27 Février 2011
Alors que je tiens ce blog depuis plus de cinq ans maintenant, c’est la première fois que j’assiste à un tel emballement des connexions. Entre dimanche dernier et aujourd’hui, vous êtes plus de 2600 (IP différentes) à vous être intéressés au dénigrement violent dont mes pommes ont fait l’objet de la part de la société de production audiovisuelle « Et la suite… ! », commanditaire des trucages sans talent et de la désinformation auxquels se sont pliés Eric Guéret et Isabelle Saporta. Pour ce qui concerne cette dernière, elle a commis en plus un livre imbécile publié simultanément au « documentaire ». Ce qui aggrave nettement son cas.
Je remercie très sincèrement tous ceux d’entre vous qui ont pris le temps de rédiger un commentaire ou qui m’ont adressé leur soutien par un coup de fil, un mail, un sms ou lors d’une rencontre. Comme à mon habitude, je ne modère pas ce que vous écrivez dès lors que vous n’exprimez rien de répréhensible. J’ai seulement choisi avec l’accord le leur auteur de supprimer deux commentaires. L’un parce qu’il remettait en ligne les coordonnées mail et téléphone portable d’Isabelle Saporta et l’autre parce qu’il était très en décalage avec cette actualité et qu’il pourra réapparaître quand le calme sera revenu.
L’élan de solidarité que je ressens depuis une semaine m’encourage ardemment, vous vous en doutez, à relever le défi de la contre offensive. Parce que je ne m’y trompe évidemment pas. L’intérêt suscité par ma mésaventure cristallise aujourd’hui l’exaspération de plus en plus vive que je ressens chez tous mes collègues paysans, qu’ils soient arboriculteurs, viticulteurs, maraîchers, éleveurs ou céréaliers. Cette colère touche même bien au-delà des seuls agriculteurs. Elle concerne les salariés, techniciens, chercheurs, agents de l’Etat et bien d’autres personnes impliquées de près ou de loin dans les productions agricoles qui chaque jour donnent le meilleur d’eux-mêmes pour améliorer les pratiques culturales et la qualité de l’alimentation.
Il me semble que l’heure est venue de retourner contre nos agresseurs les armes qu’ils utilisent pour nous dénigrer. Ce sera d’autant plus gratifiant que nous n’aurons pas besoin de mentir, contrairement à ces aigrefins, pour révéler les misérables techniques de manipulation de la réalité qu’ils emploient pour grossir leurs profits. Il sera simple de démontrer que les méthodes de production industrielle de « Et la suite… ! » pour faire de l’argent à outrance avec ce documentaire sont réellement malsaines. La dose journalière admissible d'accusations fausses ainsi que les limites maximales de résidus d’informations tronquées sont suffisamment explosées pour qu’elles nécessitent rapidement une répression virulente des fraudes. Nous allons nous y employer. Ca me fait beaucoup de bien de vous l’annoncer.
Je viens donc de m’infliger une nouvelle lecture du chapitre du livre d’Isabelle Saporta qu’elle consacre aux pommes. Elle l’a intitulé « ici on joue à pommes réelles ». C’est grâce à cette expression que je me suis souvenu que j’avais en effet du échanger avec elle quelques minutes au téléphone. J’avais utilisé cette formule pour imager la différence entre un verger expérimental ou il est possible de s’affranchir du résultat économique et un verger dont la finalité est de couvrir les charges engagées. Dans ce cas la prise de risque au regard de la protection contre les ravageurs est forcément plus limitée. Enfin c’est la preuve que c’est bien moi qu’elle a eu au téléphone. Mais c’est à peu près tout ce qu’il y a de vrai dans ce chapitre à mon sujet. Au passage Isabelle Saporta accomplit un sacré record de productivité en matière « d’enquête minutieuse », puisque sans venir voir mon verger, à partir d’un seul petit échange téléphonique, elle réussit à faire la comparaison entre la bonne et intelligente arboriculture biologique de Michel Delhommeau et la bête et mauvaise que je suis censé pratiquer. A coté de sa production intensive, je dois reconnaître que je suis ridiculement besogneux dans mon verger. De la première ligne à la dernière de ce chapitre, Isabelle Saporta enfile âneries sur stupidités que même un élève de 3ème effectuant son premier stage en entreprise n’aurait pas pu commettre. A mon sens cela aurait du lui valoir un lot de tartes aux pommes de la part de la critique et dans toutes les émissions à la télé ou sur les ondes où elle a été abondamment invitée. Bizarrement ce n’est pas le cas. On lui sert plutôt la soupe en lui demandant le regard effaré « alors raconte ». En fait dans le domaine des enquêtes à scandales on applique avec une certaine réussite cet adage bien connu des politiques : « plus la ficelle est grosse, plus elle est solide ».
C’est vrai qu’il aurait été terriblement contre productif pour elle de faire le déplacement à Reignac et de s’apercevoir qu’il y a beaucoup plus de similitudes qu’il n’y parait au premier abord entre l’arboriculture de Michel Delhommeau aux vergers des coteaux nantais et celle que je pratique. Faible fertilisation organo minérale, balayage des feuilles à l’automne pour réduire le plus possible l’inoculum de tavelure, préservation des typhlodromes pour contrôler les acariens, confusion sexuelle associée au fameux virus de la granulose pour lutter contre le vers de la pomme, surveillance quotidienne au verger pour adapter les interventions aux problèmes rencontrés et malheureusement de plus en plus souvent des prises de risques qui ont pour conséquences des pertes de récoltes. Pour que je sois son arboriculteur productiviste repoussoir idéal il fallait qu’elle s’interdise aussi de voir mon verger de Délisdor, cette variété sur laquelle la tavelure a peu de prise et que je cultive avec très peu de protection chimique. Elle ne pouvait pas non plus apprendre que j’ai la responsabilité d’une association d’arboriculteurs (Venoge) qui développe un petit programme de création variétale aux fins de sélectionner une ou plusieurs variétés adaptées à notre terroir du sud ouest qui associerait rusticité, auto éclaircissage, faible alternance et très bonne qualité de fruits. Le vrai scoop de notre sélection d’une pomme baptisée provisoirement Laide d’Aquitaine et que nous commençons à planter et sugreffer au printemps ne l’intéressait pas. Dommage quand même parce qu’elle aurait réellement pu participer a une évolution qui va pile poil dans le sens de ce qu’elle professe. Si Montesquieu pouvait dire « j’aime les paysans parce qu’ils ne sont pas assez savants pour penser de travers », Isabelle Saporta a mis à profit ses études de philosophie pour s’affranchir hardiment de toute honnêteté intellectuelle. C’est si vulgaire…
Très chers collègues et lecteurs de ce blog, je vous annonce que la révolte des pommes vient de commencer en Charente. Elle promet d’être bonne. Je vous en dirai plus demain.
NB : pour ceux qui auraient l’envie et le courage de lire ce que j’ai pu écrire sur ces sujets depuis l’ouverture de ce blog, j’ai regroupé les articles concernés sous trois rubriques auxquelles vous pouvez avoir accès en haut à gauche de l’écran dans le module « catégories ». Ces rubriques ont pour nom : « Ma pomme prise pour une poire », « ma pomme et le verger » et « ma pomme et les fruits et légumes ».
Je suis arboriculteur, viticulteur et maire de Reignac. Mais aussi Président de l'Association Nationale Pommes Poires, membre de WAPA (World Apple and Pear Association) et secrétaire général d'Interfel.
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