9 Mai 2010
Nicolas Sarkozy est Président de la République depuis trois ans. Si l’on en croit les sondages, sa cote de popularité est aujourd’hui au plus bas depuis le début de son mandat. Dans ces circonstances, ceux d’entre nous qui lui font toujours confiance ont tendance à se faire très discrets sur leur soutien, de peur d’être entrainés dans la spirale du rejet de sa politique. Pour ce qui me concerne cette situation produit plutôt l’effet inverse. C’est au moment ou Nicolas Sarkozy est le plus malmené dans l’opinion et par les commentateurs de tout poil que j’ai le plus envie de dire que je suis à ses côtés.
Dès lors que je considère que l’ensemble des réformes entreprises et à entreprendre est profondément nécessaire, la somme des rejets et des insatisfactions qu’elles provoquent ne suffira évidemment pas à remettre en cause mon soutien à celui qui travaille dur pour conduire le changement. La crise de l’Euro dans le sillage de la crise grecque démontre que la stratégie exigeante et ambitieuse que nous propose Nicolas Sarkozy depuis trois ans est la bonne. Il s’agit d’adapter le France à la mondialisation pour lui permettre de soutenir la concurrence agressive des pays émergents et de ceux des pays riches qui ont relevé le défi bien avant nous.
La croissance est faible depuis longtemps en France et dans la vieille Europe. La grave crise que nos venons de traverser nous a même mis en récession. Avec le même pourcentage très élevé de prélèvements obligatoires sur le produit national brut, les rentrées fiscales, après avoir fortement chuté, vont durablement rester à la traine. Dans le même temps, les dépenses publiques continuent de croître. Pour stopper la dérive, la réduction rapide de la dépense publique ou une forte augmentation des prélèvements obligatoires, déjà au taquet, conduiraient inévitablement au cercle vicieux de la dépression et ne résoudraient rien. Mais le gonflement inévitable de la dette, si rien n’est fait, conduira au même scénario par le renchérissement des taux d’intérêts demandés par des prêteurs sentant venir l’impasse.
Alors il faut résolument poursuivre le travail de réforme en profondeur du pays pour rendre plus efficaces nos prélèvements obligatoires et améliorer la compétitivité de notre économie afin que la croissance soit suffisante pour résorber progressivement nos dettes tout en répondant un peu à l’aspiration du toujours plus de chacun de nous. C’est tout à fait possible à la seule condition quand même de le vouloir vraiment. Et c’est là que le bât blesse. Parce que la combinaison récurrente dans notre pays de la résistance au changement et de promesses à gauche, faussement alternatives à l’effort demandé, rendent extrêmement difficile l’inscription du pays dans ce cercle vertueux.
Depuis le début de la crise grecque, chacun perçoit pourtant clairement que la pression monte de façon alarmante ici où là en Europe, mais aussi très nettement en France. Face à tous ceux qui considèrent que la France est solide et qu’elle ne risque rien, qu’elle peut encore trouver des solutions atypiques pour s’en sortir, aussi débiles sans doute que les « trente cinq heures », je veux à nouveau prendre date et dire clairement que je suis dans le camp du Président, de sa politique, de son volontarisme en France et en Europe et que je soutiens les multiples réformes en cours. S’il peut et doit y avoir débat sur les modalités et les ajustements de chacune de ces réformes, en aucun cas il ne peut y avoir de refus sec, sans propositions alternatives crédibles.
Je viens d’entendre pendant une heure Bruno Le Maire au Grand Jury sur LCI qui a martelé les mêmes convictions, bien évidemment mille fois mieux que moi. C’est l’un des ministres les plus brillants de ce gouvernement qui en compte pourtant beaucoup. Voilà un homme politique qui force le respect tant il démontre jour après jour, avec constance et talent, qu’il sert avec le plus grand sérieux des objectifs exigeants pour le pays sans accorder d’importance à cet accessoire qui dans les médias et l’opinion publique prend pourtant souvent le pas sur l’essentiel. Il vient de confirmer que la réduction de la dépense publique qui s’annonce devra être concomitante avec l’amélioration de la compétitivité des filières agricoles et de toutes les autres. Les résultats économiques sont à trouver sur les marchés. Aucune aide publique n’a le pouvoir de compenser durablement les manques du marché quand toutes les filières de l’économie sont en difficulté. J’ai apprécié qu’il rappelle aussi que lors de la précédente crise et en ce moment encore, c’est Nicolas Sarkozy qui se démène pour faire bouger l’Europe et trouver les consensus indispensables.
Et puis quand une fois de plus les journalistes l’interrogent sur le style de Nicolas Sarkozy ou de Dominique De Villepin, il cite Larochefoucauld : « il n’appartient qu’aux grands hommes d’avoir de grands défauts ». Fermez le ban. L’essentiel est ailleurs et l’heure est grave.
Revue de presse :
Je vous propose de lirel’interview d’Henri Guaino dans le Figaro d’hier. Il dit excellemment, en tout cas bien mieux que je ne saurais le faire, les bonnes raisons de soutenir Nicolas Sarkozy.
Sur la difficulté de réformer en France, je vous soumets un article de Luc Ferry paru lui aussi dans le Figaro, dont je ne partage pas tout à fait le pessimisme sur le pouvoir d’agir des politiques, mais qui réévalue finement les mérites des uns et des autres.
Et puis pour ceux qui considèrent comme moi que les outils de gestion et de prospective de l’Etat et des collectivités datent du néolithique, j’invite à la lecture d’un article publié dans les Echos de vendredi sous la plume de Matthieu Delouvrier : « les chiffres nous trompent sur l’endettement des Etats. ».
Pour les seuls libéraux d’entre vous, qui n’êtes pas nombreux je sais, un éditorial de Jacques Garello sur le bouclier fiscal.
PS : La retranscription dans Sud Ouest et Charente libre des débats en commission permanente au Conseil Régional de Poitou-Charentes et des commentaires de Ségolène Royal sur la politique nationale démontrent s’il en est encore besoin a quel point la présidente de région est larguée dans ses propositions au regard des problèmes à résoudre dans le pays. L’économie verte, les circuits courts et autres soutiens de sa part aux petites entreprises sont un peu justes comme propositions alternatives pour sortir le pays de ses difficultés. On l’a vraiment échappé belle en 2007.
Je suis arboriculteur, viticulteur et maire de Reignac. Mais aussi Président de l'Association Nationale Pommes Poires, membre de WAPA (World Apple and Pear Association) et secrétaire général d'Interfel.
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