10 Décembre 2007
Mardi après midi avec les membres du bureau de la section nationale pomme nous avons reçu Alexandre Martinez qui est chef du bureau des fruits et légumes à la DPEI (direction des politiques économiques et internationales) au ministère de l’agriculture. L’objectif de la réunion était de questionner ce représentant du ministère sur les projets à l’étude dans le domaine de l’organisation économique des fruits et légumes. Nous n’avons pas eu de scoop puisque le ministre a prévu de faire part de ses intentions lui-même avant la fin de l’année. Cependant nous savons que cette nième réorganisation a évidemment pour objectif de mettre en conformité le dispositif de l’organisation économique des fruits et légumes soutenu par l’Etat avec les exigences de l’organisation commune des marchés (OCM) elle-même toujours en cours d’évolution pour se conformer aux objectifs de l’organisation mondiale du commerce (OMC). Le but principal pour l’Etat étant sans nul doute de substituer aux quelques aides nationales encore versées à la filière le pourcentage complémentaire de fonds opérationnels européens accordé pour la gestion des crises. Si le raisonnement semble à priori pertinent le calage technique qui sera proposé aboutira à une nouvelle monstruosité administrative inefficace et ruineuse pour le contribuable européen. Pour que les aides européennes, ou françaises pour le peu qu’il reste, soient bien dans la boite verte, selon les critères de l’OMC, des conditions d’obtention particulièrement drastiques sont définies qui les rendent inutilisables pratiquement par les entreprises. Enfin chacun tente au prix de contorsions très difficiles de mobiliser quand même ces aides pour ne pas risquer d’être moins compétitif que son concurrent qui aura peut-être lui aussi réussi à les obtenir. Comme l’Etat craint de devoir rembourser à l’Europe les aides qui seraient attribuées sans une complète conformité avec le cadre ésotérique européen, il gonfle sans cesse les administrations de contrôle affectées à l’inspection des dossiers. L’interprétation des textes étant très variable selon les interlocuteurs, l’insécurité juridique est forcément très importante et les contentieux sont nombreux. Voilà encore un cas qui pourrait utilement démontrer que l’argent prélevé au contribuable a plutôt affaibli l’efficacité économique européenne en même temps que le pouvoir d’achat du citoyen. Au fur et à mesure que les soutiens publics français à la filière fruits et légumes s’amenuisent les effectifs de l’office Viniflhor augmentent. Autant de ressources humaines qui auraient bien plus leur place dans l’économie productive. En fait il n’y a que deux solutions à envisager maintenant que nous savons l’absurdité de ces politiques, renationaliser les aides à l’agriculture ou les supprimer totalement en obtenant qu’il en soit de même dans tous les autres pays du monde. Les effets pervers des systèmes d’aide sont infinis et pourtant seule la paralysie complète du système permettra de décider un jour d’y mettre fin. L’obsession de ces mécanismes détruit au passage ce qui me semble t-il était pourtant précieux et fondamental dans l’organisation collective de la production c'est-à-dire la connaissance de l’offre, l’analyse des marchés, la veille stratégique nationale et internationale, la recherche et l’innovation technique.
Je suis arboriculteur, viticulteur et maire de Reignac. Mais aussi Président de l'Association Nationale Pommes Poires, membre de WAPA (World Apple and Pear Association) et secrétaire général d'Interfel.
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