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« Heureux soient les fêlés, car ils laisseront passer la lumière ». Michel Audiard

Je n’ai pas résisté à l’envie de vous faire partager cette parabole culte de Michel Audiard que Franz-Olivier Giesbert cite dans ses « Derniers carnets. Scènes de la vie politique en 2012 (et avant) », que j’ai lus dimanche.

Dans ce bouquin, FOG enlève lui aussi le off et dissipe assez crûment le reste de brouillard qui enveloppe encore l’arrière scène politique de notre cher et vieux pays. Pour mieux dézinguer ceux qu’il portraiture et rester crédible, il s'inflige un traitement du  même tonneau en usant allègrement de l’autodérision.

Il règle son compte à un Nicolas Sarkozy selon lui infréquentable et accueille assez chaleureusement la normalité de François Hollande à qui il conseille quand même de ne pas donner suite à son programme économique de campagne. J’ai au moins ce point d’accord avec lui.

Il écrit bien le bougre. Mais peut-on s’en remettre à FOG pour désigner qui peut le mieux présider la France ? J’en doute. En revanche j’ai apprécié qu’il évalue les gouvernements successifs de la France depuis les années 70 à l’aune de l’évolution de la dette publique et du contexte économique.

Parce que c'est bien là le sujet du jour.  Comment depuis plus de trente ans maintenant les élus de tous bords ont ils pu sciemment laisser dériver les comptes publics en privilégiant leur court terme politique plutôt que la solidité de la nation?

Paradoxalement, c'est lors du quinquennat qui s’achève que la dette a le plus progressé. Cela sous les effets conjugués de la récession et de l’inertie de la dépense publique, alors qu'enfin des réformes structurelles étaient engagées pour la réduire.

Mais ce qui  compte finalement, c'est que l’heure de vérité ait sonné. Ce que nous allons vivre maintenant éclairera très vite d’un jour nouveau l’action des gouvernements précédents.

Les données du problème d’une gravité extrême sont maintenant connues et incontournables. La croissance sera plus faible encore que prévu. Le déficit du commerce extérieur est toujours abyssal. Le chômage augmente dangereusement mois après mois. L’obligation de contenir l’endettement, et donc de réduire drastiquement les déficits, conduit nécessairement à augmenter les prélèvements obligatoires et à baisser la dépense publique. Dans ce cadre le pouvoir d'achat va se contracter de 1.4 % en 2012. La spirale dépressive semble inexorable si l'on ne réussit pas à briser le cercle vicieux.

Les solutions à mettre en oeuvre doivent aussi être compatibles avec les contraintes qu’imposent la monnaie unique. La survie de l'Euro nécessite d’urgence de concéder un contrôle budgétaire à l'Europe et donc d'aller vers plus de fédéralisme. La compétitivité perdue vis à vis de l’Allemagne et du reste du monde doit hardiment être retrouvée en tenant compte de ces exigences de l’Euro. C'est à dire qu'il faut une approche pragmatique et sans faux fuyant, ce qui n’est pas tout à fait dans nos habitudes. Tout ça n'est vraiment pas simple.

Pourtant il me semble que nous devons apprécier à sa juste valeur ce moment historique que traverse notre pays. Parce qu'une révolution va s'engager maintenant. En tout cas, il faut le souhaiter. Aucune des recettes anciennes qui faisaient le bonheur facile des responsables politiques ordinaires ne peut être à nouveau utilisée. Le changement c’est bien maintenant. Et pas celui que l’on nous avait promis et qui était donc attendu.

Dans “Mort à crédit”Louis-Ferdinand Céline clamait qu'« on ne meurt pas de ses dettes. On meurt de ne plus pouvoir en faire ». C’est aussi vrai pour les Etats. Sans croissance, la résorbtion des déficits pour contenir la dette annonce pour cela comme le disait encore Michel Audiard, “le jour proche où nous n’aurons plus que l’impôt sur les os”.

Nous pourrions facilement craindre maintenant avec Frédéric Bastiat que “grâce à la bureaucratie et au socialisme, il n’y ait bientôt plus que deux partis en France : ceux qui vivent de l’impôt et ceux qui en meurent.”

Benjamin Constant aurait encore raison aujourd'hui d'ajouter “qu’ainsi le peuple n’est pas misérable seulement parce qu’il paie au-delà de ses moyens, mais il est misérable encore par l’usage que l’on fait de ce qu’il paie”.

John Maynard Keynes consolerait alors les uns et les autres avec humour en rappelant “qu’éviter de payer des impôts est la seule recherche intellectuelle gratifiante”.

La bonne nouvelle, c’est qu’il est devenu suicidaire de perséverer dans les bidoullages du type de ceux utilisés lors des premières semaines de gouvernement du couple Ayrault Hollande.

Hausse du SMIC à minima, mais encore à contre courant parce qu’il va gonfler un peu plus le chômage tout en plombant les finances publiques, augmentation de la prime de rentrée scolaire financée de fait par ceux là même qui vont la toucher, abaissement de l’âge de la retraite qui devient très théorique si l’activité continue de stagner, autant d’annonces agréables à entendre mais qui sont annulées par des contreparties bien plus négatives. La nouveauté c’est que cela se voit tout de suite. C’est n’est donc plus dans ce sens là que le gouvernement va pouvoir être populaire longtemps.

Le dos au mur, les socialistes au pouvoir qui disposent seuls de tous les moyens pour agir vont nécessairement devoir mettre en oeuvre des mesures libérales tant dénoncées avant. Et ils vont le faire, je le crois, avec l’ardeur des derniers convertis.

Parce que la seule voie à suivre est celle qui consiste à faire mieux en réduisant la dépense publique de 1100 milliards à 1000 milliards par exemple. Pas en diminuant ici ou là les budgets sans toucher à rien. Parce que dans ce cas le remède tue le malade. Mais bien en refondant l’organisation du système. Il va falloir troquer le ministère ridicule du redressement productif contre un vrai ministère de l’éfficacité publique. En complément doit s’engager une refonte des normes et des réglementations devenues paralysantes. C'est par cette politique que peut se gagner la bataille de la compétitivité. 

Notre pays a un potentiel formidable pour s’adapter et réussir dans un monde ouvert. Pour cela il faut que les responsables politiques assument leur rôle de gestionnaire exigeants et qu’ils veillent à préserver la liberté, l’initiative, la créativité de chacun.

Il n’y a plus d’autre issue et c’est tant mieux. J’espère qu’il ne sera pas nécessaire quand même pour François Hollande de redemander à Bernard Tapie, comme sous François Mitterrand en 1983 après le virage de la rigueur, de venir expliquer à la télévision les vertus de l’économie de marché et de l’entreprise.

Si l’on ajoute à tout cela qu’il n'y a pas d’ alternative autre que la fin de l’Euro ou une Europe vraiment fédérale, on comprend parfaitement que pour les socialistes la voie à suivre n’est pas vraiment parsemée de pétales de roses. Mais ceci est une autre histoire pour un prochain article mes très chers lecteurs.

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À propos

Je suis arboriculteur, viticulteur et maire de Reignac. Mais aussi Président de l'Association Nationale Pommes Poires, membre de WAPA (World Apple and Pear Association) et secrétaire général d'Interfel.
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C
<br /> Heureux soint les feles .... n'est pas d'Audiard mais de Groucho Marx<br />
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D
<br /> <br /> Oups..merci de la correction.<br /> <br /> <br /> <br />
S
<br /> <br /> <br /> <br /> C'est normal, les gens de tout bord aiment bien ceux "qui laissent passer la lumière" !<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br />
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V
<br />  <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> C'est étonnant comme l'UMP recherche ma compagnie... <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
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V
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