31 Décembre 2013
Forcément, avec toutes ces commémorations du centenaire qui se préparent, je m’embrouille un peu. Je confuse. Pourtant, je sais bien que comparaison n’est pas raison. Que si l’on en croit Karl Marx, « l’histoire ne se répète pas, elle bégaie ». Mais tant de nuages s’amoncellent ici ou là sur la planète. Le ciel s’assombrit, le climat devient explosif. Il suffirait d’une allumette en principe…comme à Sarajevo…
Je viens de feuilleter le très intéressant spécial 52 pages du Nouvel Obs consacré à 1914, l’année où tout a basculé. L’autre jour, c’est dans le taxi que je marne et entends une fois de plus Jean Pierre Chevènement évoquer à la radio les thèses décoiffantes qu’il développe dans son dernier livre « 1914-2014. L’Europe sortie de l’histoire ». Et puis hier matin, c’est Jacques Attali qui évoque la nécessité pour le Président François Hollande de constituer autour de lui rien moins qu’un comité de guerre restreint pour engager avant le 15 février les réformes de l’Etat et des organismes publics indispensables. Il faut que le chef de l’Etat, nous dit-il, reprenne la main sur le cours des choses et sorte en dernière limite la France de la spirale inéluctable du déclin. C’est aussi Yves Kerdrel qui remonte très loin dans l’histoire de France aujourd’hui dans le Figaro pour rappeler que la quatorzième année des siècles est étonnamment associée à différentes formes de décrochages de notre pays. Et plus près de nous, hier, c'est Jean Claude Viollet dans le Charente Libre qui tire lui aussi la sonnette d'alarme.
J’ai souvent dit que je ne confierai pas mes maigres économies au brillantissime Jacques Attali. Sa participation à la rédaction des 110 propositions de François Mitterrand, tout comme son passage à la tête de la BERD, marbrée selon sa volonté par Carrare, m’a rendu plus que méfiant envers lui pour les choix micro économiques du quotidien. Mais voilà, il a cette capacité si rare à embrasser tant de disciplines et à absorber un tel nombre d’informations qui fait que ses prospectives ne sont jamais à prendre à la légère. Je vous mets le lien vers le podcast d’Europe 1 qui synthétise les analyses, prédictions et propositions du moment de celui qui passe aussi sa vie à parler à l’oreille des présidents. Mitterrand pendant 14 ans (J’ai lu tous les Verbatim notés au jour le jour par le conseiller spécial, je vous les recommande), puis après la présidence de Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy, dont il est proche sans être de son camp et maintenant François Hollande dont il est l’ami en plus d’être engagé politiquement à ses côtés.
Bon, c’est vrai, et vous le savez bien mes chers lecteurs, j’appelle moi aussi de mes vœux depuis longtemps sur ce blog un sursaut à la tête de l’Etat pour engager la réforme de notre organisation collective afin de la rendre plus efficace et d’un bien meilleur rapport qualité prix pour que le pays et ses entreprises gagnent nettement en compétitivité. Croissance, emploi et solidarité dans notre société dépendent principalement de ces réformes à réussir. C’est sur ce chantier difficile que les élus sont attendus d’urgence. C’est aussi malheureusement ce chantier qu’ils fuient obstinément depuis si longtemps en mettant tout leur talent à faire diversion et à pointer du doigt les supposés progrès qu’ils demandent d’accomplir exclusivement aux autres acteurs de la société.
Et puis comme l’affirme Attali, ou récemment Angela Merkel, j’ai aussi la conviction que l’euro ne survivra qu’à la condition que la zone euro devienne profondément fédérale. Ce dont les peuples ne veulent à aucun prix pour l’instant, pas plus que la plupart des dirigeants concernés, peu enclins à suivre l’exemple allemand.
Il y a donc très loin mes vertueux lecteurs entre la pitoyable communication gouvernementale sur la signification des chiffres du chômage et la pédagogie combinée avec une sévère exigence de vérité que nécessitent les réformes à engager sans plus attendre. Je vous mets pour preuve du chemin à parcourir un lien vers ce qui deviendra l’un des morceaux d’anthologie de l’enfumage en politique. Ou quand la langue de bois vermoulu sent carrément le Sapin.
Le pire est certain nous dit Attali. Donc il n’aura pas lieu, en conclut-il. Parce que le sursaut nécessaire viendra justement du sentiment de l’inéluctable. Je forme ardemment le vœu qu’il ait raison.
Ce qui fait malheureusement craindre que le grand chantier ne soit quand même une fois de plus retardé, c’est paradoxalement qu’il se trouve toujours suffisamment d’hommes et de femmes courageux pour continuer résolument à avancer comme en 14 malgré les obstacles qui s’amoncellent et l’orgueil coupable des chefs. La plupart des soutiers de l’économie gardent confiance et n’imaginent toujours pas de baisser les bras. Etat, collectivités locales, organismes publics ou para publics avec à leur tête les élus, en déduisent que la limite n’est donc sans doute pas encore atteinte et que tout peut encore continuer comme avant. Quel qu’en soit le coût sur le chemin des drames économiques…pour les autres.
Votre bloggeur préféré par exemple continue résolument d’embaucher, d’investir et de planter. Sans doute parce qu’il est encore plus sous l’influence de Jean de La Fontaine (« Passe encore de bâtir, mais planter à cet âge ») que de Jacques Attali.
Je repense souvent à cette scène culte du film de David Lean « Lawrence d’Arabie » ou le héros, alias Peter O’Toole, refuse que la mort de l’un du groupe ne soit écrite, comme le lui affirme pourtant le prince du désert Ali Ibn Kharish, alias Omar Sharif. L’acteur est mort mi décembre. J’ai trouve sur Youtube la partie du film ou il accomplit l’exploit. C’est peut-être le film qu’il nous faut revoir pour aborder comme il faut 2014 et avoir le courage nécessaire pour contrer la prophétie de cet autre prince du disert qu’est Jacques Attali.
Bonne écoute, bonne vidéo, bonne lecture. 2014 promet d’être passionnante et riche en rebondissements divers. Et j’ai toujours très envie comme vous d’agir pour que ce qui est inéluctable n’arrive pas.
Très bonne année à tous, à chacun de vous, à vos proches et à tous ceux qui vous sont chers.
Je suis arboriculteur, viticulteur et maire de Reignac. Mais aussi Président de l'Association Nationale Pommes Poires, membre de WAPA (World Apple and Pear Association) et secrétaire général d'Interfel.
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