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De l’utilité du coup de balai contre certains aspirateurs.

Dans le Mélenchon tout est bon pour hausser le ton. Il est à la fois pas fin et cultivé ct’apôtre. Mais la bêtise politique selon Jean Luc est quand même définitivement insondable camarades. Pourtant, un sondage paru cette semaine révèle qu’un tiers des français apprécie quand même son parler « dru et cru ». Certaines idées passent donc mieux quand on n’y met ni les formes, ni le ton. J’ai donc pensé lui emprunter ce (grand) soir son « coup de balai » à ce malpropre, mais pas pour les mêmes fins, comme vous allez le constater mes chers lecteurs.

« Ta franchise te perdra » avait l’habitude de me dire mon grand-père, convaincu que toutes les vérités n’étaient décidemment pas bonnes à dire. J’ai survécu jusqu’à ce jour à la prophétie et il n’est heureusement plus temps de me préserver de révéler les nombreux pots aux roses.

Je vous illustre d’une petite histoire le dilemme qui me turlupine depuis des lustres mes chers lecteurs. Elle m’a été racontée il y a longtemps par un ami juif adepte de l’autodérision.

Un petit garçon, au retour de l’école, demande à son papa commerçant de lui expliquer ce que c’est que cette honnêteté dont a parlé le jour même la maîtresse. Un peu affolé, le papa se creuse la tête et cherche un exemple pour imager la définition.

« Ah, ça y est, je sais mon fils. Je vais t’expliquer la grave question de l’honnêteté. Voilà, tu es derrière le comptoir dans le magasin et ta meilleure cliente qui t’achètes toujours les plus belles pièces les plus chères te tend un billet de 100 euros pour te payer. Là, tu prends le billet et au toucher, tu sens quelque chose d’anormal. Discrètement, avec tes doigts, tu frottes le billet et tu t’aperçois qu’il y a un deuxième billet de 100 euros qui est collé sous le premier. Alors, c’est là mon fils qu’elle se pose la très difficile question de l’honnêteté. Parce qu’à ce moment précis tu dois te demander : « est-ce que j’en parle, où est-ce que je n’en parle pas…à mon associé. » »

Je pense aussi à une discussion enflammée que j’avais eue avec un livreur de bouteilles de gaz qui m’avait pris en auto stop au Maroc, lors d’une de mes longues escapades de jeunesse. Je m’étais permis de m’offusquer qu’il ait du glisser quelques dirhams avec son permis de conduire aux policiers qui nous avaient arrêtés. Passablement agacé de mon ton moralisateur il m’avait assez sèchement répondu : « Tu es libre de faire ce que tu veux ici. Si tu n’es pas d’accord avec la corruption, tu n’es pas obligé de donner de bakchich ».

Je suis un multirécidiviste sur le sujet dont je veux vous entretenir. Déjà en 1992, devenu président du centre d’économie rurale de la Charente, j’avais écrit un éditorial qui s’intitulait: « Subventions, piège à contribuables. » Et j’avais repris cette magnifique brève de comptoir recueillie par Jean Marie Gourio auprès d’un immense philosophe d’un jour dans quelque estaminet : « la plus grande invention de la science, c’est la subvention ».

Pas facile quand on est en situation de devoir équilibrer son compte d’exploitation d’entreprise, les ressources de son association ou le budget de la collectivité que l’on gère, en optimisant nécessairement tous les dispositifs d’aide institués, d’en dénoncer dans le même temps le principe et les travers.

Mais voilà, à l’heure où nous devons impérativement redresser les comptes publics tout en baissant les prélèvements obligatoires pour améliorer la compétitivité du pays et faire repartir la croissance, l’omerta n’est plus possible.

La première question posée est la suivante. Existe-t-il des soutiens financiers auprès d’entreprises ou de particuliers dont la suppression ne serait pas préjudiciable aux bénéficiaires et dont les ressources humaines affectées à l’encadrement des flux pourraient être libérées pour rejoindre la production des biens et des services, conduisant ainsi à une diminution d’autant des prélèvements auprès des contribuables ?

La deuxième question est un peu différente. Existe-t-il des tuyauteries financières entre le contribuable et l’emploi public final dont la simplification diminuerait les pertes en ligne ?

Le fameux chantier des réformes structurelles nécessaires à l’amélioration de l’efficience publique pour améliorer la compétitivité du pays, c’est d’abord celui là. En tout cas, quand plus aucune marge n’existe pour augmenter la dépense publique, pas plus que les prélèvements sur l’économie et les contribuables, alors que dans le même temps les fonctions régaliennes de l’Etat sont mal remplies, le chantier doit être ouvert d’urgence. Le redémarrage de la croissance et la baisse des coûts de fabrication en France passe d’abord par là.

Prenons quelques exemples pour comprendre concrètement l’absurdité du système et les bénéfices à recueillir de sa remise en cause.

Les autorités européennes dont on entend chaque jour qu’elles tancent les gouvernements pour qu’ils redressent leurs comptes, ou qu’ils obtempèrent pour respecter telle ou telle mesure qu’ils ont collectivement acceptée, sont responsables des pires monstruosités économiques et financières qui puissent se concevoir. La majeure partie du budget européen qui représente 1% du PNB des pays membres serait bien mieux dans la poche des contribuables que confié à ces donneurs de leçon imbéciles qui perturbent gravement à gros frais les marchés et la concurrence. Et qui sont passés maîtres dans l’art de faire fondre l’argent collecté avant l’utilisation finale. Voilà un premier vivier de forces vives que la prochaine révolution culturelle ferait bien d’envoyer à l’usine ou aux champs.

L’administration européenne est surtout connue pour ses réglementations et ses subventions. Les populaires subventions étant sensées contrebalancer la rudesse des réglementations souvent tatillonnes et absurdes.

Ecornons un premier dogme. Non la PAC n’est pas la première merveille européenne. Que le prix mondial des céréales monte ou qu’il baisse, le montant forfaitaire à l’hectare versé par l’Europe reste le même. Qui peut en 2013 sérieusement soutenir que comparativement à d’autres activités de production industrielle il est nécessaire de perpétuer ce système. Voilà une activité économique fortement mécanisée, avec une part de main d’œuvre dans le prix de revient très faible. Les coûts de production sont constitués d’intrants, d’énergie, de mécanisation et les résultats agronomiques sont dépendants du climat, de la qualité des sols, de la performance des semences et de la technicité de l’agriculteur. Le prix de vente est fonction de la qualité et du rapport entre l’offre et la demande mondiale. Les subventions tant américaines qu’européennes agissent sur les cours mondiaux en ce qu’elles sont intégrées en diminution du prix de revient pour les producteurs concernés. A votre avis que se passerait-il si ces productions n’étaient plus subventionnées par l’Europe et les Etats Unis? En quoi le prix de revient serait-il plus défavorable en Beauce que dans la Corn Belt ou en Ukraine? Un supprimant ce pan de la PAC et l’administration qui la gère tant en France qu’à Bruxelles, et à condition bien sûr de baisser les prélèvements obligatoires d’autant, les européens paieraient au final leurs céréales un peu moins chères, parce que leur coût de revient serait diminué du coût administratif national et européen inutile qui lui est imputé. Et ce n’est qu’une des facettes de la nocivité de ces aides qui influent sur les décisions d’emblavement des agriculteurs et évidemment presque jamais de façon pertinente.

Prenons un autre exemple qui a quand même de quoi atterrer un terrien. Depuis quelque temps déjà, le vignoble du cognaçais se porte bien et c’est heureux. Le marché du Cognac est destiné à plus de 97% à l’exportation et la Chine a soif de vieilles gnôles de grandes marques. Le prix des vins et des eaux de vie est rémunérateur et les grandes maisons gagnent beaucoup d’argent bien mérité. Et bien, c’est dans ce contexte que des aides européennes conséquentes sont accordées aux viticulteurs pour qu’ils renouvellent leur vignoble et leurs équipements de chai. C’est vrai aussi pour d’autres vignobles en assez bonne santé, Champagne y compris. A votre avis est-il nécessaire de solliciter le contribuable national pour cela et rémunérer l’administration pour la collecte et l’administration de cette manne avec force papiers, coups de tampon et contrôles tatillons?

Ce ne sont que deux exemples mes chers lecteurs, mais à peu près chaque somme dépensée en soutien ici ou là par l’EU peut subir la même analyse et conduire à la même conclusion. Tout ce système n’a qu’un seul but. Rendre populaire l’Europe, ses élus et son administration. En aucun cas il ne vise l’efficacité économique. Il est pathétique de constater d’ailleurs à quel point le mal est profond lorsqu’une légère diminution du budget européen conduit au désaveu presqu’unanime des députés au parlement européen. Pour agir pour la croissance disent-ils, ils doivent nous prendre plus d’argent qu’ils pourront ensuite redistribuer. Ils nous prennent pour des ânes avec leurs carottes. Ils ne peuvent pas imaginer leur action autrement que par la collecte et la distribution de l’impôt.

Il faut pourtant avoir vu en Pologne comment cette administration européenne imbécile inonde de subventions les arboriculteurs pour qu’ils s’équipent de luxueux équipements de stockage et de conditionnement automatisés pour les pommes pour comprendre l’absolue nécessité de ne pas lui confier notre argent. Essayez de comprendre ce paradoxe. Alors qu’en France, pays où la main d’œuvre est parmi les plus chères d’Europe, les équipements sont insuffisamment renouvelés pour gagner en performance, c’est dans le pays où la main d’œuvre est abondante et parmi les moins chères que l’Europe déplafonne ses aides pour ultra automatiser la chaine de production. C’est insupportable pour n’importe quel observateur attentif et pourtant ça ne révulse aucun de nos chers députés. L’aberration économique est quasiment derrière chacune des aides versée par l’Europe. Quand on y ajoute l’usine à gaz des dossiers à monter et des contrôles kafkaïens à subir, on comprend encore mieux l’ampleur du désastre qui perdure. Cette absurdité n’est jamais dénoncée. Parce qu’il s’institue une complicité, une collaboration, entre tous les bénéficiaires du système officialisé du conflit d’intérêts. De celui qui la perçoit, ce qui est compréhensible, tant il est mal placé pour se plaindre, jusqu’à celui qui en vote le principe en passant par l’administration shadokéenne en plusieurs langues qui enfle sous la complexité.

Au moment où la croissance est nulle et où les prélèvements obligatoires explosent, une diminution drastique du budget européen et de l’administration kafkaïenne à Bruxelles et en France affectée au système permettrait de redonner du pouvoir d’achat et de l’initiative aux contribuables consommateurs. On ne peut plus se permettre le luxe de ces énormes grains de sable dans les engrenages. La crise peut avoir cet effet positif de redéfinir une organisation publique performante débarrassée des pesanteurs qui plombent la production et le pouvoir d’achat de la population. Entendons-nous bien, une Europe fédérale avec des règles communes et une libre circulation des biens et des personnes n’en serait bien entendu que confortée. Peut-être même que la monnaie commune pourrait dans cette perspective être sauvée.

Le raisonnement peut aussi s’appliquer dans d’innombrables situations strictement nationales. Pensez par exemple à l’aberration de la mise en place des 35 heures par Martine Aubry. Pour compenser auprès des entreprises une partie du surcoût de la réduction du temps de travail avec maintien de salaire, l’Etat s’est mis à verser des aides il y a plus de dix ans. C'est-à-dire de l’argent pris sur l’économie et dans la poche des contribuables. Ou sur l’aggravation de la dette publique. Et il verse encore à ce jour.

Imaginez que l’on baisse à la fois quelques impôts sur les entreprises et les reversements qui leurs sont consentis. Cela permettrait de diminuer à la fois les prélèvements et la dépense publique. Tout comme quelques postes de fonctionnaires affectés à tout ce cirque.

L’illusion des soi-disant fonctions régulatrices des aides, des supposées péréquations, ne sont vraiment rien au regard de l’enjeu de l’efficience à retrouver pour libérer l’initiative et la croissance. Tout ce système de prélèvements et de redistribution n’a plus d’utilité aujourd’hui que pour les politiques qui les instituent et l’administration qui les gère.

Voilà donc le secret de polichinelle du redressement des comptes publics et du redémarrage de la croissance. Baisser à la fois la dépense publique et les prélèvements. Mais pas dans les mêmes proportions évidemment. Puisque la dépense à vocation à baisser plus vite que les prélèvements pour revenir vite à l’équilibre des comptes. D’autant plus qu’avec de la croissance tout ira bien plus vite. L’ambition pourrait être de baisser de 5 points la dépense publique pour 3 de prélèvements obligatoires. Ce qui nous situerait toujours au dessus de la moyenne des pays comparables. Une vraie révolution rationnelle pour désarmer ce manche à balai de Mélenchon.

J’ai déjà ici à plusieurs reprises évoqué aussi l’aberration des cofinancements multiples des projets publics issus de notre millefeuille de collectivités. A partir de prélèvements auprès des mêmes contribuables, les multiples collectivités, Etat et Europe, tous collecteurs d’impôts, participent au financement de la plupart des projets publics. Chacun s’enorgueillissant du rôle essentiel qu’il a joué pour l’aboutissement de la magnifique réalisation effectuée par l’humble maçon seulement doté d’une brouette et d’une truelle. Pas un ne meurt de honte le jour de l’inauguration devant l’empilement des dossiers constitués, triturés pour coller aux objectifs verbeux de chacun. Et pendant l’énoncé du coût de revient des réalisations, souvent très maîtrisé, il est toujours omis de parler des coûts masqués du grand barnum politico administratif qu’il a fallu mettre en branle.

Vous avez évidemment compris à quel point tout cela est difficile à faire bouger. Puisque le public concerné est immense et qu’il refuse naturellement de lâcher la proie pour l’ombre. A mon sens les circonstances exceptionnelles que nous allons vivre feront passer le sursaut salvateur au dessus des résistances de castes.

Pour l’instant comme on vous le rappelle en ces jours anniversaires de l’arrivée à l’Elysée de François Hollande, ce sont toujours les anciens tours de passe passe qui ont été utilisés pour faire semblant d’agir. Le crédit d’impôt compétitivité n’est qu’un tripatouillage de plus des robinets, malheureusement à somme nulle. Il ne s’agit que de redonner aux entreprises en prenant plus à d’autres ou à elles mêmes. Aucune amélioration de la compétitivité de la France ne peut être attendue de tout cela.

Pas plus que des emplois d’avenir dont le sous préfet de Cognac se lamentait hier à Salles de Barbezieux qu’ils ne trouvent pas plus d’écho parmi les collectivités ou les entreprises. La diminution du coût ne fait pas tout. D’autant plus quand dans le monde réel des entreprises où il faut travailler de ses mains, les offres d’emploi n’intéressent plus que des candidats venus de Roumanie, de Bulgarie ou d’ailleurs.

La bonne nouvelle de tout cela c’est que la France n’a potentiellement aucun problème grave à résoudre. Il s’agit juste de remettre de l’ordre dans la mise en scène et de rétropédaler contre notre goût pour cette Etat illusion où chacun pense pouvoir vivre aux dépens de tous les autres. 

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À propos

Je suis arboriculteur, viticulteur et maire de Reignac. Mais aussi Président de l'Association Nationale Pommes Poires, membre de WAPA (World Apple and Pear Association) et secrétaire général d'Interfel.
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<br />  <br /> <br /> <br /> Pour une fois y'a plus d'arguments que d'invectives et de gros mots...<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
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