21 Décembre 2011
Mes lectures du week-end dernier, tout comme la prestation de Dominique Strauss Kahn à Pékin, m’ont laissé une nouvelle fois plus que perplexe sur les perspectives de la monnaie unique à très court terme.
De plus en plus de voix se font entendre pour dire que le maintien de l’euro devient un pari impossible à tenir. Pour faire simple, voilà le raisonnement qu’expriment un certain nombre de Cassandre respectables.
Pour rembourser de la dette et réduire les déficits publics il faut de la croissance. Pour cela il est nécessaire d’être compétitif sur le marché. Quand ce n’est pas le cas, il y a deux possibilités pour le devenir.
La première nécessite de réformer l’organisation du pays pour qu’il soit plus efficace, que le coût du travail s’abaisse par une augmentation de la quantité de ce même travail sans rémunération supplémentaire et que le dispositif qui comprend l’éducation, la formation et l’innovation fasse de belles étincelles et très vite. Dans ce cadre il faut que la compétitivité et les équilibres des comptes publics des pays de la zone s’alignent rapidement sur le meilleur élève de la classe euro, c'est-à-dire l’Allemagne. C’est ce chemin des crêtes vers une Europe fédérale à monnaie commune que les chefs d’Etat européens ont dit vouloir emprunter la semaine dernière.
La deuxième c’est de disloquer brutalement l’euro pour que chaque pays reprenne sa monnaie nationale et libelle ses dettes dans cette même monnaie. L’ajustement de la valeur de la monnaie nationale sur les marchés se faisant instantanément à l’aune de la compétitivité et de la situation particulière de chaque pays. D’une peseta pour un mark on glisserait par exemple en quelques heures vers deux pesetas pour un mark. L’opération vérité des compétitivités comparées se ferait au travers de la valeur des monnaies. L’Allemagne aurait à nouveau de la peine à vendre ses produits à l’extérieur de ses frontières et les productions nationales des pays les moins compétitifs reprendraient un peu de vivacité. L’émission de monnaie serait à nouveau sous l’autorité de chaque pays et les dettes deviendraient de fait moins difficiles à rembourser parce qu’en monnaie dévaluée. Un grand chambardement brutal qui redonnerait de la cohérence entre valeur de la monnaie nationale et réalités politiques et économiques propres à chaque pays. Ce système suppose bien entendu qu’il ne reste rien de l’euro.
La première solution nécessite beaucoup de temps. Mais elle passe surtout par une adhésion démocratique des peuples à des politiques de réforme et de rigueur en rupture considérable avec les politiques précédentes. Les leaders politiques crédibles pour la mettre en œuvre existent t-ils et les peuples les suivront-ils ? Ce n’est pas vraiment sûr.
La deuxième solution est un cataclysme immédiat qui pour être sensément fondé nécessite elle aussi des leaders d’exception prêt à des soubresauts de réadaptation pas piqués des hannetons.
Et vous mes chers lecteurs, quelle solution préconisez-vous?
Je vous mets en lien trois articles pour alimenter si besoin votre réflexion :
L’édito d’Alexis Brezet dont le thème du produire et acheter français m’intéresse pour un prochain article.
Un long article paru aussi dans le Figaro Magazine de Philppe Villin sur la nécessité de la fin de l’Euro. C’est cet article qui m’a une nouvelle fois fortement déstabilisé. Page1, page 2, page 3, page 4.
Je vous mets aussi un lien vers un entretien donné par Nicolas Baverez à l’Expansion qui synthétise à mon sens très clairement le challenge français à relever.
Et puis un petit dernier intitulé "le profond désaroi de l'Angleterre" par Alexandre Adler.
Je suis arboriculteur, viticulteur et maire de Reignac. Mais aussi Président de l'Association Nationale Pommes Poires, membre de WAPA (World Apple and Pear Association) et secrétaire général d'Interfel.
Voir le profil de Daniel Sauvaitre sur le portail Overblog