigiste au nom pompeux de « redressement productif ». Ce que nous devons améliorer, c’est ce qui relève de l’Europe, de l’Etat, des collectivités territoriales, des lois et règlements, des prélèvements obligatoires et de la dépense publique. Ça tombe bien, c’est pile poil ce qui incombe aux élus et au Président de la République, le premier d'entre eux. Même France Inter pourrait se rendre compte un jour que l’incantation ne fait pas une politique.
A lire sur Salte.fr l'article d'Eric le Boucher sur le sujet.
Je suis arboriculteur, viticulteur et maire de Reignac. Mais aussi Président de l'Association Nationale Pommes Poires, membre de WAPA (World Apple and Pear Association) et secrétaire général d'Interfel.
Voir le profil de Daniel Sauvaitre sur le portail Overblog