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Lectures.

Julien Dray nous révèle qu’il fait des achats compulsifs de belles montres, souvent très chères. J’espère pour lui que sa frénésie d’achat ne l’a pas conduit à dépenser au dessus de ses moyens ces derniers temps. Moi, plus modestement je suis un acheteur presque compulsif de livres (et de journaux) qui remplissent chaque jour un peu plus ma bibliothèque. Mes achats dépassent en effet assez nettement ma capacité de lecture. Tant pis, j’ai toujours peur de manquer et j’aime savoir que j’ai une réserve conséquente dans laquelle je pourrais puiser si l’occasion se présente, un peu comme on se rassure avec une cave bien pleine.

Mais souvent ce sont les derniers achetés que j’ai envie de lire les premiers, même si ce ne sont pas forcément les meilleurs.     

Le titre d’un livre édité à Le Croît Vif « Une éducation politique en pays charentais » a attiré mon attention samedi dernier en même temps qu’un pavé de plus sur le Cognac édité au PUF et que l’on doit à Gilles Bernard, professeur de géographie. J’ai lu le premier et rangé soigneusement le second aux côtés de tous ceux qui traitent du même thème et que je n’ai pour la plupart pas lus.

 

L’auteur, Jean Louis Berthet, est aujourd’hui vice-président du Conseil Général des Yvelines, magistrat à la cour des comptes, il a été membre de plusieurs cabinets ministériels de 1974 à 1981 et surprise, conseiller municipal de Lignères-Sonneville de 1977 à 1981. Il est aussi l’auteur aux éditions de la Grange d’un petit recueil intitulé « Les reflets de la Charente » publié une première fois en 1986. Je l’avais en réserve et j’en commence avec plaisir la lecture.

Jean Leproux qui fût maire de Lignères Sonneville jusqu’en 1977 ne souhaitait pas se représenter et pose à Jean Louis Berthet à la sortie d’une réunion la question suivante : « voulez vous être maire ? ». C’est à cet instant que commence ce parachutage étonnant et réussi d’un parisien de 35 ans à l’ambition politique bien modeste. Il n’a finalement pas brigué le mandat de maire et s’est contenté de celui de conseiller municipal. Mais avec semble t-il beaucoup de subtilité et grâce à ses relations au plus haut niveau de l’Etat, il a insufflé un nouveau dynamisme et permis à cette commune de réaliser quelques très beaux investissements. C’est à la lecture de ce livre que j’ai enfin compris comment cette commune avait pu se doter d’une salle de squash où nous allions jouer au début des années 80. J’en sais aussi un peu plus maintenant sur la raison de la présence du gendre de Valéry Giscard d’Estaing, Gérard Montassier, au Paradise (et non à la Part des Anges, merci mes lecteurs), certains soirs à Brossac. Né à Touzac, diplomate et ancien directeur de cabinet du ministre de la culture, il était candidat au poste de conseiller général du canton de Segonzac détenu par Max Cointreau. Mandat que ce dernier a conservé de peu après une campagne assez intense.

Voilà une petite autobiographie qui mérite d’être lue. Le regard respectueux que porte Jean Louis Berthet sur la Charente et les charentais, sa capacité à dépasser les petites rivalités pour faire adhérer ses colistiers et la population à de beaux projets ambitieux pour la commune, me semblent toujours d’actualité et utiles à quiconque s’engage en politique en Charente ou ailleurs. 12 euros TTC pour en savoir plus.

 

Dimanche j’ai lu le « Précis de décomposition française » d’André Bercoff. Beaucoup moins consensuel mais tout aussi nécessaire pour me ressourcer contre tous ceux qui ne mobilisent leur énergie que pour expliquer tous les inconvénients qu’il y aurait à remettre en cause nos méthodes et nos habitudes et qui n’ont pas de mots assez durs pour dénoncer tous ceux qui s’affrontent concrètement aux réalités et aux problèmes.  Ça part un peu dans tous les sens et pour prendre le contrepied de ce qu’il veut dénoncer il pousse un peu loin les comparaisons, au risque de se décrédibiliser. Bon, j’en connais d’autres qui ont aussi ce travers. Et c’est je crois plus facile d’y remédier que de réussir à soulever la chape de plomb des idées reçues et d’argumenter contre tous ceux qui préfèrent poursuivre dans la mauvaise direction pour que rien ne bouge vraiment.

Je vous livre un extrait du premier chapitre qui donne le ton du livre : « Au supermarché d’une République de compromissions, chacun cherche son rayon, pour être surtout servi avant les autres. Et pouvoir rouler béatement, pare-chocs contre pare-chocs, sur les autoroutes du week-end. »

Le chapitre 8 in extenso. « La raison principale pour laquelle Sarkozy irrite à ce point ce beau monde, est que, consciemment ou non, il ne joue pas le jeu. Ses prédécesseurs se souciaient par-dessus tout des attributs de leur fonction et de la nécessité de porter beau, même et surtout si le désordre le plus complet régnait à l’intérieur de la maison. Ces grands singes dominants, quand ils arrivaient au sommet du baobab, avaient pris soin de dissimuler toute négligence dans leur tenue, et veillaient soigneusement à ce que nulle guêpe juridique ou médiatique ne vienne bourdonner de trop près: comme chasseurs d’insectes, le conseil constitutionnel et la Cour de Cassation remplirent admirablement leurs rôles, merci pour eux. Sarkozy proclame au fond que le roi est nu, et qu’il ne peut rien faire seul, sans la participation active de ce grand corps malade qu’est la France, alors que l’unique alternative, selon lui, est la réforme ou l’hospice, la « flexi-sécurité » ou le chômage, la volonté ou la mort. L’animal politique, qui se préparait à la présidentielle depuis trente ans, a foutu un sacré coup de pied dans la fourmilière, montrant du coup, sous le néon des statistiques, les forces et les faiblesses de l’édifice. Pas besoin d’être déclinologue professionnel pour se rendre compte que la France décroche, y compris à l’égard de ses voisins. Deux exemples : en 1978, la France dépassait la Grande-Bretagne de 25%. En 2006, la Grande-Bretagne surpassait la France de 10%. En 1999, les exportations françaises vers l’actuelle zone euro montaient à 17%. En 2007 elles ne représentent plus que 13%. Or, au lieu de dire que tout va s’arranger très vite et que la situation va se rétablir aussi complètement que l’état du cinéma français après « bienvenue chez les Ch’tis », Sarkozy appuie sur la plaie, là où ça fait mal. Du coup, on lui en veut d’autant plus qu’il refuse, pour les opérations chirurgicales à venir, toute anesthésie. L’on peut concevoir que des générations d’assistés à qui l’on a psalmodié dans leurs berceuses que tout irait pour le mieux dans la meilleure des France s retrouvent dans la posture de chiots perdus sans collier qui se demandent comment ils vont payer la retraite de parents et de grands-parents qui refusent désormais de crever avant d’avoir atteint les quatre-vingt ans bien sonnés. Une mauvaise nouvelle n’arrivant jamais seule, on leur explique à présent qu’il faudra travailler quarante et un, quarante trois, voire quarante cinq ans pour être digne de la manne publique. Si tout cela n’est pas un retour à Hitler et Mussolini, mon bon monsieur, alors qu’est-ce? "    

Je conseille la lecture de ce livre à tous ceux qui pressentent que l’avalanche de caricatures infligée à Nicolas Sarkozy n’a rien d’un combat pour la démocratie ou la justice mais qu’elle exprime plutôt une résistance pathétique et désorientée à la politique de réforme entreprise. Les intérêts défendus par ceux qui se livrent à la dénonciation radicale et avec une virulence rare, de la politique du gouvernement, méritent d’être mieux connus et décodés. Cet essai y contribue vertement.

 

On vient de me faire passer la chronique de Michel Boujut du samedi 6 décembre que je n’avais pas lue. Le texte est d’une rare violence contre le président, l’ambiance supposée d’intimidation de la presse dans le pays et surtout contre Frédéric Lefebvre. Extrait : « un homme du sérail qui n’apprécie les journalistes que couchés et aux ordres, c’est le dénommé

Frédéric Lefebvre, porte flingue du président, toujours l’invective à la bouche en digne aboyeur du pouvoir. Tête à claques, cheveux gras et regard d’illuminé, il a un avis sur tout, de préférence sur ce qu’il ne connaît pas….il incarne à lui seul la droite décomplexée dans sa beaufitude, sa suffisance et sa médiocrité. » Rien que ça. On a compris qu’il ne partira pas en vacance avec le député des hauts de Seine. Quand Jean Claude Gaudin s’était permis de se moquer du look des journalistes de libé, il avait à juste titre déclenché une bronca médiatique. Quand un journaliste se permet d’être caricatural et parfaitement abject en évoquant des cheveux gras (alors qu’ils sont magnifiques je les ais regardés de près), il est intouchable, protégé par sa profession. Plus je relis cette chronique et plus j’apprécie Frédéric Lefebvre. Quand nous l’avions reçu à Lignères-Sonneville j’avais pu échanger avec lui pendant près d’une heure. Je lui soumettais les questions que je me proposais de lui poser devant les militants en reprenant à mon compte les critiques largement développées par la presse et nos opposants, et quelques fois aussi dans nos rangs. A chaque fois j’étais surpris de la qualité des arguments de fond qu’il exprimait pour répondre et remettre en perspective les objectifs attendus des réformes contestées.  A peine plus d’un an après être devenu député il détenait déjà le record des amendements déposés à l’assemblée nationale ayant recueillis l’unanimité des votes des députés. Il expliquait cette prouesse par l’attention qu’il porte aux préoccupations communes des députés. Il essaie alors de les traduire avec suffisamment de pragmatisme en amendements contre lesquels personne ne peut vraiment s’opposer sans se renier. Il m’avait aussi donné cette définition du programme voulu par le président. Adapter sans faiblir notre pays à la mondialisation et le rendre aussi compétitif que les pays voisins de même catégorie tout en développant les filets protecteurs pour les plus fragilisés d’entre nous par les réformes nécessaires pour y parvenir. Je partage cet objectif. J’ai pu constater depuis qu’il est aussi à l’origine de débats à l’UMP qui réunissent des personnes d’horizons politiques et de pensée très différents, qui s’expriment très librement et qui nourrissent une réflexion très riche pour le parti, sans à priori idéologiques.  C’est plutôt novateur et justifie que l’on puisse dire que le débat politique a lieu en ce moment à l’UMP et bien peu ailleurs. A cela s’ajoute une qualité rare en politique qui explique en grande partie la détestation dont il est l’objet par tous les Michel Boujut du pays, il n’a peur de rien et surtout pas des journalistes. Un héros finalement, par les temps qui courent.

 

Troisième livre et mon préféré, « L’avenir de l’eau. Petit précis de mondialisation II », d’Erik Orsenna. Il aime les matières premières l’académicien. Après le coton, l’eau. Il raconte en mêlant humour et gravité des problématiques différentes, des réponses différentes aux problèmes posés, sans jamais juger et en mettant toujours en valeur ce que disent les interlocuteurs rencontrés. Ça se lit comme un roman, c’est passionnant de bout en bout, c’est effrayant et rassurant à la fois. Pour ceux qui souhaitent approfondir le sujet, des compléments sont à lire sur son site (demander à Google)  et une impressionnante bibliographie sur le sujet est communiquée à la fin du livre. Le problème de l’accès à l’eau pour les populations et l’agriculture est loin d’être résolu. Mais ce qui m’a le plus frappé c’est la conclusion du livre. Encore plus problématique pour la population de la planète sera la rareté de la terre.

 

J’ai aussi lu aujourd’hui un commentaire assez piquant d’Ivan Drapeau dans la Charente Libre qui réagit à la réunion stérile de la CCI avant-hier. Difficile en effet de ne pas être comme lui déçu par l’image détestable du fonctionnement de cette assemblée de patrons. A l’heure où une réforme est en préparation pour les chambres de commerce on aimerait que les dirigeants d’entreprise montrent l’exemple de la recherche de l’efficacité pour les organisations dont ils ont la responsabilité. Et c’est là que l’on se rend compte que sortis de leurs entreprises où ils réussissent souvent très bien, leur comportement devient le même que celui souvent rencontré dans les assemblées politiques que par ailleurs ils dénoncent. Pourtant il y a beaucoup à réformer là aussi, le statut des personnels, l’évaluation de l’efficacité, les missions à redéfinir, autant de sujets qu’il faudrait aborder sans tabous parce que le prélèvement fiscal sur l’économie productive n’a pas les effets attendus et loin de là. Il est à craindre que contrairement à la nécessité qu’il y a d’agir rapidement dans une entreprise pour parer à une situation difficile on assiste dans les chambres consulaires à la méthode de redressement mise en œuvre par le président de la chambre des métiers qui disait il y a peu qu’il était conscient des difficultés relevées par la cour régionale des compte mais que les dirigeants (pourtant nombreux) avançaient à leur rythme pour y remédier. En trainant les pieds et en espérant que rien ne bouge sans doute.

 

Et puis ma dernière lecture concerne un document que chacun d’entre vous a reçu la semaine passée dans sa boîte aux lettres, « info 3B ». La conception confiée à Version Originale est réussie, moins artisanale que pour les précédents numéros.  Images et textes sont très clairs. La dernière page précise d’ailleurs que la rédaction a été confiée au directeur qui fait preuve ici d’une plume synthétique et didactique. Edito punchy de Jacques Chabot, présentation de l’équipe élue et des agents, tout y est. Et puis un vrai bonheur pour moi de voir l’ensemble des services, des investissements et des projets engagés depuis 2003 menés à bien ou poursuivis avec talent et détermination par la nouvelle équipe. Le territoire peut être rassuré quant à la capacité de la communauté à mener à bien les deux projets qui concernent le château et les piscines. Ce sont des dossiers très lourds à porter et dont il faut bien calibrer à la fois l’investissement et le fonctionnement qui suivra. Mais compte tenu de ce que j’observe du travail communautaire, j’ai confiance pour la réussite dans le temps de ces deux projets.

 

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À propos

Je suis arboriculteur, viticulteur et maire de Reignac. Mais aussi Président de l'Association Nationale Pommes Poires, membre de WAPA (World Apple and Pear Association) et secrétaire général d'Interfel.
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L
Mo, oui la piscine répond à l'attente de nombreux habitants des communes des 3B (et notamment aux scolaires). Mais, avant de remettre en cause la détermination des délégués communautaires, prenez quand même le temps de regarder "les données comptables" de l'info 3B pour comprendre que les élus locaux n'ont pas des moyens illimités. Le travail sur ce sujet se poursuit afin d'avoir la vision la plus précise sur ce problème.
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M
Que le coût soit modeste ou pas n’est pas pour moi le problème, Môssieur Arnaud Latour. L’Info 3 B répond à un besoin d’information légitime de la part du public et je reconnais que quelques feuillets en noir et blanc seraient beaucoup moins agréables à lire et seraient peut-être même pas lus du tout. Je me doute bien que le contenu n’est pas uniquement du fait de son Directeur mais de l’intégralité de son équipe, même si le responsable reste toujours son modeste directeur. Ce qui me plairait vraiment c’est que lorsqu’on agît pour l’intérêt d’une collectivité, on cesse de regarder uniquement les données comptables. La piscine est un bon exemple. Elle répond à l’attente de nombreux habitants des communes des 3B et notamment de la jeunesse ; or j’ai bien peur que nos élus locaux ne fassent pas preuve de suffisamment de détermination et y renoncent.<br /> Bonnes fêtes à Stéphanie et à toi Arnaud
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A
Messieurs, le contenu de l'Info 3 b a été souhaité par le Président et non par son directeur, qui s'est appuyé sur une équipe compétente et professionnelle pour le contenu rédactionnel. Rendons à César...ce qui me fait penser à une citation de Pagnol dans Fanny qui disait je crois, "l'habit ça flatte toujours, ce n'est pas moi qui suis élégant, c'est mon costume"...Enfin cher Mo, le coût a été âprement négocié et il reste modeste en comparaison du temps d'agent nécessaire à sa conception en interne et qui plus est, non disponible en raison d'une année "légèrement" chargée.De très bonnes fêtes à tousArnaud
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V
Benoit Delatte ayant ouvert les commentaires sur son blog, je suis venu l'en féliciter mais depuis un petit futé masqué(comme d'hab)est venu me débiner... J'en ris...Comme quoi y'a pas pire qu'un bandit pour crier "au voleur"!Ou: "c'est çui qui dit qui y'est"Encore: "à troll, troll et demi"... 
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L
Le livre sur le Cognac, il s'agit de "Cognac : une eau-de-vie prestigieuse"?Pour la piscine (Mo), c'est peut être une mauvaise interprétation de Sud Ouest car le projet est toujours à l'étude.
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