13 Juillet 2014
Fini de rire mes fiers lecteurs et doux poètes. L’heure est grave. La nouvelle carte des régions dessinée par François Hollande et amendée par le maire de Tulle pourrait bien être votée sous peu par les socialistes à l’Assemblée Nationale. Contre la volonté majoritaire des élus de Poitou Charentes, tous bords confondus, notre Région se trouverait ainsi fusionnée avec la Région Centre. Alors que le Limousin, exaucé, rejoindrait maintenant sans coup férir l’Aquitaine.
Aveugle, absurde, tous les qualificatifs ont été employés pour dénoncer le parti pris solitaire et autoritaire de l’Elysée. La démocratie participative dont on nous a tant rebattu les oreilles ne concerne en fait que le petit cercle familial du chef de l’Etat. Et le résultat est en tout point désastreux.
Il ne reste donc que très peu de temps pour convaincre les députés de voter la semaine prochaine un amendement pour rattacher le Poitou Charentes à l’Aquitaine. Tous les arguments ont déjà été développés excellemment par les uns et les autres pour justifier ce choix. Ils sont disponibles pour étayer notre exigence jusqu'à satiété.
Comment se fait-il alors que nous n’ayons pas été entendus malgré le barouf que nous avons fait sur cette revendication légitime? Comment le rapporteur et député Carlos Da Silva a-t-il pu sans sourciller déclarer qu’il n’avait décelé lors de ses nombreuses auditions aucun problème avec la carte du Président, si ce n’est en Limousin? Mais strictement rien du côté de Poitou-Charentes.
La Charente envoie pourtant au Sénat deux sénateurs et deux députées à l'Assemblée Nationale, tous socialistes. Le troisième député, jusque là socialiste lui aussi, mais très dépité, s’est converti récemment au radicalisme de gauche. On pouvait légitimement penser que sur cette question nous avions le quinté gagnant, si parfaitement en osmose avec le pouvoir en place. D’autant plus que presque tous les élus de Charente, de droite comme de gauche, sont unanimes pour demander aussi, derrière eux, le rattachement du Poitou Charentes à l’Aquitaine. Ce qui est aussi le cas en Charente Maritime, en Vienne et à un degré moindre en Deux Sèvres.
La Charente est manifestement le seul département de France à ne pas être sur écoute. Ici, c’est le triangle des bermudas pour l'Etat et le PS. Rien de ce qui se dit dans le département n’atteint Paris. Même le lournal Le Monde qui évoquait sur son site hier la Région Limoucentre à travers une personnalité de chaque département des trois régions a omis la seule Charente.
C’est sans doute faible de ce constat que Michel Boutant, sénateur et Président du Conseil Général, a pris la décision de créer l’évènement et d’attirer les lumières médiatiques sur la Charente. Par un courrier envoyé électroniquement aux élus charentais et à la presse, Michel annonce qu’il ira s’asseoir devant la préfecture à compter d’aujourd’hui à 14 heures jusqu’à ce qu’il obtienne gain de cause. Il invite tous ceux qui soutiennent ces assises à venir le rejoindre devant la cour de monsieur le Préfet.
Il suffit maintenant que le Parisien et TF1 voient l’opportunité d’un sujet avec ce sénateur accroché à son siège devant les grilles de la préfecture pour qu’enfin les députés PS et les autres prennent en considération nos demandes. A l’heure des mails, des SMS et du téléphone, il y a de quoi être surpris qu’il faille avoir recours au sensationnel pour capter l’attention des collègues d’un même parti. Mais, en l’absence d’influence politique nationale suffisante, c’est le seul moyen semble t-il de se faire entendre.
La presse s’est faite l’écho ce matin de ce que le CESER n’a pas convaincu Michel Gourinchas, le maire de Cognac, avec son rapport de circonstance et sur commande. L’incapacité du Conseil Economique et Social Régional à proposer un choix pour le rattachement de Poitou Charentes interroge évidemment sur l’utilité qu’il y avait à lui demander un avis. En revanche, en traitant très justement ledit rapport de faux-cul, Michel a suscité une brillante répartie de Michel Hortolan, le président de l’indécision durablement perdu dans ses conjectures éthérées. Elle compense largement l'insatisfaction sur le rapport. Je vous la livre : « On est certes une région charnière, mais faudrait pas nous prendre pour des gonds ».
Et puis sur Facebook, c’est Jérôme Lambert qui s’est rappelé au bon souvenir de son ancien camarade Michel en lui indiquant qu’il serait plus pertinent pour lui d’aller s’asseoir rue de Solférino, devant le siège du PS. Puisque c’est là que réside la capacité à changer le cours des choses.
Mais seule l'Histoire pourra dire si s'asseoir ici sur un pliant sans canne à pêche (aux voix) permet d'avoir gain de cause et de se faire réelire dans un fauteuil.
Pour ce qui me concerne, je n’irai m’asseoir nulle part. Parce que je suis physiquement vent debout contre le scénario annoncé. Je sollicite donc de mon côté les députés UMP pour qu’ils votent tout amendement qui permettra le rattachement du Poitou Charentes à l’Aquitaine.
Comme vous mes chers lecteurs je suis un charentais en pétard (mouillé) en cette veille de 14 juillet. Que notre colère explose bruyamment et résonne jusque sous les ors du palais Bourbon pour casser enfin l'hémiplégie dans l'hémicycle sur cette question du découpage régional.
Je suis arboriculteur, viticulteur et maire de Reignac. Mais aussi Président de l'Association Nationale Pommes Poires, membre de WAPA (World Apple and Pear Association) et secrétaire général d'Interfel.
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