2 Juin 2006
La Charente bénéficie d’une formidable opportunité géographique qui la situe sur un axe européen majeur pour le développement du fret économique. L’augmentation continuelle du trafic de poids-lourds en provenance du Sud de l’Europe et à destination de l’Est par la Route Centre Europe Atlantique le démontre quotidiennement. Il n’est alors nul besoin de faire appel à Fernand Braudel pour rappeler la relation évidente entre développement économique et situation privilégiée de corridor de fret international. Et pourtant dans la tête des politiques et des décideurs locaux la cause est encore loin d’être entendue. Là ou partout dans le monde on se féliciterait des avantages à retirer d’être un lieu de passage, nous en sommes encore à nous interroger sur la meilleure façon de nous libérer de cette nuisance. Comment pourrait on faire pour interdire aux poids lourds de traverser notre département et les détourner vers l’A10 ou l’A89? Mais rien n’y fait, leur destination les contraint à passer par la Charente. Lyon et Paris ne les intéressent pas et l’impossibilité de circuler une partie de l’année sur l’A89 mais aussi dans une moindre mesure sur l’A20 entre Limoges et La Croisière exclut de toute façon cette fausse alternative.
Nous ne pouvons échapper au trafic, mais la catastrophe qui nous aveugle c’est que la route qui reçoit cet immense trafic est loin d’avoir les caractéristiques nécessaires. Alors que partout ailleurs pour des fréquentations bien moindres on réalise de belles autoroutes, en Charente on bricole depuis trente ans petits bouts par petits bouts nos nationales sans jamais en voir le bout. La liaison à deux fois deux voies aux normes autoroutières qui permettrait de relier en toute sécurité Chevanceaux à La Croisière afin que notre situation géographique soit enfin perçue comme une opportunité et serve réellement au développement tout entier du département n’est toujours pas pour demain.
La réunion qui s’est tenue à Champniers jeudi soir l’a dramatiquement confirmé. Alors que la population crie de partout et encore un peu plus fort depuis que la Présidente du Conseil Général de la Haute Vienne a interdit aux poids lourds d’arriver à Bellac par Confolens ou Saint Junien, le brouillard s’épaissit grave.
Il n’y a plus rien de sûr à partir de maintenant. Si on peut supposer que ce qui n’aura pu être terminé à la fin de 2006, du programme inscrit dans le douzième contrat de plan Etat Région, le sera dans la foulée et obtiendra les financements des partenaires qui s’étaient engagés auparavant, pour la suite ce ne sont qu’hypothèses et conjectures. L’Etat s’est engagé avec la loi d’août 2004 à financer seul les routes demeurées nationales. Sans refuser quand même les cofinancements des collectivités qui sont toujours les bienvenues mais qui hésiteront à se substituer une nouvelle fois à l’Etat. Comme chacun sait, et le Préfet l’a confirmé en prenant à témoin les parlementaires présents, l’Etat manque cruellement de moyens. Et puis même s’il avait de l’argent, le Préfet a rappelé en se tournant vers Christian que la DDE n’avait pas les moyens de dépenser plus de 30 millions d’euros en raison des étapes administratives à respecter. A la louche la traversée de la Charente par la deux fois deux voies que l’on attend c’est au moins pour dans 20 à 25 ans. Je pensais naïvement avant cette réunion que compte tenu de la nouvelle règle du jeu qui rend totalement responsable l’Etat seul, il suffirait que tous les responsables du département unis fassent la démonstration de la priorité nationale absolue de nos axes routiers, RN10 et 141 compte tenu du trafic qu’ils supportent, pour qu’enfin on achève le chantier. J’ai enfin fini par comprendre qu’il faut sortir de cette logique de shadocks et adopter une stratégie efficace. Qu’elle est-elle ? Eh bien c’est celle qui a été utilisée partout ailleurs et pour des trafics bien moindres, j’ai nommé une autoroute concédée. On donne ce qui est fait et le concessionnaire réalise les parties manquantes entre Chevanceaux et La Croisière. L’autoroute doit être gratuite pour les charentais et payante pour les poids lourds en transit. On sait techniquement faire cela. Dans ce nouveau cadre l’opération peut-être totalement terminée dans cinq à six ans au lieu des 20 à 25 ans si on persiste à demander à la DDE et à l’Etat qui n’en peuvent mais. La solution permet de ne plus solliciter le contribuable charentais pour cette route. C'est le moyen le plus rapide pour atteindre l'objectif final. La Charente pourra alors bénéficier du développement économique qui est inévitablement lié à la proximité d’une autoroute. Enfin ce sera le fret de marchandise qui supportera seul le coût de ce qui reste à faire. Cette nouvelle façon d’aborder la route est toute entière issue des propositions que je trouve de plus en plus pertinentes de l’association Axe Nantes Méditerranée (www.nantesmed.fr.st) et de l’un de ses membres, Daniel Herbreteau.
Quels arguments peut-on bien apporter contre ce choix à faire immédiatement d’une autoroute concédée, payante pour les poids lourds, pour traverser la Charente ?
Je suis arboriculteur, viticulteur et maire de Reignac. Mais aussi Président de l'Association Nationale Pommes Poires, membre de WAPA (World Apple and Pear Association) et secrétaire général d'Interfel.
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