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« On ne peut évidemment pas s’empêcher de penser que, décidemment, et après la fixation faite sur les 35 heures, la droite n’aime guère cette CMU, une des mesures phares du gouvernement Jospin. » C’est en lisant une première fois en diagonale la livraison du 13 août de Jacques Guyon dans la Charente Libre que je suis tombé sur son appréciation toute sibylline et mystérieuse de la droite au regard de la CMU. Pour bien insister sur le mauvais travers idéologique permanent de la droite, l’auteur croit bon de rappeler dans la même phrase qu’il y a là une forme de continuité avec « la fixation faite sur les 35 heures ». Une fois n’est pas coutume, j’ai eu cette fois-ci envie de prendre le temps de lire en entier le prêche de frère Jacques.

 

Une circulaire interne émise par le directeur de la CNAM et rendue publique par le journal l’Humanité fonde l’argumentation de l’auteur. Par cette circulaire le directeur de la caisse s’adresse aux praticiens pour leur demander d’être vigilants sur le comportement des bénéficiaires de la CMU. A partir de là le syllogisme est tout simple. La sécu stigmatise les pauvres et veut faire des économies sur leur dos pour équilibrer les comptes, on imagine en creux que Sarkozy (selon la perception de l’éditorialiste) ne dit pas autre chose, donc la droite n’aime pas la CMU. Un peu de littérature pour montrer avec force digressions scabreuses comment cette société devient inhumaine pour les plus démunis et en conclusion, il devient simple de rappeler l’œuvre du bon Jospin et de la gauche tout entière pour développer les solidarités. Il va de soi qu’au passage, avec un tel éditorial, l’auteur adopte la posture de l’homme bon, généreux, moral, si attentif, lui, à toute la misère du monde, capable de prendre la plume pour dénoncer la bassesse des décideurs et de la droite.

 

Bien qu’adepte inconditionnel de l’économie de marché je ressens toujours une certaine gène vis-à-vis des pratiques de bonimenteur utilisées pour vendre du papier ou autre chose à un public crédule. Le lecteur et le client sont libres bien sûr, mais rien n’interdit pour autant une certaine dignité des acteurs pour améliorer les termes de l’échange, comme disent si bien les économistes.

 

La posture doit se suffire à elle-même et on cherche ainsi vainement dans cet éditorial la moindre piste concrète pour réduire structurellement la pauvreté en France et diminuer la nécessité des revenus d’assistance. On perçoit pourtant bien à la fin de l’article (« aujourd’hui 17% des enfants de moins de 10 ans vivent dans un foyer CMU ») que la paupérisation est forcément la conséquence de la politique conduite dans le pays. Mais s’il n’est pas fait état de la stratégie politique à conduire pour supprimer la pauvreté, on devine que pour l’auteur face à l’inéluctable, il y a seulement lieu de faire agir la solidarité nationale à laquelle la droite est forcément rétive. La liberté sacrée du bénéficiaire de la solidarité exclut de laisser agir en «  dames patronnesses » le directeur de la caisse et les médecins pour infléchir les comportements à risque et bien utiliser le dispositif. La générosité individuelle de gauche, défendue par l’auteur, s’exprime en demandant à l’Etat d’assumer pour notre compte la solidarité auprès des plus démunis. Il suffit pour cela de taxer plus riche que soi même et si les moyens manquent de dénoncer les profits insuffisamment taxés et autres cadeaux fiscaux aux nantis. L’individu est une victime irresponsable de la société qui doit donc payer pour réparer les dégâts qu’elle commet. La corrélation avancée par certains entre les outils (CMU, RMI etc…) et les comportements de désocialisation et de déresponsabilisation induits est une analyse perverse qu’il faut à tout prix dénoncer. La gauche aime le RMI, la gauche aime la CMU. Si j’étais mauvaise langue je dirai que par ces moyens chacun peu masquer son égoïsme et son absence de générosité en transférant ses obligations sur le collectif. En rencontrant chaque jour des militants UMP et en les écoutant pour comprendre les motivations de leur engagement je suis souvent surpris d’entendre certains d’entre eux venus de la gauche me dire qu’ils ont changé de camp, lassés d’entendre sans cesse parler de social et de constater un fossé immense entre les paroles et les actes. Je ne sais plus qui disait que la gauche aime tellement les pauvres qu’elle en fabrique. Nul doute que cette approche éditoriale offusquée ne participe du refus de résoudre la pauvreté et donc de la laisser se développer. Pas question d’être pragmatique, ni de se salir l’image en prenant à bras le corps le problème. Etre de gauche c’est aussi ça, s’astiquer le pistil en se regardant dans la glace tout en trouvant mille bonnes raisons pour ne pas agir, pour ne pas prendre de risque. C’est la droite qui met en œuvre le RSA avec Martin Hirsh pour sortir de la mise à l’écart d’une partie de la population, pas la gauche.    

 

Etre de droite signifie t-il que l’on soit moins généreux et attentif aux plus démunis. Pas si sûr. Pour ce qui me concerne, et je ne suis pas le seul, agir en politique vise à trouver les règles et l’organisation collective qui permettent à chacun d’être autonome, responsable et puisse compter principalement sur ses propres ressources pour vivre décemment. Ce qui n’exclut bien entendu pas tous les mécanismes de solidarité qui renforcent la sécurité pour chacun, surtout pour les plus faibles, et permet encore plus la prise risques, si nécessaire à l’innovation et à l’adaptation à un monde sans cesse en mouvement. Il y a un déterminisme de la règle et de l’environnement sur le comportement des individus. Dans le même temps les ressources des individus sont immenses dès lors qu’on les stimule au lieu de les anesthésier. Les parcours proposés sont sans doute plus ardus mais conduisent plus surement à la dignité.     

 

Pour paraphraser notre président, je dirai que je connais des métiers moins risqués que directeur de la CNAM, éditorialiste par exemple.

Sous toutes réserves, dont acte.

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À propos

Je suis arboriculteur, viticulteur et maire de Reignac. Mais aussi Président de l'Association Nationale Pommes Poires, membre de WAPA (World Apple and Pear Association) et secrétaire général d'Interfel.
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V
Pareil pour: "Touche pas à nos poches", émanation du MEDEM qui paye l'ISF.Comme disait VGE:  "bonsoir méd'moisel", bonsoir "médème", et... gniagniagnia, toussa tu lorapa! 
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J
C'est vrai, comme disait VGE, la gauche n'a pas le monopole du coeur. C'est particulièrement vrai actuellement : même le mouvement "Touche pas à mon pote" a été récupéré par notre chef de l'état,...!!!Ouarf,...
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V
<br /> Alain Lambert, sénateur UMP de l'Orne et ancien ministre délégué au Budget, réagit pour Libération.fr au système de financement du Revenu de solidarité active présenté ce matin par Nicolas Sarkozy. Avec lequel il n'est pas vraiment tendre.<br /> RECUEILLI PAR PHILIPPE BROCHEN<br /> LIBERATION.FR : jeudi 28 août 2008<br /> <br /> 1 réaction  <br /> <br /> <br /> ous vous dites surpris par l'annonce de Nicolas Sarkozy. Est-ce parce que ce dispositif ne vous convainc pas ?Non. Je suis 100.000 fois pour ce dispositif. Je n'ai pas la moindre hésitation. Du reste, il y a dix ans, j'avais travaillé à la création d'un dispositif similaire, baptisé RMA (Revenu minimum d'activité). Vous voyez qu'on en est pas loin. Non, je trouve juste que Nicolas Sarkozy choisit un mauvais financement pour une bonne idée. Et qu'il va donner une mauvaise image de la bonne idée. C'est-à-dire qu'il va faire payer des gens presqu'aussi pauvres que ceux à laquelle cette mesure se destine. Ces personnes sont mal choisies.<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />  <br /> SUR LE MÊME SUJET<br />  <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> RSA: Sarkozy reçu par une volée de bois vert à droite<br /> Bayrou: la taxe pour le RSA va peser sur les classes moyennes<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> Comment auriez-vous financé le RSA?Il n'est pas nécessaire de lever un nouvel impôt quand on gaspille l'argent de ceux qui existent déjà. L'argent est disponible: il est dans les comptes de l'Etat, de la Sécu ... 1.000 milliards d'impôts prélevés par an, c'est le montant le plus élevé du monde. Cela montre juste que ceux qui gèrent l'argent public n'ont pas la compétence ou le sérieux pour le faire. Les ministres cherchent à avoir toujours plus de crédits, et la responsabilité est largement partagée.<br /> Est-ce que cette taxation de 1,1% du revenu du capital est réellement catastrophique pour ses «victimes»?Ce que je pense, c'est que le lien de confiance et d'espoir qui unissait les Français au Président est gravement en danger. Nicolas Sarkozy a été élu, y compris par des gens qui n'avaient jamais voté pour lui, pour rendre la France plus efficace, mais pas pour augmenter les impôts.<br /> Est-ce pour lui une tentative d'estomper les échos négatifs engendrés par la création du bouclier fiscal et de la réforme de l'ISF?Bien entendu. J'y perçois une forme de couardise idéologique en réponse à la diabolisation de la loi Tepa par la gauche. Et s'en prendre au capital, c'est une façon d'expier ce pêché. Sauf que Sarkozy impose la pénitence à ceux qui n'y sont pour rien: les petits épargnants. Je suis profondément convaincu que la droite n'a pas cherché avec la loi Tepa à favoriser les riches. Elle a tout simplement, naïvement cru qu'elle pouvait acheter la croissance. Ce sont des croyances keynésiennes, des vieilles lunes qui n'ont plus cours depuis trente ans. Sarkozy a distribué de l'argent qui termine en écrans plats qui sont fabriqués en Corée. Là, il essaie de montrer qu'il veut faire payer aussi le capital. <br /> Et en réalité?C'est l'épargne qu'il sanctionne sans s'en rendre compte. Il en vient à appeler à la contribution des gens qui vivent chichement de leur modeste travail, parce que l'exécutif n'a pas eu le courage de faire le tri dans ces 1.000 milliards.<br /> Et vous, comment auriez-vous agi?Je n'étais pas favorable à une baisse substentielle des droits de succession.<br /> Nicolas Sarkozy a-t-il changé et s'est-il fait intoxiquer par les ministres socialistes, comme certains l'affirment dans la majorité?Non, je pense que Martin Hirsch est très malin, très habile et qu'il a convaincu Sarkozy que ce dispositif était facilement finançable. Il a donné quelques exemples au nombre desquels il y avait la Prime pour l'emploi. Et ensuite Sarkozy, face à la suppressuion partielle de la PPE, a eu peur qu'on l'accuse à nouveau de prendre dansd la poche de pauvres pour donner à d'autres pauvres. Face à cette présentation falacieuse, il s'est dégonflé. C'est plus un enchaînement qu'une adhésion idéologique.<br /> Vos collègues de la majorité sont-ils dans le même état d'esprit que vous?Ils sont tous très furieux. Après, c'est toujours pareil: il y a ceux qui ont le courage de parler et les autres... Nous avons parlé entre spécialistes de fiscalité, et nous sommes inquiets de la manière dont nous allons pouvoir écrire ce nouvel impôt. Il va falloir mettre des planchers et des plafonds qui vont rendre ce dispositif fiscal très compliqué. Et qui vont en faire une nouvelle usine à gaz. On n'en avait pas besoin...<br /> <br />
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V
<br /> Alain Lambert, sénateur UMP de l'Orne et ancien ministre délégué au Budget, réagit pour Libération.fr au système de financement du Revenu de solidarité active présenté ce matin par Nicolas Sarkozy. Avec lequel il n'est pas vraiment tendre.<br /> RECUEILLI PAR PHILIPPE BROCHEN<br /> LIBERATION.FR : jeudi 28 août 2008<br /> <br /> 1 réaction  <br /> <br /> <br /> ous vous dites surpris par l'annonce de Nicolas Sarkozy. Est-ce parce que ce dispositif ne vous convainc pas ?Non. Je suis 100.000 fois pour ce dispositif. Je n'ai pas la moindre hésitation. Du reste, il y a dix ans, j'avais travaillé à la création d'un dispositif similaire, baptisé RMA (Revenu minimum d'activité). Vous voyez qu'on en est pas loin. Non, je trouve juste que Nicolas Sarkozy choisit un mauvais financement pour une bonne idée. Et qu'il va donner une mauvaise image de la bonne idée. C'est-à-dire qu'il va faire payer des gens presqu'aussi pauvres que ceux à laquelle cette mesure se destine. Ces personnes sont mal choisies.<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />  <br /> SUR LE MÊME SUJET<br />  <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> RSA: Sarkozy reçu par une volée de bois vert à droite<br /> Bayrou: la taxe pour le RSA va peser sur les classes moyennes<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> Comment auriez-vous financé le RSA?Il n'est pas nécessaire de lever un nouvel impôt quand on gaspille l'argent de ceux qui existent déjà. L'argent est disponible: il est dans les comptes de l'Etat, de la Sécu ... 1.000 milliards d'impôts prélevés par an, c'est le montant le plus élevé du monde. Cela montre juste que ceux qui gèrent l'argent public n'ont pas la compétence ou le sérieux pour le faire. Les ministres cherchent à avoir toujours plus de crédits, et la responsabilité est largement partagée.<br /> Est-ce que cette taxation de 1,1% du revenu du capital est réellement catastrophique pour ses «victimes»?Ce que je pense, c'est que le lien de confiance et d'espoir qui unissait les Français au Président est gravement en danger. Nicolas Sarkozy a été élu, y compris par des gens qui n'avaient jamais voté pour lui, pour rendre la France plus efficace, mais pas pour augmenter les impôts.<br /> Est-ce pour lui une tentative d'estomper les échos négatifs engendrés par la création du bouclier fiscal et de la réforme de l'ISF?Bien entendu. J'y perçois une forme de couardise idéologique en réponse à la diabolisation de la loi Tepa par la gauche. Et s'en prendre au capital, c'est une façon d'expier ce pêché. Sauf que Sarkozy impose la pénitence à ceux qui n'y sont pour rien: les petits épargnants. Je suis profondément convaincu que la droite n'a pas cherché avec la loi Tepa à favoriser les riches. Elle a tout simplement, naïvement cru qu'elle pouvait acheter la croissance. Ce sont des croyances keynésiennes, des vieilles lunes qui n'ont plus cours depuis trente ans. Sarkozy a distribué de l'argent qui termine en écrans plats qui sont fabriqués en Corée. Là, il essaie de montrer qu'il veut faire payer aussi le capital. <br /> Et en réalité?C'est l'épargne qu'il sanctionne sans s'en rendre compte. Il en vient à appeler à la contribution des gens qui vivent chichement de leur modeste travail, parce que l'exécutif n'a pas eu le courage de faire le tri dans ces 1.000 milliards.<br /> Et vous, comment auriez-vous agi?Je n'étais pas favorable à une baisse substentielle des droits de succession.<br /> Nicolas Sarkozy a-t-il changé et s'est-il fait intoxiquer par les ministres socialistes, comme certains l'affirment dans la majorité?Non, je pense que Martin Hirsch est très malin, très habile et qu'il a convaincu Sarkozy que ce dispositif était facilement finançable. Il a donné quelques exemples au nombre desquels il y avait la Prime pour l'emploi. Et ensuite Sarkozy, face à la suppressuion partielle de la PPE, a eu peur qu'on l'accuse à nouveau de prendre dansd la poche de pauvres pour donner à d'autres pauvres. Face à cette présentation falacieuse, il s'est dégonflé. C'est plus un enchaînement qu'une adhésion idéologique.<br /> Vos collègues de la majorité sont-ils dans le même état d'esprit que vous?Ils sont tous très furieux. Après, c'est toujours pareil: il y a ceux qui ont le courage de parler et les autres... Nous avons parlé entre spécialistes de fiscalité, et nous sommes inquiets de la manière dont nous allons pouvoir écrire ce nouvel impôt. Il va falloir mettre des planchers et des plafonds qui vont rendre ce dispositif fiscal très compliqué. Et qui vont en faire une nouvelle usine à gaz. On n'en avait pas besoin...<br /> <br /> <br />
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N
 Quand Nicolas Sarkozy s'est adressé hier aux soldats pour leur dire que le «travail» qu'ils font est «indispensable» car que c'est là que se «joue une partie de la liberté du monde», il a raison. Jacques GUYON
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