15 Juillet 2015
Les guignols sont menacés sur Canal plus parait-il ? Je me suis demandé hier en écoutant le Président de la République s’il n’avait pas pour projet d’assumer seul le spectacle satirique. Parce que sa marionnette n’est finalement qu’une pâle copie de l’autodérision qu’il s’autorise devant les caméras un 14 juillet.
Il ne faut en effet pas manquer d’audace et d’humour noir pour venir expliquer que l’accord conclu lundi matin est une bonne nouvelle pour l’Europe et pour la Grèce dont la France peut s’enorgueillir.
Je m’empresse d’ailleurs d’écrire ces quelques lignes pour prendre date, tant les évènements qui vont survenir dans les prochaines heures démontreront l’absurdité de ce qui a été décidé.
Il est demandé à l’extrême gauchiste Tsipras de faire voter en trois jours et de mettre en œuvre dans la foulée une refonte de la Grèce que même David Cameron après Thatcher et Blair n’imaginerait pas réussir dans son pays pourtant acculturé à ce libéralisme là.
Si tant est qu’il obtienne l’accord de son parlement cette nuit, lui qui dit ne pas croire à cet accord qu’il a signé sera bien incapable de le concrétiser.
Le réalisme des dirigeants de la zone euro aurait plutôt du les conduire à choisir entre deux solutions douloureuses.
La première consistait à payer le prix pour garder la Grèce dans l’euro. C'est-à-dire à accepter que les grecs se soient dotés d’un gouvernement d’extrême gauche, loin des idées politiques de l’Europe du nord, réduire drastiquement leur dette et les biberonner d’argent frais en grappillant à la marge quelques évolutions sur l’organisation de l’Etat, des impôts, des retraites et du marché du travail. Une façon d’acheter la paix sur l’euro et d’en assumer le vice fondamental de construction.
La seconde aurait en revanche parfaitement reconnu l’erreur originelle de la création d’une monnaie dissociée des choix économiques et politiques des pays membres. Pour cela il aurait été nécessaire d’organiser avec la Grèce sa sortie maitrisée de l’euro. C’était la seule façon de tenter d’un côté de raffermir rapidement avec les peuples et leur gouvernement le pacte des pays membres restant et de l’autre de permettre à la Grèce de retrouver de l’attractivité par la baisse de la valeur de sa monnaie et une lecture directe par la cotation de celle-ci des effets de ses choix démocratiques.
Il semble que le ministre des finances allemand, Wolfgang Schauble, regrette aujourd’hui que ce ne soit pas cette option qui ait été prise.
A mon sens rien n’a été réglé par cet accord à l’arraché qui ne peut pas être mis en œuvre. Et réduire la dette maintenant comme il est demandé par le FMI pour intervenir encore ou comme Emmanuel Macron le préconise supposera que la Grèce quitte l’euro. Parce que les allemands et quelques autres pays ne l’accepteront qu’à cette condition. Et puis les concepteurs de l'euro qui ont voulu compenser l'absence de gouvernement commun de pays ayant la même monnaie l'ont clairement interdit par le traité. No bail-out qu'ils ont dit.
La Grèce n'aurait jamais du entrer dans la zone euro. La Commission n'aurait jamais du faire entrer la Grèce dans l'euro. Et au delà de ce cas extrême le vice de construction originel promet d'autres situations équivalentes à venir. Effrayant non?
A suivre….
Je suis arboriculteur, viticulteur et maire de Reignac. Mais aussi Président de l'Association Nationale Pommes Poires, membre de WAPA (World Apple and Pear Association) et secrétaire général d'Interfel.
Voir le profil de Daniel Sauvaitre sur le portail Overblog