22 Juin 2009
Vendredi après midi, la communauté de communes des 3B Sud Charente a inauguré deux bâtiments publics particulièrement utiles pour le territoire. Le premier se trouve au pied du château, rue de la Motte. Il héberge le Pôle emploi, la mission locale, l’AISC, Ohée Prométhée, VAE et d’autres associations ou organismes que j’oublie sans doute. Autrement dit cette maison rassemble en un même lieu toutes les personnes qui interviennent sur le territoire auprès des demandeurs d’emploi, des employeurs, des travailleurs handicapés ou des salariés en demande d’évolution de carrière.
La seconde construction en face du lycée offre vingt places en crèche ou en halte garderie et accueille les assistantes maternelles du territoire tout comme les parents à la recherche de conseils pour améliorer la relation avec leur enfant. Deux autres lieux du même type, bien que plus modestes, se trouvent à Baignes et Passirac pour assurer le même service et couvrir l’ensemble du territoire communautaire.
J’ai déjà dit ici en son temps la genèse et les motivations de ces projets. Je n’y reviens pas. J’ai eu le plaisir de constater vendredi que nous avions vu juste et que les synergies ou les bénéfices attendus commencent vraiment à se faire sentir.
Ce sont les discours qui ont été prononcés lors de ces deux inaugurations qui m’ont paru très instructifs au moment ou le débat va s’engager sur la réforme des collectivités territoriales et sur la fiscalité locale. Et puis aussi les réflexions dans l’assistance concernant le coût de ces opérations ressenti comme assez élevé.
Ainsi que l’a souligné le sous-préfet Tardieu entre deux digressions tordantes ou inquiétantes, c’est selon, ces deux projets ne sont cohérents et possibles que parce que le maître d’ouvrage représente un territoire et une population suffisante pour les porter. Les 37 communes de la communauté et ses 16000 habitants sont plutôt une bonne dimension de ce point de vue là. Dans une logique d’économie d’échelle de mutualisation et de péréquation, un territoire bien plus grand serait encore plus pertinent. C’est sans doute ce point de vue qui motive tant le préfet lorsqu’il milite pour que les communautés atteignent l’échelle d’un pays.
Il a aussi rappelé une évidence, c’est que tous les équipements et les services qui concernent plus que la commune qui les porte ont vocation à devenir communautaire. Dans cette perspective les petites communes sans école ont peu d’arguments pour résister aujourd’hui à une évolution du territoire intercommunal. Parce que pour ce qui concerne les mutualisations des services dont elles ont besoin un territoire plus grand n’est pas à priori un problème.
La difficulté est tout autre pour les communes dites chef lieu de canton qui disposent de nombreux équipements et services à vocation communautaire. Pour les équipes municipales en place les voir tous transférés à la communauté sous autorité d’une assemblée où elles n’ont qu’une infime partie du pouvoir les enthousiasme peu. De mon point de vue il est peu probable que des territoires communautaires plus vastes se constituent maintenant avec l’objectif de leur donner compétence pour tout ce qui a un caractère intercommunal. Parce qu’en même temps ces compétences ont un intérêt politique trop stratégique pour que le maire et son équipe les abandonnent facilement. Si techniquement plus le territoire est vaste plus on peut être théoriquement efficace, politiquement une communauté qui intègre toutes les compétences qui ont vocation à devenir communautaires réussira plus facilement à l’échelle d’un canton et peut-être, bien que plus difficilement encore, de deux ou trois (comme les 3B) quand elles se constituées dès le départ à cette échelle. Le risque évident lorsque l’on a pour objectif un territoire plus vaste c’est de limiter le champ des compétences communautaires et de constituer des ensembles qui feront perdurer les problèmes liés à l’émiettement communal français que l’intercommunalité était censée résoudre. Et dans ce cadre les syndicats de communes auraient encore un bel avenir. En clair des communautés trop grandes ne rempliront pas les objectifs principaux qui leurs sont assignés, c'est-à-dire exercer toutes les compétences qui ont vocation à être nécessairement communautaires.
J’ai aussi entendu vendredi des critiques concernant le prix de revient atteint par ces équipements. Pour simplifier on peut dire que plus le décideur est autonome dans sa décision et plus le prix de revient peut-être maîtrisé. En revanche plus les décisions nécessitent d’obtenir l’accord de différents partenaires et si l’on souhaite trouver des compromis et faire aboutir rapidement les projets plus le prix peut s’élever. Ce n’est évidement pas mécanique mais il y a plus de risque. Pour ce qui concerne la maison de l’emploi l’opportunité de faire aboutir le projet s’est présentée avec la vente d’une partie des bâtiments Vicard. Notre sollicitation auprès de la commune de Barbezieux n’avait pas permis de trouver un site plus pertinent disponible immédiatement. De plus l’entreprise Vicard avait besoin pour le maintien de son plan de redressement de trouver un acquéreur pour les locaux mis en vente. Le compromis n’était sans doute pas idéal mais à mon sens le résultat est une réussite. Evidemment compte tenu des travaux réalisés le coût d’achat du site apparaît après coup élevé.
On peut faire la même analyse pour le bâtiment qui héberge la crèche. Dans un premier temps le bâtiment avait été acheté à la commune de Barbezieux en vue d’une réhabilitation. Aucun autre site n’avait pu être proposé pour ce projet. L’architecte retenue a rapidement indiqué qu’il devait être démoli sous peine de prix de revient prohibitif. De plus le projet a été élaboré en tenant compte de la partie de bâtiment devant le lycée qui devait être réhabilitée par la commune ce qui contraignait le projet à devoir tenir compte de cet environnement et être suffisamment haut. Sur un autre site sans étage le prix de revient aurait probablement été plus faible. Mais cette fois encore le résultat me semble être une réussite et a surtout le bâtiment a le grand mérite d’avoir été réalisé.
Je ne serai pas là le jour des deux autres inaugurations le 4 juillet (Je pars ce jour là pour une semaine à la rencontre de l’arboriculture en Colombie britannique au Canada et dans l’Etat de Washington aux Etats-Unis) qui donneront lieu avec encore plus de pertinence à des appréciations de ce type. Tous ceux qui ont vu ce qui a pu être conservé de l’ancien cinéma se sont interrogés pour savoir s’il n’aurait pas été plus rationnel de le raser. Peut être, bien que l’architecte ait soutenu le contraire. En revanche si le projet avait consisté à détruire le cinéma pour en construire un neuf je ne pense pas que l’opération aurait pu politiquement se faire.
Ces deux équipements sont aussi une grande satisfaction mais les élus et les équipes des 3B se souviendront avec un brin de rancune que les architectes ont eu des défaillances assez graves. Après coup on sait qu’il n’aurait pas fallu les choisir, l’un pour ses défaillances administratives (cinéma) l’autre pour son incompétence et son absence totale de rigueur (le centre équestre). Les entreprises et un autre architecte appelé en remplacement ont permis que l’opération se termine bien.
Je suis arboriculteur, viticulteur et maire de Reignac. Mais aussi Président de l'Association Nationale Pommes Poires, membre de WAPA (World Apple and Pear Association) et secrétaire général d'Interfel.
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