7 Mars 2011
Isabelle Saporta était l’invitée de l’émission de Laurent Ruquier, « on n’est pas couché », samedi soir à 23 h sur France 2. Un plateau télé assez indigeste, vous vous en doutez, qui a malheureusement tenu ses promesses. Crise de foi assurée pour les téléspectateurs peu avertis et trop facilement influençables.
Du labour bien profond, assez peu écologique, qui a remonté en surface tout ce que cette semeuse d'un nouveau genre a pu trouver de fientes puantes à épandre.
J’ai pensé utile de vous permettre d’apprécier sur pièce l’exploit de cette diplômée de sciences po. Je remercie Sandrine d’avoir eu le courage, en se bouchant le nez, de retranscrire, tard hier soir, une partie des dialogues autour des pommes qui figureront à jamais dans le bêtisier de cette éminente journaliste d'investigation.
Extrait de la partie concernant la pomme
A propos du Bio
L. Ruquier :
Le bio qu’on trouve dans les supermarchés, c’est vraiment du Bio ?
I.Saporta :
Alors le vrai problème, c’est que comme nous en France, on met pas assez d’argent sur le bio, on importe énormément, et là, le bio importé, la pomme argentine, je vous cache pas qu’au niveau du bilan carbone c’est zéro.
E. Zemmour :
Les méthodes agricoles d’avant, c’était formidable, seulement il y avait des disettes, des famines et on mourrait à 40 ans. Les méthodes agricoles d’aujourd’hui elles sont pourries, on mange de la merde, mais on vit jusqu’à 100 ans… et on vit en meilleure santé et il n’y a plus de famines
L. Ruquier :
Ah… Pas faux
…. (argumentation d’I. Saporta sur les cancers et l’espérance de vie)
Plus loin
E. Zemmour :
Reconnaissez qu’avant, il y avait des famines, on mourrait à 40 ans, alors que maintenant, avec cette agriculture que vous vilipendez justement, parce que je vous suis, c’est pas une critique mais c’est la question que je me suis posée à la fin de votre livre.
I.Saporta :
Eh bien c’est pour ça que je vous dis que moi, je ne défends pas l’agriculture de papa mais une agriculture… C’est-à-dire que tout l’argent qu’on a mis dans la recherche pour les pesticides, etc, j’aimerais qu’on la remette dans la recherche agronomique. Moi j’ai rencontré des chercheurs incroyables qui travaillaient sur la génétique des pommes et qui essayaient de retrouver les variétés anciennes qui étaient résistantes toutes seules, sans avoir besoin de traitements. Ils sont en train de faire des travaux incroyables en génétique. Pourquoi on ne met pas du pognon sur cette génétique qui permettrait de moins traiter… et en plus mettre de l’argent dans les produits phytosanitaires dont pas une seule des entreprises n’est française donc en plus c’est de l’argent qui part de chez nous, et pourquoi on ne met pas de l’argent dans notre recherche ?
L. Ruquier :
La pomme aujourd’hui elle tombe quand on veut qu’elle tombe
I.Saporta :
Exactement
L. Ruquier :
Ça c’est quand même incroyable !
I.Saporta
Hormones de croissance, hormones de décrochages, hormones d’accrochage…
L. Ruquier :
Hormone de décrochage, ça ça me plaît, je savais pas que ça existait ! ça veut dire qu’on leur file des trucs (rires), enfin… on pique la pomme…
I Saporta :
Oui c’est ça
L. Ruquier :
…pour quelle tombe un jour donné quasiment, hein ?
I.Saporta :
Si vous voulez la pomme c’est le fruit préféré des Français mais c’est aussi le fruit le plus traité qui soit. Et donc si vous voulez ils se sont rendu compte… vous savez la floraison elle peut s’étaler sur plusieurs jours, sur plusieurs semaines…
L. Ruquier :
Et ben il faut pas ?
I.Saporta :
Non. Eh non parce qu’on est dans un régime productiviste donc tout en fleurs à la même date, tout en pommes à la même date. Donc du coup on leur met des hormones d’accrochage pour que même les pommes qui auraient pas dû s’accrocher parce que… voilà…elles s’accrochent. Le problème, c’est qu’après, elles s’accrochent toutes, et donc là y en trop… et là il faut mettre des hormones de décrochage, parce que sinon y en a trop donc ça c’est complètement absurde, donc on met des hormones de décrochage, et si vous voulez, du coup, voilà… et entre temps antitavelure, anti ci, anti ça parce que vous comprenez dès il pleut c’est un risque et ici on joue à pommes réelles…
L. Ruquier :
….
Bon le livre est intéressant, vous avez un dernier commentaire à faire Eric Naulleau, vous avez un peu moins parlé que Zemmour…
E. Naulleau :
Sur la chaîne de responsabilités, vous sinuez un peu les agriculteurs… On sent que vous n’avez pas envie de vous retrouver avec une tonne de fumier devant votre appartement…
I.Saporta :
Et pourtant… il est possible que…
L. Ruquier :
Y en a un qu’a mis votre adresse et votre n° de téléphone sur Internet !
I.Saporta :
Exactement ! en disant qu’il fallait venir me chercher avec une fourche ou avec une tonne de lisier… vous voyez, c’est quand même sympa …
E. Naulleau :
Et puis ce que vous négligez un peu, c’est la responsabilité du consommateur quand même…
Quand j’ai appris qu’elle était programmée dans cette émission, j’ai immédiatement pensé qu’il pouvait être utile d’adresser quelques informations à Eric Zemmour. Ce qui fut fait tôt vendredi matin. Le problème c’est que l’émission était enregistrée depuis la veille, comme me l’a gentiment répondu celui qui aurait pu être un contradicteur un peu plus pugnace.
Je vous mets en pièces jointes deux articles paru hier dans la presse qui m’ont semblé donner quelques clés pour comprendre dans quel environnement le paysan exerce son activité.
le premier est du à Jean Claude guillebeaud dans sud Ouest dimanche et le second au philosophe agenais Michel Serres. Un antidote parfait à l’infâme bouillie que je vous ai imposée juste avant.
Je suis arboriculteur, viticulteur et maire de Reignac. Mais aussi Président de l'Association Nationale Pommes Poires, membre de WAPA (World Apple and Pear Association) et secrétaire général d'Interfel.
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