13 Juin 2011
Dans un entretien au journal Sud Ouest, Jean Luc Barré, le biographe de Jacques Chirac répond au journaliste qui lui rappelle « qu’il y a peu, on s’interrogeait sur la santé mentale de l’ancien président, qui serait frappé de troublantes amnésies », qu’il n’a rien constaté de tel tout au long des séances de travail qu’il a eues avec lui.
Pourtant, lorsque l’on regarde les images du vernissage officiel de l’exposition d’objets chinois au musée de Sarrans samedi dernier, on ne peut être que troublé par le comportement et les déclarations de l’ancien président de la république. Sa façon de se lâcher pour dire son souhait de voter Hollande à défaut de pouvoir voter Juppé qu’il « aime bien ». Son insistance, sa voix plus forte et son regard un peu perdu quand son entourage essaie de l’inviter à plus de discrétion en présence des journalistes, laissent peu de doute sur la réalité de ses absences.
Mais voilà, un peu comme quand on a trop bu, ce qui se dit lorsque le filtre de la raison devient passoire révèle des pensées enfouies que l’on évite de laisser percevoir aussi crûment en temps ordinaire. Le communiqué laborieux que Jacques Chirac et ses proches ont publié depuis pour évoquer une manifestation d’humour corrézien et républicain ne modifiera pas l’intime conviction des français. Chirac porte plus dans son cœur François Hollande et Alain Juppé aujourd’hui que Nicolas Sarkozy. « Le temps présidentiel », le deuxième tome de ses mémoires en apporte la confirmation, mais en termes plus mesurés.
Evidemment, après la sortie de Sarrans, (poésie à ne pas confondre avec « le hareng saur »), on est en droit de se demander si ce deuxième tome de ces mémoires ne relève pas plus d’une certaine forme de reconstruction due à son biographe, mais aussi à la relecture attentive et affective de sa fille et de son gendre, Fréderic Salat-Baroux, que d’une production autonome.
On est sans doute assez loin de l'image du général De Gaulle penché sur sa petite table de travail à la Boisserie, plume à la main, écrivant ses propres mémoires.
Ironie du sort, cette déclaration, hors de contrôle, vient raviver le souvenir de cette autre prise de position de Jacques Chirac, plus secrète à l’époque mais bien connue aujourd’hui, qui l’avait conduit à faire voter François Mitterrand en mai 1981 plutôt de Valéry Giscard D’Estaing.
Pas si facile d’être un grand homme pour l’Histoire. Heureusement la popularité immédiate est une consolation appréciable.
Je suis arboriculteur, viticulteur et maire de Reignac. Mais aussi Président de l'Association Nationale Pommes Poires, membre de WAPA (World Apple and Pear Association) et secrétaire général d'Interfel.
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