Déclaration de paix
Planète
aux veines bleues
qu’on a baptisée
Terre
Immensité
bornée par l’arpenteur
du vent
Fœtus
couvert d’étoiles
Vieux galion
de l’espace
Cadastre
ravaudé par quelques océans
L’homme est ta vraie forêt
Et
s’il manque un seul arbre
fusillé
torturé
Injustement absent
la tache indélébile
laisse sur ton feuillage
l’empreinte d’une main
plus rouge
que le sang
J’emprunte ce poème à Daniel Reynaud pour vous le donner à lire. Le poète « écriturier » de Barbezieux, magicien et joueur de mots sublime, sait toucher au
cœur. Impossible de faire des vœux pour l’année qui commence sans souhaiter d’abord comme lui que le renoncement à la violence et la volonté de paix l’emportent encore dans le monde. On peut sans
doute logiquement se rassurer en pensant comme Ghandi que heureusement c’est le bien qui gouverne le monde, parce que disait-il si c’était le mal l’humanité aurait disparu depuis longtemps.
L’équilibre paraît pourtant toujours très fragile, je vous le concède.
Ces dernières semaines, deux évènements majeurs ont fait craindre des réactions en chaine inquiétantes pour 2008. Crise financière d’un côté avec des banques qui ne
savent plus très bien, à force de se refiler des créances pourries (traduction imagée en français pour junk bonds) sur les marchés, ce qu’elles pourront recouvrer et ce qu’elles vont perdre. Les
banques centrales ont ouvert les robinets à fond pour éviter l’asphyxie. Jusque là ça va nous dit-on. C’est aussi ce que disait le type qui était tombé de tout en haut de l’Empire State building
en passant devant chaque étage. Mais là encore plutôt que de se faire peur avec Attali peut-être vaut il mieux se
rassurer avec le président du FMI, Dominique Strauss Khan, qui réfutait sur les ondes récemment la comparaison avec 1929 en indiquant que cela n’avait rien à voir, en ce sens que cette crise
était une crise de la production alors que nous sommes face à une crise financière à laquelle il est plus simple de faire face. Et puis la production en ce début d’année se porte on ne peut mieux
sur la planète.
De l’autre côté, la guerre contre le terrorisme commencée le 11 septembre 2001 atteint son apogée avec l’assassinat de Bénazir Bhutto au Pakistan. Ce n’est bien sûr
pas la mort d’une seule personne, aussi inacceptable et dramatique qu’elle puisse être, qui aggrave en soi les tensions dans cette partie du monde, c’est le refus obstiné de la démocratie que
symbolise ce crime qui en renforçant le camp du terrorisme fait peser de lourdes menaces sur les temps qui viennent. J’ai été une nouvelle fois très impressionné par l’analyse d’Alexandre
Adler sur le sujet dans le figaro de samedi. La mise en
perspective qu’il fait de ce crime est comme toujours avec lui d’une extrême clarté (j’ai mis un lien sur son nom pour que vous puissiez en prendre connaissance). C’est ce même refus de la
démocratie qui embrase maintenant le Kenya.
En France c’est le grand chantier de la réforme de l’organisation du pays qui dominera je l'espère l’action du gouvernement. Cela suscitera évidemment à coup
sûr de nouvelles fortes tensions dans la population. Il en va de même pour un pays comme pour une entreprise ou pour la stratégie de tout un chacun. Il est toujours très difficile
d'accepter la nécessité de remettre en cause l’existant parce que très logoquement la peur de l’inconnu se conjugue avec la volonté de préserver ce que l’on a expérimenté et que
l’on apprécie. Le problème c’est qu’il se trouve toujours un compétiteur plus innovant pour affaiblir et distancer malgré lui celui qui refuse d’évoluer assez vite. L’arme amorale du fauteur de
trouble c’est la technologie et son corollaire la productivité du travail. Dans un monde de plus en plus ouvert l’organisation du pays et les services publics sont aussi soumis à ces mêmes
concurrences. Nous sommes, et c'est heureux, très profondément attachés aux services publics dont nous bénéficions sur tout le territoire et au plus près des citoyens, y compris en zone
rurale. dans ce contexte chaque annonce de réorganisation est vécue à priori comme une perte de services, un désengagement de l’Etat supplémentaire et s’accompagne donc d’un refus. Ce reflexe est
pourtant à haut risque s’il est aussi aveugle que le sont les décideurs nationaux de la façon dont les choses se passent sur le terrain et de comment les citoyens s’organisent et vivent tout en
bas. La difficulté c’est bien qu’il faille à la fois faire l’effort de comprendre les motivations du mouvement qui nous inquiète pour mieux intervenir concrètement et positivement afin qu’il
soit tenu compte avec pragmatisme de l’intelligence du terrain.
Pour être concret j’ai en tête un exemple lié à la banque. J’ai participé il y a quelques jours avec les élus locaux, les clients (ou sociétaires), les agents
et les représentants de la banque verte à l’inauguration de la réorganisation intérieure de l’agence de Baignes. Il n’y a pas si longtemps quand cette même banque avait limité l’ouverture de ses
guichets au public pour qu’ils y effectuent leurs opérations bancaires courantes ou tout simplement qu’ils retirent de l’argent, je me souviens combien cette évolution avait été difficile à faire
accepter. Ce qui sous tendait cette réduction de l'activité du guichet c’était bien sûr la perspective à très court terme de la dématérialisation totale de toutes les opérations que chaque
client pourrait bientôt effectuer à toute heure sur un automate, par internet ou le téléphone. Dans un premier temps la compression du temps de guichet a donné lieu à de beaux embouteillages. Les
moins familiers avec la technologie qui appréciaient une assistance se sont sentis un peu exclus. Et puis au fil du temps la révolution technologique s’est bien produite comme prévu et chacun
bénéficie maintenant d’une liberté bien plus grande pour utiliser et gérer son argent le jour ou la nuit. L’agence est plus active que jamais et la proximité avec les clients a bien été maintenue
pour le conseil en placements ou l'étude d'un prêt qui nécessitent un interlocuteur bien en chair et en os, enfin pour l’instant. La proximité s’est donc considérablement développée grâce à
la technologie. Mon argent où je veux, quand je veux, cette proposition est devenue réalité. Si la résistance au changement ou l’immobilisme l’avaient emporté pour cet établissement il n’est pas
sûr du tout qu’il y aurait encore une agence du crédit agricole dans le bourg. Une banque plus performante aurait fini par racheter le groupe en déclin et l’histoire propre du repreneur ne
l’aurait pas forcément conduit à maintenir un maillage aussi dense sur le territoire. Le raisonnement est similaire pour la poste dont la réorganisation pose d’incontestables problèmes. Une
nouvelle fois le changement pourrait être conduit différemment pour qu l'on perçoive mieux à la fois les motivations, les contraintes et l'avenir du service. Là encore c’est bien le
comportement de chacun de nous associé à la technologie et aux réglementations qui poussent au changement. Ce qui doit nous garder optimiste c'est qu'il se confirme que le véritable
enjeu de communication pour nos territoires ruraux c’est avant tout maintenant l’accès internet à haut débit. C’est au moins autant sur ces infrastructures qu’il faut se mobiliser pour l'accès
aux services publics demain en zone rurale comme partout ailleurs.
Nous devons plus que jamais être curieux des évolutions technologiques, sans doute aussi les aimer un peu, pour participer efficacement pour nos territoires ruraux
aux bouleversements qui s’annoncent. On peut en revanche redouter que d’un côté nos gouvernants qui sont le dos au mur pour réformer agissent avec maladresse et sans discernement avec en
face sur le terrain une population en résistance à priori contre toute remise en cause de l’existant. Pour que le changement soit le mieux vécu possible il faut savoir en exprimer la nécessité,
la motivation, le sens, avoir du temps, associer, écouter et avoir aussi une détermination sans faille. Je souhaite pour mon pays et pour nous tous que nous sachions faire tout cela en
2008.
La transition est toute trouvée pour évoquer l’importance que revêtent les élections municipales et cantonales dans ce cadre en mars 2008. Puisque
localement le leadership du changement incombe d’abord aux élus locaux. C’est un moment précieux pour un territoire que celui où l’on peut choisir librement ceux qui auront la responsabilité
d’organiser la vie collective dans les communes et d’engager les investissements nécessaires à la dynamique de développement. Le général De Gaulle disait qu’il avait voulu l’élection du président
de la république au suffrage universel parce que seul le peuple était assez révolutionnaire pour faire un choix ambitieux qui bouscule les conservatismes. J’espère que cette fois encore les
électeurs sauront nous surprendre. Les électeurs ont cependant une tâche encore plus complexe depuis que les communes regroupées en communautés mettent en commun une part importante de l’action
qu’elles conduisaient seules auparavant. Je l’ai déjà dit mais cela doit être rappelé sans cesse, l’efficacité de la communauté dépend beaucoup de l’aptitude des délégués communaux à dépasser la
représentation de leur commune lorsqu’ils siègent à la communauté pour servir l’ensemble du territoire en matière de projet collectif, d’équipements et de services, sans parti pris géographique
trop affirmé lié à leur commune d’origine. Plus facile à dire qu’à faire quand même. Cela suppose aussi des capacités de négociation, de concertation, de dialogue franc et apaisé qui ne sont pas
aussi répandues que l’on pourrait le souhaiter. Selon le nombre de délégués de la commune à la communauté il est pour cela important de constituer les listes en recherchant les futurs
représentants très motivés qui permettront la constitution d’un conseil communautaire créatif et volontaire qui impulsera la dynamique dont l’ensemble communautaire a besoin.
Les perspectives pour 2008 comme toujours sont donc à la fois rudes et exaltantes. Mais pour les aborder sereinement avant toute autre chose je tiens à adresser
à chacun d’entre vous ainsi qu’à votre famille tous mes meilleurs vœux de bonheur, de bonne santé et de réussite.
Je forme aussi le vœu que vous soyez toujours nombreux en 2008 à consulter ce blog et à vous y exprimer librement.
Nouvel an à Taipei. Tour en feu d'artifice.
étonnant non!