3 Mai 2008
François Dubet enseigne la sociologie à Bordeaux II. Il signe dans le Monde d’hier après midi un article intitulé « un quart d’heure avant la révolte? ». Il sait qu’en dire, lui l’intellectuel, du « mauvais climat social » du moment. Mais manifestement il n’est pas d’une grande utilité sur le quoi faire, la belle âme. Sa posture de Cassandre et de spectateur dégagé, un brin moralisateur, pour décrire différents aspects de l’état d’esprit des français en ce moi de mai où l’on commémore 68 me fait un peu monter la tension, au risque de lui envoyer un pavé dans sa plage horaire à l’université devant ses élèves. Parce qu’on sent comme une envie de sa part que la « fête recommence ». « Tous les ingrédients de l’explosion sont présents » dit-il. Il aurait pu ajouter que son « point de vue » dans le journal se veut nettement allumette.
Il y a pourtant mieux à faire pour participer à l’amélioration de l’organisation de notre société. Surtout quand on fait l’analyse suivante : « Mai 68 a été porté par un désir de libération. Nous vivons aujourd'hui les angoisses et les épreuves de la liberté, et pas seulement de la liberté économique. De tous les pays comparables, les jeunes Français sont ceux qui croient le moins aux vertus du marché, ceux qui ont le moins confiance dans les institutions, ceux qui ont le moins confiance en eux-mêmes, ceux qui pensent que leur avenir et celui de leur société est le plus sombre, et ceux qui sont le moins disposés à financer les retraites des aînés. Les enquêtes nous apprennent aussi que les jeunes Français sont les seuls à penser que l'éducation doit apprendre la discipline plutôt que l'autonomie personnelle. »
La génération issue de mai 68 n’a donc pas su faire évoluer la société pour permettre que les individus goûtent la liberté, l’autonomie et la responsabilité. Notre Etat, nos institutions, nos lois et notre enseignement déterminent encore des comportements de dépendance qui peuvent en effet conduire à la révolte quand la trompeuse générosité s’amenuise.
Pourtant ce constat du sociologue, à lui seul, justifie que l’on s’engage résolument vers une modification profonde de notre organisation collective qui fasse enfin confiance aux individus et les prépare à la liberté. Voilà ce qui devrait motiver quiconque fait profession d’enseigner. Je trouve finalement assez scabreux de s’arroger l’autorité du juge pour disqualifier l’action du président en se disculpant soi même d’un quelconque rôle dans le désarroi des jeunes aujourd’hui. Dans la catégorie légèreté et inconséquence je rangerai bien plus sûrement François Dubet que le président en exercice.
Je suis arboriculteur, viticulteur et maire de Reignac. Mais aussi Président de l'Association Nationale Pommes Poires, membre de WAPA (World Apple and Pear Association) et secrétaire général d'Interfel.
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