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La guerre, l'analyse de BHL.

Comme chacun de vous je regarde effaré la guerre que se livrent les israéliens et le Hezbollah depuis près d’un mois maintenant. Les populations déplacées, les civils tués et les destructions considérables subies par le Liban me laissent abasourdi et consterné. Je cherche forcément à comprendre les raisons de la riposte de Tsahal qui semble si disproportionnée au regard de l’agression subie. Je regarde les images, je lis les éditos, les tribunes libres qui me passent sous les yeux. Je consulte aussi  le blog d’Alain Juppé. Dès le début des hostilités l’article d’Alexandre Adler dans le Figaro intitulé « la sixième guerre israélo arabe » m’avait semblé bien mettre en perspective l’événement par une analyse géopolitique très argumentée, loin du parti pris immédiat convenu pour l’un ou l’autre des belligérants et de ses soutiens. Je viens de lire attentivement le bloc-notes de Bernard-Henri Lévy qui paraît dans le point de cette semaine et j’apprécie l’éclairage qu’il apporte sur les causes du conflit. Il est décidément plus profond et plus sérieux qu’il n’y paraît. Je ne comprend toujours pas sa prise de position en faveur de Cesare Battisti mais c’est une autre histoire. Je me permets (je ne suis pas sur que ce soit très autorisé mais dans la mesure ou cet article est en accès libre sur le site du Point…) de vous recopier l’article. N’hésitez pas à commenter.          

Le bloc-notes de Bernard-Henri Lévy

Disproportion, suite

Est-il encore possible, face aux images du carnage de Cana, face au spectacle odieux, insupportable à la conscience, de ces corps d'enfants que l'on sort des décombres de leur maison, est-il encore possible, dans l'émotion, le chagrin, le deuil qui nous étreignent, de rappeler quelques faits ?  

 

 

1. Cette guerre terrible, cette guerre qui, comme toutes les guerres d'aujourd'hui, frappe les civils et les enfants, Israël ne l'a pas voulue. C'est le Hezbollah qui l'a décidée. C'est l'Iran qui l'a programmée. C'est l'Iran et le Hezbollah qui, froidement, posément, à la veille de la réunion du G8 qui devait débattre de l'attitude de la communauté internationale face aux ambitions nucléaires de Téhéran, en ont décidé l'heure, la dramaturgie, le théâtre. Israël s'était retiré de Gaza il y a six mois. Du Liban il y a six ans. Israël venait de se doter d'un gouvernement si profondément convaincu que la tâche qui lui incombait était de faire, non la guerre, mais la paix que l'une de ses décisions inaugurales fut, pour la première fois dans l'histoire du pays, de diminuer ses dépenses militaires. Et voilà des fous de Dieu qui, sans conflit territorial ni litige, sans but de guerre, sans même s'embarrasser, par exemple, de revendications liées à la cause palestinienne, choisissent ce moment pour imposer leur guerre. C'est un fait.  

2. Israël, contrairement à ce qui se dit et se répète, contrairement aux formules stéréotypées, ressassées jusqu'à la nausée, sur le « petit pays puni par le méchant Israël », ne fait pas la guerre contre le Liban. Il fait, et la différence est de taille, la guerre à un ennemi qui a choisi le Liban pour y installer les Qassam, Katioucha et autres missiles qu'il lance sur ses villes et qui, par ailleurs - cela aussi est un fait - avait transformé toute une partie du pays du Cèdre en une sorte de colonie iranienne. La riposte d'Israël est une riposte qui, autrement dit, avait un double but. Primo, casser la machine de guerre qui le menaçait. Mais, secundo, libérer le Liban lui-même de l'emprise d'un Hezbollah dont le sectarisme, l'obscurantisme, le fanatisme, la culture de la haine et de la violence, tuaient à petit feu la tradition de paix et de tolérance de ce Liban cosmopolite dont nous avons tous, moi le premier, la nostalgie. 

3. Car il n'est pas vrai, non plus, qu'Israël soit devenu, comme le disent certains, cette machine folle, accumulant comme à plaisir les destructions et les victimes civiles. Israël - la différence, là non plus, n'est pas mince - ne vise pas les civils. Israël, contrairement au Hezbollah qui cible Haïfa, Safed, Nazareth, cible des objectifs militaires dont le Hezbollah, et le Hezbollah seul, fait en sorte qu'ils soient fondus dans la population. On doit pleurer les morts de Cana. On doit, et c'est d'ailleurs ce que fait Jérusalem, enquêter sur l'origine de la faute. Rien ne peut ni ne doit éluder l'autre question : entre les officiers qui ont donné l'ordre de tir après avoir appelé la populan à se mettre à l'abri, et ces véritables preneurs d'otages qui, avec un cynisme qui n'a d'égal que leur goût de la mort et du martyre, avaient installé une batterie lance-missiles dans une maison pour, au moment de s'enfuir, laisser derrière eux des dizaines de femmes, vieillards et enfants transformés en boucliers humains et en instruments de propagande - qui porte la responsabilité la plus lourde ?  

4. Il faut essayer de penser ensemble cette présence sur l'une, sinon deux, des frontières d'Israël de missiles capables d'atteindre ses villes ; le fait que ces missiles soient à la veille du saut technologique majeur qui leur permettra, chacun le sait dans la région, d'être équipés en armes chimiques ou bactériologiques effroyables ; et le fait, enfin, que tant le chef du Hezbollah que son maître Ahmadinejad n'ont jamais fait mystère de leur but qui est de rayer Israël de la carte... Il y a là un mélange pour le moins détonant. Il y a là des paramètres qui, sans même parler de ces autres victimes civiles que sont les victimes juives des kibboutzim du nord du pays, sans même parler de ces centaines de milliers de réfugiés israéliens qui fuient, eux aussi, les bombardements mais dont on voit étrangement peu d'images, créent une situation sans pareille. On peut débattre - et on ne s'en prive pas, non plus, à Tel-Aviv - sur la tactique, voire la stratégie, militaire israélienne. Ce qui est indiscutable - et qui explique, pour une bonne part, la vigueur de la riposte de Tsahal - c'est ce sentiment, justifié, d'avoir affaire à une menace vitale, essentielle et, dans une large mesure, inédite. 

5. Si légitime que soit l'émotion mondiale face aux soixante morts de Cana, il est difficile de ne pas poser une toute dernière question. Où étaient-ils, les manifestants du Caire ou même de Paris quand Poutine assassinait deux cent mille civils tchétchènes ? Pourquoi les entendait-on si peu quand ce sont les musulmans du Darfour ou de Bosnie que l'on exterminait ? En vertu de quelle logique les mêmes acceptent-ils, sans états d'âme, les soixante morts par jour, donc le Cana quotidien, de la guerre civile irakienne ? Pour ceux-là, quand des musulmans sont égorgés par d'autres musulmans à la porte d'une mosquée, c'est un fait divers. Quand c'est l'Etat juif qui endeuille un village libanais, ce serait un crime contre l'humanité. 

© le point 03/08/06 - N°1768 - Page 98 - 885 mots 

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À propos

Je suis arboriculteur, viticulteur et maire de Reignac. Mais aussi Président de l'Association Nationale Pommes Poires, membre de WAPA (World Apple and Pear Association) et secrétaire général d'Interfel.
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J
Critiquer la politique d'Israël serait faire de l'antisémitisme primaire???<br /> Drôle d'argumentaire...<br /> <br /> C'est de l'étroitesse d'esprit primaire...(pléonasme)
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S
depuis que je suis née cette guerre apparaît, ré-apparaît comme un méchant fleuve pas tranquille, et à chaque fois ça réveille l'antisémitisme primaire. je suis certaine en tous cas que tout cela est bien plus complexe qu'il n'y paraît (les bons contre les méchants!). il faut sans doute y vivre pour comprendre. Arrêtez de taper sur les uns ou sur les autres, arrêtons de donner des leçons nous les français assis dans nos doux fauteuils de petits bourgeois, informons nous et respectons tous ces peuples qui se battent pour leurs idéaux et leur liberté
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D
Pas plus tard qu'hier, un haut responsable d'Israël est venu doctement expliquer les morts civils libanais ainsi:<br /> <br /> "On les avait prévenus que nous allions bombarder, libre à eux d'être restés dans leurs logements..."
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A
Une guerre Injuste<br /> <br />       A B.H.L, je préfère les analyses pondérées de Jean Daniel ou de Denis Brauman qui n'hésitent pas à critiquer Israël quand cette dernière commet les pires atrocités. Ils refusent de considérer les punitions collectives comme une arme légitime.<br /> Je suis en colère contre les salauds du monde qui causent la souffrance des civils et plus encore contre ceux qui viennent la justifier.<br /> Ce n'est pas au Moyen Orient mais en Europe que le peuple juif a enduré l'horreur. Mais aujourd'hui, c'est le Liban et la Palestine, les deux seules démocraties du monde arabe, qui subissent l'unilatéralisme de l'Etat Israëlien. Est-elle plus avancée? <br /> Depuis 58 ans, Israël privilégie la guerre à l'application du droit ( ex : la résolution 194 de l'assemblée générale des Nations Unies et surtout la résolution 242 du conseil de sécurité).<br /> Le Hezbollah est né en 1982 pour résister à la 1ère invasion du  Liban. Depuis 1956, les puissances occidentales souhaitent créer un nouvel ordre dans cette région du globe. Et on assiste à quoi ? A la partition de l'Irak, du Liban et demain de la Syrie. L'Etat nation est remplacé par l'islamisme radical et obscurantiste. On assiste au ralliement massif à Nasrallah (fou de Dieu) transformé en héros du monde arabe. De ce fait, il n'y aura de paix et de garantie pour la sécurité d'Israël que s'il y a retrait des troupes de tous les territoires occupés depuis 1967, au démantèlement des colonies. Sans le règlement du conflit Israélo-Palestinien, tout recommencera comme avant.<br />      Pour finir, je reprendrai les propos de Ben-Ami ministre des Affaires Etrangères d'Ehoud Barak : " La guerre n'est pas une méthode pour conquérir la Paix ou la sécurité ".<br /> <br /> Abdel
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D
Les commentaires ci-dessus cités pour peu intéressants qu'ils soient ont au moins le mérite de meubler...<br /> <br /> Si le poil qui se gratte en loucedé en a de meilleurs, ou de mieux sentis, je me demande ce qu'il attend pour nous en faire profiter?
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P
Et si les deux Daniel se parlaient plutôt au téléphone? Ca nous éviterait peut-être des commentaires inintéressants...
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D
Des préjugés vis à vis de BHL?<br /> C'est sûr que j'en ai un paquet!<br /> Mais je ne suis pas le seul...<br /> <br /> A ce compte-là on est capables de partir en tournée dans toute la france pour y faire un ballet à succès, toutes robes déployées...
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D
BHL, le célèbre milliardaire, ne rêve que d'une chose c'est de marquer notre siècle et l'histoire de sa présence!<br /> Il va le faire c'est sûr, mais pas comme il se l'imagine!<br /> Du souvenir qu'il va rester de son passage sur terre c'est juste celui d'un type capable d'acheter les médias et de leur imposer sa présence, via tout un réseau constitué, au seul but d'y pavaner tel le geai de La Fontaine se parant des plumes d'un paon qui aurait pour nom: Hegel, ou Spinoza ou Nietzsche, ou...<br /> <br /> C'est dire tout le fond qu'il octroie à sa pensée pour ne pas s'en satisfaire ni espérer d'elle qu'elle lui procure la reconnaissance espérée et préférer le battage médiatique plus en mesure de le mettre sur un pied d'égalité avec les plus grands penseurs de l'humanité qui lui font ombrage...
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D
T'es pas muet mais t'es sourd! Eh puis bourré de croyances et de préjugés en plus. Tu peux faire derviche tourneur peut-être.  
O
<br /> <br /> Quand la France défendait le Liban<br /> <br /> <br /> Parmi les premières cibles de l’opération d’« autodéfense » israélienne, l’aéroport civil de Beyrouth. L’histoire se répète. A la fin de l’année 1968, alors que le Proche-Orient ne se remettait pas de la guerre de juin 1967, la résistance palestinienne s’organisait. Le Front populaire pour la libération de la Palestine, un groupe radical, attaquait, le 26 décembre 1968, sur l’aéroport d’Athènes, un appareil d’El-Al, tuant un officier israélien à la retraite. Un des membres du commando était originaire du Liban et l’opération fut revendiquée à partir de ce pays. Deux jours plus tard, un commando israélien détruisait treize avions de ligne sur l’aéroport international de Beyrouth. Le Conseil de sécurité condamna à l’unanimité cette action et demanda à Israël de payer les dégâts, ce qu’il ne fit jamais. La France déclara que le principe des « représailles » était inacceptable et le général de Gaulle décréta l’embargo sur les armes à destination d’Israël, refusant de livrer 50 Mirages qu’Israël avait déjà payés (1).<br /> <br /> Le communiqué du conseil des ministres français du 8 janvier observait : « On a fait la comparaison entre l’attentat d’Athènes contre un avion israélien et l’opération contre l’aéroport de Beyrouth : en fait, ces deux opérations n’étaient pas comparables. A Athènes, il s’agissait d’un coup de main organisé par des hommes appartenant à une organisation clandestine. A Beyrouth, l’opération a été montée par un Etat avec son matériel militaire, en particulier des Super-Frelon et des Alouettes de fabrication française contre des installations civiles d’un autre Etat. » Et le gouvernement n’hésita pas à mettre en cause « les influences israéliennes [qui] se font sentir d’une certaine façon dans les proches milieux de l’information (2). » En ce temps là, le gaullisme ne mâchait pas ses mots.<br /> <br /> <br /> Alain Gresh<br /> <br /> (1) Lire Xavier Baron, Les Palestiniens, genèse d’une nation, Points Seuil, Paris, 2003 (rééd.)<br /> <br /> (2) Cité par Samy Cohen, De Gaulle, les gaullistes et Israël, Alain Moreau, Paris, 1974, p. 134.<br /> <br /> Extraits de l’article d’Alain Gresh à paraître dans Le Monde diplomatique, août 2006 (en kiosque le 28 juillet).<br /> <br />
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