30 Janvier 2017
En révélant que Pénélope Fillon a été rémunérée comme attachée parlementaire de son mari entre 1998 et 2002 puis de son suppléant entre 2002 et 2007 et en insinuant qu’il s’agirait d’un emploi fictif, le Canard Enchainé a provoqué une déflagration politico-médiatique immense qui impacte durement la campagne présidentielle.
Un autre emploi à la Revue des Deux Mondes entre 2012 et 2013 appartenant à un ami fortuné de François Fillon, Marc Ladreit de Lacharrière, est suspecté également de ne pas avoir eu la contrepartie de travail à la hauteur de la rémunération perçue.
Et puis ce matin, ce sont plusieurs chèques entre 2005 et 2007 pour moins de 21000 euros au total nous dit-on, issus de reliquats de l’enveloppe destinée aux attachés parlementaires, que François Fillon, comme d’autres sénateurs UMP, aurait touché. Une enquête est en cours sur la légalité de cette utilisation depuis quelque temps déjà et vise une période plus récente.
Suite à ces révélations et aux soupçons d’emplois fictifs dont aurait bénéficié Pénélope Fillon, le parquet national financier a immédiatement ouvert une enquête et la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique s’est empressée de transmettre les documents en sa possession.
Pour l’opinion publique, c’est évidemment une affectation d’argent public ressentie comme abusive qui choque. D’autant plus quand elle concerne un candidat à l’élection présidentielle qui a fait de la probité et de la diminution de la dépense publique sa marque de fabrique.
C’était l’effet recherché par le Canard et ses informateurs et il faut reconnaître que c’est parfaitement réussi. La campagne de François Fillon est pour l’instant médiatiquement brouillée, ses soutiens inquiets et la menace d’une mise en examen, bien que très peu probable, laisse planer le doute sur sa capacité à aller au terme de l’élection.
Comme l’a dit Jean Luc Mélenchon à Angoulême, « cette campagne est folle ». A trois mois de l’échéance, le seul programme sérieux et responsable connu à ce jour pour permettre au pays et aux français de redresser la barre est occulté par l’évaluation tatillonne et la légitimité des revenus déclarés et imposés de la femme du candidat entre 1998 et 2007, soit 10 à 20 ans plus tôt, et pendant un peu moins de deux ans entre 2012 et 2013.
Je ne sais pas quelles seront au final les conclusions de l’enquête, mais il me semble utile de mettre en perspective cette révélation du Canard Enchainé et ses répercussions judiciaires, médiatiques et politiques.
La France entière apprend depuis quelques jours que chaque député et sénateur est doté d’un budget pour rémunérer ses assistants et qu’il est libre d’utiliser celui-ci comme il l’entend. S’il emploie un membre de sa famille, la rémunération ne peut pas dépasser la moitié de l’enveloppe. Et il est précisé aussi que l’emploi ne doit pas être fictif.
Nous constatons aussi qu’il existe une Haute Autorité pour la transparence de la vie publique et un parquet national financier prompts à intervenir à la suite d’une révélation par la presse.
Il est étonnant que personne ne se soit interrogé pour savoir si ces deux organismes ne sont pas des repaires eux-mêmes à emplois fictifs. Parce que le minimum que l’on pourrait attendre d’eux c’est qu’ils aient enquêté et qu’ils soient intervenus si nécessaire avant d’être interpellés par le Canard Enchainé.
Puisque les révélations ne concernent pas des éléments non déclarés mais bien au contraire des emplois et des rémunérations parfaitement officiels et connus de leurs services.
Le minimum que les citoyens sont en droit d’attendre, c’est qu’avant d’être réveillés par le Canard Enchainé, les fins limiers de ces équipes aient fait leur travail pour que les citoyens soient assurés que contrats et rémunérations gérés et déclarés par nos députés et sénateurs sont légaux et contrôlés.
Qu’avec plus de dix ans de retard et parce que la presse en fait sa une, les enquêteurs se mettent au travail est parfaitement inquiétant. Comment imaginer qu’un candidat déclaré à la plus haute fonction du pays ne fasse pas l’objet d’un passage au crible de sa situation personnelle pour sa partie parfaitement connue et déclarée? Comment accepter que ce ne soit qu’après qu’un candidat ait gagné ses primaires et trois mois avant l’élection que le système se mette enfin au travail pour faire les vérifications que l’on attendait de lui avant, pour que le choix démocratique soit fait en connaissance de cause?
Comment accepter que lorsqu’un journal met en exergue une information comme celle-ci le parquet national financier et la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique n’aient pas déjà toutes les réponses à donner ?
Au regard de l’impact politique dans l’opinion publique de la dénonciation par la presse, l’absence d’enquête préalable d’organisations dont c’est le travail et la mise en branle judiciaire précipitée qui s’ensuit sont lourds de sens. Pour ne pas avoir fait le travail avant et donc ne pas avoir garanti à l’électeur la légalité de l’utilisation passée du budget alloué à l’élu, parquet financier et Haute Autorité influencent directement et gravement l’élection à venir.
Bien plus que de savoir rétroactivement si l’emploi était fictif ou non, c’est le mode opératoire des vérifications qui se mettent en œuvre aujourd’hui qui est d’une gravité exceptionnelle. Elles font durer le rabâchage médiatique des soupçons parce que l’enquête qui aurait du être faite avant ne se fait étonnamment que maintenant.
Il est aussi parfaitement détestable de s’apercevoir que l’absence de garanties données aux électeurs de la part des autorités de contrôle dans ce domaine donne tous pouvoirs à la presse pour choisir l’élu à suspecter et à contrôler.
On a ainsi pu constater dans la presse locale et nationale que les critères qui motivent l’enquête en cours justifieraient qu’une démarche du même type soit diligentée auprès d’un grand nombre d’élus. Si une pratique doit se révéler répréhensible, il serait préférable que les électeurs le sachent avant l’élection et que ce ne soit pas à la presse de dire quand elle le décide qui il faut suspecter ou non.
A mon sens en n’agissant pas avant, en n’opérant aucun contrôle, l’Etat, le Parlement, le Sénat ont légitimé une définition très large du travail d’assistant parlementaire et ont laissé presque toute liberté à l’élu dans l’utilisation du budget qui lui est alloué. C’est à l’électeur seul qu’il revenait de valider ou de sanctionner le travail de l’élu. Mais lorsqu’un coup de projecteur est mis sur une situation particulière, plus personne, même pas les autorités de contrôle n’assument devant le peuple leur validation tacite.
Ce nouvel épisode après tant d’autres doit permettre de franchir un pas de plus dans les règles de transparence à observer pour les élus de la République.
Pourquoi ne pas adopter alors les mêmes principes en vigueur au Parlement européen et interdire tout bonnement l’emploi de membres de sa famille comme assistants parlementaires par les députés et les sénateurs, voire au-delà?
Ou à tout le moins demander à la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique de délivrer annuellement un certificat de conformité à l’élu pour la réalité des emplois qu’il pourvoit et pour l’utilisation qu’il fait des fonds qui lui sont alloués. Le flou actuel alimente les suspicions et affaiblit dangereusement la démocratie.
François Fillon a réussi son meeting hier à Paris devant plus de 10000 personnes et d'éminents représentants de la droite et du centre. Son projet pour la France et l'énergie qu'il met à le porter depuis des mois, et encore plus maintenant avec les obstacles qui surviennent, justifient pleinement que nous soyons tous mobilisés derrière lui.
Je suis arboriculteur, viticulteur et maire de Reignac. Mais aussi Président de l'Association Nationale Pommes Poires, membre de WAPA (World Apple and Pear Association) et secrétaire général d'Interfel.
Voir le profil de Daniel Sauvaitre sur le portail Overblog