9 Octobre 2011
Les primaires socialistes qui se déroulent en ce moment même rencontrent un assez large succès. Il commence à se dire à droite aussi que ce mode de sélection du candidat d’un camp à l’élection présidentielle présente certaines vertus. J’en vois pour ma part plusieurs qui l’emportent sur les nombreuses objections qui ont été énoncées depuis que le projet s’est fait jour.
Selon certains analystes, s’en remettre à l’ensemble des électeurs pour choisir le candidat de son propre parti révèle une faiblesse idéologique interne qui peut à terme démotiver l’engagement militant. Il a aussi été évoqué le risque de débats publics à l’intérieur d’un même parti qui, en affichant les tensions et les désaccords entre les candidats, rendraient plus difficile le rassemblement derrière le vainqueur de la présélection. Jean François Copé et d’autres ont également pointé les risques inhérents au « fichage » des sympathisants de son camp venus voter et, en creux, de ceux qui ne sont pas venus.
Ces dangers et quelques autres sont bien réels mais peuvent aussi être considérés sous un angle nettement plus positif.
Aller voter aux primaires, se revendiquer clairement d’un camp, peut favoriser progressivement l’engagement dans le parti qui présente les candidats afin de participer plus en amont à la vie des idées. Aller chercher au-delà des membres du parti la légitimité pour se présenter permet de vérifier bien mieux que par des sondages l’adhésion des électeurs à un candidat et d’initier très tôt une dynamique autour de lui. Le débat entre les candidats permet aussi de tester les aptitudes de chacun d’eux au rassemblement sur une vision, un projet. La polémique n'a pas vocation à s'exacerber dans ce cadre. Et puis face au risque de « fichage », on peut espérer que la vigilance de tous pour le respect de la liberté d’opinion et de l’impartialité dans la sphère publique s’amplifiera.
Mais le plus important de mon point de vue, c’est sans doute de coller un peu plus, grâce aux primaires, aux institutions de la Cinquième République, en renforçant nettement la logique majoritaire par le bipartisme. L’élection présidentielle, qui a vocation à faire s’affronter au deuxième tour le candidat le plus rassembleur de chaque camp, bénéficiera de ce travail de sélection en amont. Le centre et les extrêmes devraient logiquement souffrir de cette dynamique et ce n’est pas fait pour me déplaire. Deux camps responsables, deux partis de gouvernement capables de réunir en leur sein toute la diversité nécessaire à l’obtention du soutien de la majorité des électeurs est la condition nécessaire pour que notre pays puisse relever les défis qui l’attendent. Les primaires sont aussi la garantie d’un mouvement qui par la multiplicité interne des candidatures évite la sclérose.
Alors bien sûr les primaires ne sont pas opérantes quand le sortant est rééligible et à nouveau candidat, comme c’est nécessairement le cas à droite en 2012. Mais en 2017, il est maintenant très probable que des primaires auront lieu à droite et à gauche, sauf si les français devaient en 2012 faire le choix, que je leur déconseille vivement, du candidat de gauche. Dans ce cas là il ne pourrait évidemment n’y avoir que des primaires à droite.
Je sais que l’on peut être nostalgique de la démarche préconisée par le Général De Gaulle de la rencontre très pure d’un homme avec le peuple au dessus des clivages partisans. Mais il me semble que la meilleure façon de tenir compte à la fois des contraintes financières et de l’esprit des institutions est peut-être de mettre en œuvre ces primaires.
Je me suis donc rendu ce matin, vers midi, au bureau de vote de Baignes que le Maire, Pierre Jaulin, a eu la sagesse d’installer dans la petite salle du fournil plutôt qu’à la Mairie. C’est l'encarté Daniel Duret et ses filles qui se sont dévoués pour permettre l’exercice démocratique. A défaut de pouvoir exprimer le choix que j’aurais pu faire si j’étais de gauche, j’ai pensé qu’une photo ou deux des assesseurs au travail pourrait vous faire plaisir.
J’ai aussi reçu tout à l’heure un SMS du permanent du parti, mon ami Mo, en réponse à ma question sur la participation en Charente. Je vous en révèle la teneur avant que la Sofres n'affiche à son tour le score: « 13000 votants à 17 H, c’est une victoire ». « C’est une belle réussite, pas encore la victoire » lui ai-je répondu.
Il va de soi que mon intérêt pour les primaires socialistes n’affaiblit en rien mon opposition au projet des plus modérés des candidats PS, tant il sont loin de proposer une stratégie exigeante et crédible pour la diminution des déficits publics, de la dette et le retour de la croissance. Les réformes difficiles à poursuivre ne sont revendiquées par aucun des candidats, soit pour ne pas faire fuir l’électeur, soit par inconscience, ce qui est malheureusement aussi possible.
L’intensité de la crise dans laquelle nous nous enfonçons jour après jour ne permettra pourtant pas l’esquive, et cela bien avant le moi sde mai. La gravité de la situation élèvera par force le débat. Nicolas Sarkozy n’a pas encore perdu, loin de là.
Je suis arboriculteur, viticulteur et maire de Reignac. Mais aussi Président de l'Association Nationale Pommes Poires, membre de WAPA (World Apple and Pear Association) et secrétaire général d'Interfel.
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