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Leçon de dialogue social à Cognac.

Vendredi dernier, quelques jeunes militants cognaçais m’annonçaient avec un certain plaisir qu’une manifestation d’agents de la municipalité devait avoir lieu le lundi suivant en réprobation de la politique sociale de Michel Gourinchas et de son équipe. C’est en lisant la Charente libre ce matin que j’ai un peu mieux compris les tenants et les aboutissants de l’étonnante affaire. Pour parachever mon information j’ai maintenant entre les mains le tract rédigé par l’intersyndicale FO et CGT. Je comprends mieux à la lecture de la prose qu’il contient pourquoi ils ont tant souhaité participer à la diffusion active du message en le glissant dans les boites aux lettres cognaçaises. La teneur du texte dépasse en effet de loin ce que l’opposition à l’équipe municipale actuelle se serait autorisé à dire. Un peu de gaîté et d’espièglerie dans le militantisme me semble de très bon augure pour la suite. Bon, je ris moi aussi mais je reconnais que ce doit être très désagréable de se faire attaquer aussi durement pas ses anciens camarades de lutte.

Plus sérieusement, voilà une démonstration intéressante de la difficulté à passer de la revendication et la contestation à l’exercice des responsabilités. Il est peut-être plus facile qu’il n’y parait de devenir un « salaud de patron », selon l’expression du maire lui-même, quand on vient du syndicalisme dur que d’accéder au statut exigeant d’employeur impartial, pédagogue, négociateur et équitable.

Le fond de l’affaire doit en revanche faire débat. La fonction publique territoriale ou d’Etat fait cohabiter la précarité extrême avec l’hyper protection du statut pour les titulaires. Le point de vue syndical se limite à exiger la titularisation la plus large possible de tous les agents en CDD depuis un certain temps. Il faut savoir que le code du travail pour les citoyens ordinaires permet la requalification sans coup férir devant les tribunaux de ces faux CDD en CDI. La différence quand même entre le privé et le public, c’est qu’un CDI de droit commun peut-être rompu en appliquant les dispositions prévues par ce même code du travail et qu’une contestation est toujours possible devant les prud’hommes, alors qu’un titulaire de la fonction publique est sous contrat à vie sans remise en cause réelle possible. Cette hyper protection, que personne ne semble vouloir modifier, s’accompagne du développement nécessaire de contrats à durée déterminée à répétition, qu’aucun syndicat n’autoriserait pour le régime de droit commun, associations y compris.

Moi je continue de rêver qu’un jour tous les citoyens soient égaux devant le même droit du travail et les mêmes tribunaux. J’attends aussi par exemple que les collectivités produisent des bilans et des comptes de résultat lisibles et conformes aux normes comptables en vigueur, en plus des documents budgétaires habituels qui abêtissent les élus et enfument les citoyens. La liste serait longue des particularismes assez peu républicains auxquels nous nous sommes trop habitués. On se comprend tellement mieux en démocratie quand on vit les mêmes réalités et le même droit.

 

Pour revenir à l’affaire cognaçaise, titulariser est en effet une décision lourde de conséquences pour la collectivité qui s’engage pour toute la durée de la carrière du bénéficiaire. J’aime aussi à préciser que chaque titularisation dans la fonction publique précarise un peu plus et met la pression sur tous ceux qui vivent dans le secteur exposé de l’économie, parce qu’elle élève le niveau de prélèvements fixes qu’ils devront assumer quelques soient les circonstances. Mais ne pas titulariser quelqu’un qui est en CDD subi depuis cinq ans, sans même avoir à justifier d’une cause réelle et sérieuse de licenciement, est d’un arbitraire légal moralement encore plus difficile à accepter.  

Vous pouvez lire l'article de CL en cliquant ici. 
        

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À propos

Je suis arboriculteur, viticulteur et maire de Reignac. Mais aussi Président de l'Association Nationale Pommes Poires, membre de WAPA (World Apple and Pear Association) et secrétaire général d'Interfel.
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V
Que pense l'UMP du problème RAYNAL?S'il faut concéder la liberté aux entreprises, au moins devrait on les obliger d'offrir à ses employés (comme elle le fait à ses dirigeants), des parachutes plus ou moins dorés comme dans ce cas-ci où la boite s'est fait une marge incroyable !Je propose 100.000€ à chaque employé licencié! 
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I
Personnellement, je trouve surtout que ces militants UMP passent pour des crétins. Rassure nous, Daniel, tu étais où samedi soir?
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J
Regardez de plus près ce passage :"Enfin, dans le cadre d'un rapprochement familial, la femme de Dominique Segalen a intégré les archives", détaille Michel Gourinchas qui assène: "Ils sont où les copains et les copines là-dedans? Dès notre élection, j'ai fait savoir à tous les élus que nous n'embaucherions aucun conjoint, aucun enfant, aucun proche de la famille. Que ce soit pour un emploi ou un stage." Ceci est un extrait de l'artcile de la CL.Question : la femme de Dominique Ségalen n'est pas un proche du DGS ?La rémunération d'un DGS n'est-elle pas suffisante pour que sa nomination soit accompagée de celle de son épouse ?Ou est-ce une condition ?Je comprends mieux les inquiétudes des syndicalistes.Etant un ancien fonctionnaire, j'ai toujours sollicité une gestion de la fonction publique comme celle du privé. Tu bosses, tu est récompensé. Tu ne bosses pas, tu riques ta place...
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V
Je peux te fournir des tas d'exemples de ce genre! En particulier une amie de longue date, cuisinière dans un resto administratif de la police à Bordeaux et qui a du avoir recours à la justice pour obtenir sa titularisation après plus de 15 ans de services...Effectivement qu'il faut réformer l'Etat, mais pas trop vite quand même... Attendons un peu qu'il ait encore la possibilité de renflouer les banquiers privés... 
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