12h45. Marc Censi, président de l’Assemblée Des Communautés de France, qui participait ce matin avec Jean Louis Borloo à une réunion des exécutifs territoriaux
présidée par le premier ministre François Fillon, a réussi à convaincre le ministre d’Etat de venir à la maison de la chimie dire quelques mots « à la famille ». Borloo a en effet
fait partie du bureau de l’ADCF quelques années plus tôt. Son allocution a été courte, peu de mots, mais quel talent pour exprimer l’essentiel et faire partager à toute l’assemblée l’envie d’un
monde meilleur. Le développement durable selon lui est « le seul combat obligatoire, laïque et universel qui est devant nous ». Il a su toucher la corde sensible des élus locaux en
magnifiant l’action publique ; « agir sur toutes les facettes du quotidien en intégrant les mobilités, les handicaps, les potentiels… ». Son vrai talent c’est de faire partager les
objectifs du Grenelle de l’Environnement à tous les acteurs concernés, qui devront pourtant faire des efforts considérables, qu’il sait rassurer en leur garantissant que rien ne se fera sans eux.
Borloo parle sans notes, on sent le cœur et les tripes, et ça marche. Rien à voir avec le ministre de l’intérieur, MAM (Michèle Alliot Marie), qui intervenait après les discours concrets et
fouillés de Jean Paul Huchon, le président de la région Ile de France et de Marc Censi. Chacun attendait pourtant beaucoup de son intervention dans le grand amphi de la maison de la chimie
à Paris ce matin. Années après années, à chaque congrès de l’ADCF, l’analyse des difficultés est détaillée par tous les participants, les pistes de réforme semblent claires et de mieux en mieux
expliquées par les uns et les autres et pourtant très bizarrement la Ministre est apparue totalement en décalage et bien loin d’être en capacité d’annoncer le moindre plan d’action concret. J’ai
cru comprendre qu’elle n’avait découvert l’intercommunalité à St Jean de Luz que l’an passé. L’éventuelle remise en cause du 1000 feuilles français, dont elle semble quand même consciente quant
elle s’exprime, paraît être différée avec elle aux calanques grecques. Pourtant une nouvelle fois pendant ces deux jours tout a été dit par les participants. Je pense à ce sénateur qui annonce
avoir demandé à son président de conseil général de lui calculer le coût administratif des instructions multiples des projets des collectivités cofinancés par tous les étages politiques du pays.
Comme chacun sait, rien ne se fait en France sans que toutes les strates du 1000 feuilles français n’interviennent. Le coût de cet enchevêtrement de prélèvement fiscaux et de financements a un
coût exorbitant. A l’heure ou la dépense publique pose de graves problèmes à la France il est bon de rappeler sans cesse qu’il faut commencer par réformer notre organisation. On peut faire mieux
et moins cher c’est évident, L’attente est aussi récurrente en ce qui concerne l’achèvement de la carte intercommunale et le regroupement des communautés dont le périmètre est insuffisant
pour permettre les économies d’échelle attendues. Chacun se demande d’ailleurs à quoi vont bien pouvoir servir les schémas départementaux de l’intercommunalité si le ministère de l’intérieur
n’est pas plus motivé pour agir. Il est à noter aussi qu’au cours de ces deux jours de convention aucun intervenant ni personne dans le public n’a prononcé le mot « pays ». Je
suppose qu’ils sont définitivement considérés comme le strict prolongement de « l’intercommunalité de projet », comme une coopération libre entre communautés de communes voisines. Mais
au passage il me semble que l’on occulte trop la responsabilité de fait des pays dans la résistance des communes isolées à adhérer à une communauté ou des petites communautés à fusionner entre
elles. Le pays dans sa réalité vécue est un formidable frein à l’achèvement de périmètres intercommunaux pertinents. Le grand sujet du jour était aussi la spécialisation des compétences entre les
différents niveaux de collectivités. La majorité des élus présents à la convention valide pourtant la compétence générale au couple communes/communautés mais appelle dans le même temps de ses
vœux une spécialisation des compétences pour une nouvelle entité qui résulterait de la fusion entre les départements et la région. Il y a une révolution de grande ampleur à engager pour gagner en
efficacité. Une organisation plus simple et plus claire aurait le mérite de motiver les élus et de les mobiliser sur l’essentiel, c'est-à-dire rendre aux citoyens les services qu’ils attendent de
la collectivité. Peut-être faut-il être optimiste et considérer que la discrétion du gouvernement sur la réforme de l’organisation territoriale du pays, remarquée par Jean Paul Huchon qui
s’étonnait que ce travail ne fasse pas partie de la mission de la commission Balladur, n’est liée qu’à la proximité des échéances électorales de l’an prochain.