28 Septembre 2009
A ce jour La Poste est un Etablissement Public Industriel et Commercial qui bénéficie de la garantie illimitée de l’Etat. A ce titre elle n’est pas une entreprise comme les autres. Elle ne peut pas faire faillite et quand elle emprunte, la qualité de sa signature lui permet de négocier des taux bien inférieurs à ceux du marché. Cette singularité n’est pas très appréciée par l’autorité de la concurrence à Bruxelles et si l’ouverture totale en 2011 du marché du courrier n’impose pas formellement à La Poste de changer de statut, elle le suggère vivement. Le projet de loi du gouvernement qui doit transposer la directive européenne sur la mise en concurrence de la distribution du courrier propose donc aussi de transformer La Poste en société anonyme à capitaux 100% publics. Compte tenu de la levée de boucliers suscitée chez les personnels, les syndicats et les politiques de gauche et un peu d’ailleurs, le gouvernement a assorti son texte de garanties sur le maintien de capitaux 100% publics (Etat et Caisse des Dépôts et Consignation), de la préservation des statuts des personnels et de la poursuite du maillage territorial de son réseau. La première urgence de cette loi, c’est de permettre à cette entreprise d’avoir un statut adapté à son nouvel environnement concurrentiel et de recevoir les capitaux nécessaires pour engager les investissements colossaux qui lui permettront peut-être d’être compétitive dans la distribution d’un courrier qui diminue en volume tout en progressant sur les marchés en croissance.
Pourtant, bien que toutes les garanties concernant son capital qui reste à 100% public, tout comme le maintien réaffirmé de ses missions de service public, soient écrites dans le projet de loi, la suspicion de privatisation a continué de prospérer. Cette privatisation est bien sûr à tout moment possible, c’est une évidence, mais pour cela il faut une nouvelle loi. Pour l’instant l’entreprise bénéficiera seulement avec cette loi des apports de capitaux de la CDC sans que l’entreprise soit devenue moins publique qu’avant.
Pas facile d’avancer dans ces conditions. Il suffit pourtant de lire les nombreux articles (article 2, article 3, article 4) publiés ces temps ci dans la presse pour avoir conscience de l’ampleur des mutations auxquelles cette entreprise doit faire face. Pour relever les défis de la concurrence avec des compétiteurs qui ont pris beaucoup d’avance technologique et logistique, tout autant que pour assurer dans les meilleurs conditions les missions de service public qui lui sont assignées La Poste doit changer en profondeur. Voilà un chantier passionnant à engager avec volontarisme et enthousiasme. Je doute que ce soit la préoccupation de tous ceux qui se mobilisent pour masquer les réalités auxquelles nous sommes confrontés avec La Poste.
En bons démagogues, les politiques de gauche ont rejoint les syndicalistes pour mobiliser tous ceux que le mot privatisation effraie. Quelque soit le contenu de la loi ils ne retiennent que le mot « société anonyme » pour peaufiner leur syllogisme. La société anonyme c’est le privé. Le privé c’est le profit et le profit c’est le contraire du service public. Donc la société anonyme c’est contre le service public. Le gouvernement veut une loi qui fait ça, donc le gouvernement tue le service public. C’est assez bêtifiant mais c’est une sorte de pendant politique de la vulgarité à la télévision dont l’audience attire les convoitises.
J’ai reçu cette semaine comme tous les maires de la Charente un courrier de nos deux sénateurs qui m’invitent, sous couvert de valeurs universelles que nous partageons forcément tous, à faciliter une grande votation républicaine le samedi 3 octobre organisée à l’initiative du Comité National de défense du service postal.
La question posée est la suivante : « le gouvernement veut changer le statut de la Poste pour la privatiser, êtes vous d’accord avec ce projet ? ». Il suffit de répondre à cette question aussi précise que mensongère par oui ou par non.
J’ai comme l’impression que le score du non sera tellement élevé que les organisateurs auront de la peine à revendiquer sans rire le qualificatif de démocrate.
Non décidemment la mairie de Reignac ne me semble vraiment pas le lieu adapté pour participer à cette vaste manipulation et manœuvre politique. Faut aller faire ça ailleurs.
A lire aussi le rapport du
sénat sur La Poste qui date de 2003 mais qui reste d'actualité.
Je suis arboriculteur, viticulteur et maire de Reignac. Mais aussi Président de l'Association Nationale Pommes Poires, membre de WAPA (World Apple and Pear Association) et secrétaire général d'Interfel.
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