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Marges d'appréciations.

Mardi 4 mars, avec un collègue arboriculteur du Val de Loire, nous avions rendez vous à l’Elysée avec le conseiller technique du président pour l’agriculture et la pêche. Nous avions sollicité cette rencontre pour informer au plus haut niveau de l’Etat des impasses culturales dans laquelle se trouvent les productions de fruits et légumes en France au fur et à mesure ou la phytopharmacie diminue pour la protection des plantes. Le conseiller a cru utile de nous rappeler en introduction que le président savait que l’agriculture française ne pouvait pas être toute bio à court terme et que des moyens importants seraient attribués à la recherche dans les dix ans qui viennent pour aider les agriculteurs à s’adapter aux contraintes réglementaires et à la réduction nécessaire de l’utilisation des produits phytosanitaires. Notre message en réponse est toujours le même depuis que nous rencontrons les grands élus et les conseillers. Nous assurons nos interlocuteurs que nous sommes déterminés à continuer de progresser vers une production de fruits et de légumes plus performante dans la protection des équilibres écologiques et environnementaux. Mais nous demandons que les contraintes réglementaires et la diminution des produits de protection des plantes s'éffectuent au rythme de la capacité d’évolution des exploitations et du savoir faire technique des arboriculteurs et des maraîchers. Nous avons eu un dialogue de qualité, mais nous sommes quand même ressortis de l’entretien avec la sourde inquiétude de devoir affronter des modifications d’emblavement et des cessations d’activité avant d’infléchir la tendance. Si tant est que ce choix soit fait un jour.

La veille au soir j’avais regardé une émission de télévision qui cherchait à savoir qui était responsable de la hausse des prix à la consommation des produits agricoles. Ce n’était que l’un des débats du moment, plus surréaliste que jamais, au cours duquel on fait appel à la morale pour parler de marges trop importantes et où on montre du doigt des supposés coupables sans jamais vraiment s’intéresser aux causes réelles. La seule façon de garantir un juste prix au consommateur c’est de s’assurer que la concurrence est réelle entre les opérateurs et que l’information permet au consommateur de s’adresser là où le rapport qualité prix est le meilleur. Une bonne partie de la réglementation mise en œuvre depuis quelques années est plutôt allée en sens inverse vers des limitations de la concurrence, un encadrement des négociations de prix et une interdiction de communication par la publicité sur les prix des fruits et légumes par exemple.
A cette situation dont on tarde à sortir, sans que je comprenne bien pourquoi puisque même les distributeurs semblent d’accord (voir le dernier article du blog de Michel Edouard Leclerc), vient donc se profiler à court terme une augmentation des produits importés et une baisse de nos productions nationales. Ce sont beaucoup d’incohérences réunies qui participent à la baisse de pouvoir d’achat des consommateurs pour ce qui concerne les fruits et de légumes. J’espère que d’ici peu on assistera à de grandes manifestations de consommateurs dans lesquelles on pourra lire des mots d’ordre tels que : « économie de marché », concurrence libre et non faussée», « normes adaptées », « publicité comparative sur les prix ».  Qu’en pense John L ?   

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J'avais emporté mon instamatic pour la photo souvenir.
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À propos

Je suis arboriculteur, viticulteur et maire de Reignac. Mais aussi Président de l'Association Nationale Pommes Poires, membre de WAPA (World Apple and Pear Association) et secrétaire général d'Interfel.
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D
Tiens! Salut Scotch Brite!<br /> Toujours a fond avec tes casseroles?<br /> <br /> C'est sacrément noir... Ça chauffe trop fort chez toi!<br /> <br /> Aller... Frotte... frotte...<br /> <br /> Plus fort...<br /> <br /> T'aurais pas besoin d'une petite piquoûze???<br /> Je te trouve un peu mou... du bulbe!!!<br /> <br /> (bulbe= poil... ha ha ha...)
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P
Putaing!!! quelle forme il tient le Daniel.D! Paut-être qu'il a a ingéré trop d'OGM dans une campagne d'arrachage avec le moustachu... 
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D
J'en rajoute une couche au sujet de la pub:<br /> <br /> Leclerc a basé une partie de sa communication sur les produits régionaux(nos régions ont du talent)ce qui illustre bien ce que dit John L au sujet de la publicité insidieuse: c'est une manœuvre pour masquer l'essentiel de ses ventes: des produits importés! Après il peut toujours dire qu'Arthuis dit des conneries! Seulement les producteurs des produits labélisés région de france, ne sont pas des petits artisans locaux inventifs, mais bien des industriels, les mêmes que ceux qui font du bas de gamme avec des haricots et des concentrés de tomates venant de Chine, par exemple...<br /> <br /> Et puisque je suis attelé, voilà pour Attali:<br /> <br /> Je le traite de curé, à juste titre!!!<br /> <br /> Il s'occupe de prêter de l'argent aux pauvres(c'est pas lui qu'a eu l'idée le premier!)du tiers-monde, un peu comme la Thérésa...<br /> Avec les religieux comme lui, heureusement qu'il y a des miséreux dans le monde: comment pourraient-ils exercer leur sacerdoce autrement???<br /> <br /> Ah! La Charité Chrétienne....<br /> <br /> <br /> <br /> PS/ Y'aurait pas quelqu'un qui vendrait un bazooka?
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J
Ben tu vois Daniel D, tu es un économiste intuitif qui s'ignorait...Et qu'en pense Daniel S ...????
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D
Aaaaaah......il me faut un peu de temps aussi pour répondre. Je vais m'inspirer pour cela de mon maître en économie appliquée Daniel D.
D
Ah! Merci Mr John L. d'avoir confirmé en termes techniques mon analyse intuitive de la notion de pouvoir d'achat, que "pouvoir de dépenser" traduit mieux d'ailleurs, et son lien direct avec le chômage en matière de prix bas...<br /> <br /> Putain, j'aurais fait un bon analyste économique !!!
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J
Bon, la réponse va sans doute être un peu longue, mais je vais essayer de faire aussi clair que possible sur un sujet aussi compliqué.Je vois trois points dans votre article :- la phytopharmacie, sujet auquel je ne connais pas grand chose, mais j'aime bien le terme : ça fait presque Bio et sympathique. En fait, j'imagine qu'il s'agit d'une litote du genre de celles qui s'emploient beaucoup en ce moment comme : " dommages collatéraux" pour cacher l'expression "victimes civiles innocentes". Bref, là-dessus, je ne vais pas m'attarder.- 2eme point : vous essayez de nous expliquer que baisser les prix, c'est bon pour le pouvoir d'achat.  Ok, là, il y a du travail !!-3ème point : le vieux poncif récurrent de l'appel à la transparence.Bien, j'attaque tout de suite sur le point 2 : Les prix et  le pouvoir d'achat.Les prix ne sont que des salaires emboités, comme un système de poupées russes. En effet, la terre ne fait pas payer ses matières qui servent à fabriquer les objets, le carburant,... Les prix servent donc toujours à payer un être humain soit pour le travail offert, soit pour la possession de la terre (rente), soit pour la mise à disposition de capital. Si vous acceptez ce postulat, assez incontournable d'aillleurs : quand les prix montent la masse des salaires doit augmenter et inversement quand ça baisse. Evidemment, c'est un peu plus complexe car intervient la notion du partage des salaires : qu'est ce qui va au travail, à la rente, au capital.Cette analyse à l'air un peu Marxiste, mais pas du tout, c'est Ricardo, économiste libéral qui l'a formulée le premier. En gros, comment on coupe le gâteau du prix.Il se trouve que la part qui est allouée au capital (aux investisseurs) est de plus en plus importante. Par extension, la part qui est réservée aux salaires diminue.Pour synthétiser, on a donc dans votre modèle : des prix qui baissent, dont la part qui ne va pas aux salaires augmente,...Cette pression à la baisse des prix entraine donc une pression à la baisse des salaires (voire une suppression par des licenciements ou une augmentation de travail par personne, ce qui revient au même). Les gens ayant moins de salaire, ça fait un super argumentaire pour encore plus baisser les prix et le cercle continue de tourner, mais plutôt de façon vicieuse.Il est d'ailleurs évident que cette baisse des prix entraine une baisse générale de la qualité, par accélération des rendements, augmentation du temps de travail, diminution générale des coûts,...Mais là, on arrive à votre deuxième argument, que vous n'avez pas sorti mais que j'ai quand même entendu : les gens sont des individus rationnels et si l'information est transparente, ils prendront la meilleure solution pour eux.J'insiste un peu sur cette phrase car c'est la base de pensée du bon libéral, l'argument massue, le proverbe affiché sur la tête de lit en dessous duquel on se prosterne en faisant : deux "notre père" à la gloire d'Adam Smith, un "je vous salue" pour Hayek, et deux chapelés de prière pour Reagan et Thatcher.Le problème, c'est que cette phrase contient deux conneries majeures : la rationnalité et la transparence.Ben oui, les gens ne sont pas rationnels. Il faut dire que tout est fait pour nous faire perdre cette rationnalité. Notamment la publicité, dont le principe de base est justement de vous faire acheter un produit pour de mauvaises raisons. Je pense que, comme moi, vous êtes restés perplexe devant la publicité qui vous vantait les mérites de la marque de voiture X, en vous montrant une nana à poil qui se frotte sur le capot de la voiture.Vous avouerez qu'en terme d'argument rationnel, on fait mieux...Mais, il n'empêche, deux prix Nobel d'éco: Merton et Scholes, qu'on ne remerciera jamais assez d'avoir été si abrutis,  eurent la magnifique idée de modéliser la rationalité. En d'autres termes, ils pensaient que les opérateurs d'un marché boursier étaient des individus rationnels et que, grâce à des calculs savants, on pouvait donc anticiper les réactions des intervenants.Evidemment, deux prix Nobel qui pensent trouver la martingale suprême, ça attire des fonds. Ce fut l'affaire LTCM, l'un des plus retentissant échec boursier de ces dernières années. Les marchés n'étaient pas rationnels.... et des actions de bonne qualité pouvaient être boudées très, très, très longtemps....Merci encore à Merton et Scholes de nous avoir prouvé que leur théorie stupide ne valait pas pas un rouble.Donc la rationalité n'existe pas.Il reste donc à s'occuper de la transparence. Ouarf, ouarf, excusez-moi, mais j'en rigole en l'écrivant , car plaider pour de la transparence en économie, ça revient à demander à son médecin de se faire greffer un cancer. C'est un non sens, un oxymore parfait.Si on a de la transparence, on n'a pas de profits.L'économie moderne se caractérise justement par son opacité. Sinon tout le monde sait à quel prix il faut acheter. Pus de grosse marge, plus de possibilité de cacher ses bilans, plus de délits d'initiés, plus d'anarque au crédit, plus de plus value immobilière. Tout le monde sait tout. Impossible. Qui y aurait intérêt? certainement pas les plus influents en tout cas. Donc impossible, CQFD.Voilà déjà pour jeter quelques bases à une discussion...
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D
Et pour illustrer contradictoirement mon propos, voici ce qu'on peut lire sur le blog d'Attali:<br /> <br /> "Pour retrouver une chance de gouverner le pays, la gauche devra avoir le courage de se fixer une ambition en apparence très éloignée de ses perspectives actuelles : mettre la mondialisation au service des plus faibles. <br /> Cela veut dire en admettre la réalité, ne pas espérer trouver une réponse aux problèmes des Français dans la fermeture, se brancher sur la croissance mondiale et accepter les exigences du changement. Cela veut dire enfin mieux préparer les plus faibles, c'est-à-dire les plus jeunes et les plus défavorisés, à tirer parti des formidables opportunités qui s’annoncent. Un tel choix aurait l’avantage de la cohérence. Peut-on l’espérer en politique ? "<br /> <br /> Et bien je ne suis pas d'accord avec ces promesses de curé!<br /> <br /> Je m'explique: on pourrait croire que mon opinion aurait quelleque chose de Lepéniste (la Marine l'a repris lors de la campagne) mais ce serait faire erreur encore une fois. Attali dans son article reconnait que le discours frontiste se dissous dans l'UMP, mais moi je pense que ce n'est pas à la droite(et elle ne le veut pas en matière économique)de le récupérer, mais à la gauche! A la gauche universaliste qui veut l'entente entre les peuples et non l'utilisation des uns contre les autres comme la mondialisation l'a fait jusqu'à présent.<br /> Le discours d'Attali me révulse: ce ne sont JAMAIS les faibles qui mangent les marrons chauds, mais c'est TOUJOURS eux qui les tirent du feu... La croissance mondiale n'aide pas les pauvres, elle tire sa substance de leur état de pauvres!<br /> <br /> Et d'agiter le brillant de la réussite occidentale comme avenir radieux du pauvre du pays pauvre(mais émergent!), c'est se foutre de la gueule du monde entier!<br /> Et de son avenir!<br /> <br /> L'exigence du changement voudrait qu'on n'entende plus parler d' Attali...<br /> Parce qu'avec lui, rien ne semble avoir changé depuis 40 ans...
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D
J'ai suivi ton conseil: j'ai enregistré le lien du site à Leclerc! Trèèèèèsssss bien...<br /> <br /> Quand il parle pas de BD, il exerce toujours sa mauvaise foi!<br /> <br /> Dans son dernier article économique il s'en prend à Jean ARTHUIS qui a osé accuser la grande distribution d'être responsable des délocalisations avec son incessante rengaine de toujours chercher des prix bas! Selon l'épicier ce ne serait absolument pas vrai!<br /> Comme c'est étrange!<br /> Faudrait qu'il m'explique pourquoi les produits venant de l'étranger se sont substitués aux produits nationaux dans les rayons de ses supermarchés?<br /> Et pourquoi depuis il a cherché à développer justement une gamme de produits du terroir? Pour contrer les arguments d'ARTHUIS? Pour le buzz publicitaire à effet inversé?<br /> <br /> Cette fameuse concurrence qu'il réclame à cors et à cris, quels seront les effets de son application? La baisse de ses propres marges ou celles des producteurs?<br /> <br /> Je pense que le niveau de pouvoir d'achat est proportionnel au coût de la vie, que payer plus cher sa nourriture de qualité et produite localement est moins coûteux que d'obliger le travail encore restant à cotiser pour le chômage...<br /> Pour cela il faut que la richesse mise en échange reste à portée de main des acteurs économiques et ne s'enfuie pas hors de nos frontières...<br /> <br /> La mondialisation est comme la liberté: elle s'arrête où doit commencer le bien être des peuples.
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A
Ne serais pas plutôt la question de comment encore continuer le plus longtemps possible à produire dans des conditions désastreuses pour l'environnement et pour le grand public ainsi que pour les pauvres employés épendeurs de pesticides et herbicides.Enfin j'espère que je me trompe et que votre démarche était vraiment sincère avec une motivation à passer en bio dans le futur...
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D
Ouais........<br /> <br /> (Péril... Gloire....)<br /> <br /> A vaincre sans honneur, on triomphe à la foire(meuraillon)
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