25 Juillet 2008
Mes chers commentateurs assidus, je crois avoir trouvé un bon sujet de débat à vous proposer en lisant la presse aujourd’hui. Le Monde de ce jour publie un article de Bertrand Bissuel qui s’intitule « les effets pervers du smic ». Voilà il me semble un sujet de réflexion très concret qui oppose le plus souvent les libéraux et les autres. Entendons nous bien, l’opposition dont je parle concerne les règles du jeu, pas l’objectif. Celui-ci doit être l’accès pour tous au travail et l’amélioration du pouvoir d’achat des moins qualifiés.
Pour faire très simple on peut dire qu’il y a deux stratégies. La première consiste à fixer un salaire minimum politique revalorisé en fonction de l’inflation et de coups de pouce de temps à autre. Pour permettre aux candidats à l’emploi d’être recruté à ce salaire minimum la société s’engage à assurer la formation nécessaire pour que la productivité des individus permette au producteur de biens et de services qui les emploie d’être compétitif sur son marché. Parce que la division internationale du travail sanctionne la perte de compétitivité et certaines activités sont régulièrement abandonnées ou délocalisées. Cette approche volontariste présente l’intérêt de pousser à l’innovation, à la recherche de toujours plus de productivité et à l’élévation des compétences. Le prix à payer c’est l’exclusion du monde du travail des plus faibles que les accompagnements proposés ne réussissent pas à rendre employables.
La deuxième diffère de la première en ce qu’elle privilégie l’entrée dans le monde du travail en acceptant une certaine « vérité des prix » de la valeur travail, quitte à ce que la collectivité redresse le pouvoir d’achat des salaires les plus bas par l’impôt négatif ou d’autres mesures d’assistance. L’intérêt principal de cette approche c’est qu’elle permet d’affronter brutalement la réalité et donc de trouver les mesures d’accompagnement les plus pertinentes. Un individu exclu du monde du travail devra vivre misérablement de revenus d’assistance sans vraies possibilités d’intégration. En revanche un individu dont la base du revenu provient d’un emploi développera des ressources souvent surprenantes qui permettront d’espérer une progression de compétence et de rémunération. Les moyens collectifs d’accompagnement se trouvent dans ce cadre souvent mieux valorisés. C’est sans doute ce qui explique que comme le dit l’article absence de smic ne rime par forcément avec paupérisation des plus faibles. Qu’en pensez-vous ?
Je suis arboriculteur, viticulteur et maire de Reignac. Mais aussi Président de l'Association Nationale Pommes Poires, membre de WAPA (World Apple and Pear Association) et secrétaire général d'Interfel.
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