10 Juillet 2013
Je suis arrivé au 238 rue de Vaugirard tout juste à 17 H. J’aurais du me douter qu’il y aurait du monde devant la porte. La foule des grands jours était là pour accueillir Nicolas Sarkozy. Forêt de micros et de caméras, forces de l’ordre et fans joyeux et bruyants. Je me suis faufilé jusqu’à l’immeuble en donnant le mot de passe aux cerbères de la maison. La grande salle du premier étage était déjà bien pleine. L’occasion de réactualiser mon trombinoscope mieux qu’au musée Grévin. Et puis il est arrivé. Bronzé, mal rasé, souriant, claquant des bises et serrant les mains.
Le sujet du jour bien sûr, c’était la levée de fonds. Jean François Copé a introduit le sujet. Et puis Nicolas Sarkozy a pris la parole. Une fois passées les salves d’applaudissements on aurait pu entendre une mouche voler si le service d’ordre en avait laissé entrer. Il nous a dit qu’il n’avait pas écrit de discours, parce que ce n’était pas sa rentrée politique. Tout en annonçant qu’il rompait avec son engagement de se retirer. C’est la nécessité pressante de motiver les donateurs qui a précipité son retour. Pas facile d’exprimer ici la puissance de son verbe, sa maîtrise de l’expression et du texte.
Le parterre réuni pour l’occasion justifiait quand même d’aborder plus que les seuls soucis d’intendance.
L’Europe d’abord. Les élections de l’an prochain au regard du délitement ambiant seront déterminantes. Comment susciter à nouveau l’adhésion des peuples au projet européen ? Le contrat qui lie les pays de l’Euro doit être plus fort que celui qui réunit les autres pays européens. Mais plus l’Europe s’agrandit, plus elle doit redonner aux pays membres des compétences pour mieux assumer ses missions essentielles. Alors que c’est l’inverse qui se passe et qui exaspère les européens. Et puis Schengen. Une politique d’immigration commune doit être définie et un Schengen 2 en découler. Pas de salut hors du projet européen. Si l’Euro explose, l’Europe aussi. Avec pour conséquence annoncée le retour des vieux démons toujours latents.
Le progrès ensuite. La panne du pays, c’est d’abord la perte de l’envie de progrès, c’est le renoncement au risque, à la recherche, à l’expérimentation, à l’innovation, au changement. Le principe de précaution a tourné à l’inaction par principe. Et le contraste avec le reste du monde en mouvement s’amplifie à notre détriment chaque jour un peu plus.
Enfin la politique. Sans jamais être de gauche, qui n’est que souci d’image, et contre tous les conservatismes, il faut réunir, embrasser large et voir loin.
Il n'y a plus de doute, il revient. Et il nous dira quand. Comme on ne gagne qu’ensemble et qu’il est en tête dans notre camp, les ambitions légitimes des uns et des autres sont invitées à intégrer ces données. Le bilan, il le fera lui-même. Que les autres se tournent vers l’avenir et vaquent à leurs occupations.
Applaudissements, cohue, photos souvenirs, bises, mains serrées et tapes dans le dos. Les mines graves ou souriantes quittent la salle et retrouvent les caméras et la rue. Henri Gaino me confirme que Nicolas Sarkozy est bien un extraterrestre. François Fillon cache un peu sa joie. Alain Juppé serre longuement les mains le long du trottoir, Laurent Wauquier réussit son échappée à vélo.
Je m’installe à la terrasse d’un café juste à côté. Pas question de repartir comme ça dans le métro. Trop risqué. Faut méditer avant et redescendre sur terre. J’échange avec Michel Dumoret, le chef du service politique de France 3, qui rédige ses feuilles de notes à la table d’à côté. Il me dit qu’il a suivi en direct le discours. Le compte twitter de Nicolas Sarkozy qui était muet depuis le 6 mai 2012 a été réactivé et les collaborateurs ont fait les télégraphistes. Cigarettes, café, le journaliste rédige ses fiches dans l’urgence et les relit à voix haute avant d’aller faire son direct devant le siège de l'UMP. Ayant vu le making off, je m’accorde le replay du Soir 3 un peu plus tard. Quelques mots pour dix feuillets. Vaut mieux avoir l’esprit de synthèse et tenir l'urgence. Le blog est bien moins stressant.
Je suis arboriculteur, viticulteur et maire de Reignac. Mais aussi Président de l'Association Nationale Pommes Poires, membre de WAPA (World Apple and Pear Association) et secrétaire général d'Interfel.
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