19 Mars 2006
Lundi dernier, le conseil communautaire a adopté à une très large majorité la délibération demandant le maintien d’un service de chirurgie 24 heures sur 24 à l’hôpital de Barbezieux ainsi que la recherche de la coopération la plus élaborée possible avec l’hôpital de Girac. Cette revendication qui s’oppose au choix effectué par le Conseil d’Administration de l’hôpital et son Président est-elle solidement fondée ? J’ai dit ici que ma connaissance du dossier était forcément insuffisante et que mes prises de position, pourtant très fermes compte tenu des délais impartis, relevaient encore principalement d’intuitions fortes, consécutives à des témoignages et à des faits que j’ai eu à connaître depuis un mois et demi.
J’ai bien ressenti, lors des interventions qui ont précédé le vote, les regards interrogatifs de nombreux délégués, troublés par la teneurs des arguments développés par les deux parties. Malgré le souhait sincère de maintenir tous les services existants à l’hôpital qui a motivé le vote, chacun se demandait quand même laquelle des deux stratégies proposées était la plus réaliste et la plus pertinente. Je sais aussi qu’il y a un doute sur les motivations et les objectifs des uns et des autres dans ce débat déchirant pour le territoire et l’hôpital. C’est pourquoi je reviens encore vers vous pour partager les informations dont j’ai pu avoir connaissance cette semaine et qui me semblent déterminantes pour éclairer nos choix.
J’ai rencontré mardi après midi le docteur Didier Bon qui est vice-président de la Commission Médicale d’Etablissement de l’hôpital de Girac, mais aussi il est le chirurgien urologue qui vient opérer une fois par semaine à Barbezieux depuis dix ans. Et puis vendredi matin c’est à Girac que j’ai pu dialoguer avec le Docteur Andrieux, président de la CME de l’hôpital d’Angoulème. Quel est l’essentiel de ce qu’ils m’ont dit ? Le message le plus fort, qui exprime la même position de ces deux responsables de la CME de Girac, m’a été tenu par le docteur Andrieux. C’est le suivant : « dites bien à tous les élus chez vous que si le service de chirurgie ferme à 18 heures et le week-end, le docteur Bon n’ira plus opérer à Barbezieux, le Docteur Driguez (gastro-entérologue) ne pourra plus faire bon nombre des endoscopies qu’il pratique aujourd’hui et vos chirurgiens n’opéreront quasiment plus. Pour que le service de chirurgie soit maintenu il faut un chirurgien de garde. L’anesthésiste ne peut en aucun cas le suppléer complètement. C’est vrai que ce n’est peut-être pas idéal de n’avoir que deux chirurgiens (un orthopédiste et un viscéral) mais jusqu’à ce jour ça se passe bien et le relais avec Girac est institué et fonctionne et peut bien sûr s’améliorer et se développer ».
L’un et l’autre ont insisté sur l’intérêt de maintenir le service de chirurgie à Barbezieux, à la fois pour les habitants du Sud Charente mais aussi pour l’hôpital d’Angoulème. Ils n’ont à ce jour pas les moyens (et il n’est pas prévu de leur en donner plus) d’absorber les interventions qui se font à Barbezieux et en cas de fermeture ils seraient mêmes fragilisés. L’évasion vers Bordeaux, Libourne, Jonzac et les cliniques s’accentuerait. Le docteur Bon m’a confirmé son intérêt pour le travail qu’il fait ici, ainsi que la bonne entente qui règne avec les équipes et particulièrement avec le Docteur Farhi. Le Docteur Andrieux a lui aussi exprimé sa stupéfaction quand je lui ai demandé si le Docteur Farhi pouvait être un frein au développement de la collaboration entre Girac et Barbezieux. Il m’a dit avec force que c’était un ami et un bon chirurgien et que la longue collaboration entre eux démontrait sans ambiguïté le caractère infondé de cette crainte. J’ajouterais pour être tout à fait complet sur ce sujet que les orthopédistes de Girac, qui sont au nombre de trois à ce jour et seront bientôt quatre, ont tenu à faire savoir au responsable du service chirurgie de Barbezieux que pour le cas ou le chirurgien orthopédiste choisirait de partir ils seraient prêts à assumer à Barbezieux toutes les interventions possibles. La coopération avec Girac est une réalité depuis longtemps et peut encore s’améliorer. Ainsi que l’indique le Docteur Andrieux, il faut pour cela que les chirurgiens y travaillent ensemble et qu’ensuite les deux administrations formalisent les choses et appuient leur volonté. Il me semble ainsi parfaitement clair qu’il faut d’abord maintenir le service de chirurgie 24 heures sur 24 pour pouvoir développer l’activité et la coopération souhaitée par tous avec l’hôpital de Girac. Mes inquiétudes se sont en revanche renforcées quant à la volonté réelle de la direction de l’hôpital de Barbezieux d’aller vraiment dans cette direction autrement qu’en paroles. Les possibilités de renforcement de la coopération n’ont jusqu’à maintenant pas été exploitées. Girac ressentant une absence de motivation de la part de notre directeur plutôt tourné vers le transfert de notre chirurgie vers Jonzac. Personne ne fait mystère non plus de sa propension à exprimer son envie d’arrêter au plus vite la chirurgie sur Barbezieux. S’il y avait réellement eu une vraie volonté de faire tout le maximum pour le maintien et le développement de la chirurgie à Barbezieux et la coopération avec Girac cela se saurait et des signes tangibles existeraient. Compte tenu de la mise en avant des difficultés financières du service un directeur volontaire et avisé aurait, comme à Girac depuis l’an passé, mis en place cette gouvernance qui permet aux administratifs et aux médecins de travailler ensemble à l’analyse des performances du service. La T2A si j’en crois les docteurs Bon et Andrieux est plutôt moins inquiétante pour un hôpital comme Barbezieux que pour un hôpital de plus grande importance. En clair obtenir la même somme pour un acte est favorable aux petits hôpitaux dont les coûts de revient sont moins élevés. L’opportunité d’embauche d’une anesthésiste qui souhaitait travailler à Barbezieux et qui aurait pu aller en complément à Girac où le besoin est réel aurait au moins pu être étudiée. C’est en fait tout le contraire qui a été fait. Aucune implication aux côtés des équipes pour développer le service. Division des équipes et désignation de boucs émissaires pour rallier le plus grand nombre au projet de fermeture du service en indiquant par exemple que le trou financier pouvait se répercuter sur la capacité de l’hôpital à honorer ses engagements auprès du personnel. Manœuvres à l’insu et dans le dos des principaux intéressés, chirurgiens et infirmières du service. Présentation de chiffres catastrophiques pour justifier l’empressement à agir après n’avoir rien fait pour prévenir. La différence est saisissante avec les stratégies conduites à Jonzac et à Ruffec ou le management a une autre allure et les chiffres sensiblement mieux utilisés alors qu’ils sont semble t-il assez proches des nôtres. Aucun élément tangible ne me permet d’avoir confiance en la direction et de croire en sa volonté de défendre le service chirurgie de l’hôpital mais aussi de coopérer plus avec Girac. Je suis d’ailleurs surpris compte tenu de la gravité des évolutions en cours de m’entendre dire par les Docteurs Bon et Andrieux l’absence de contact avec eux y compris de la part de notre Président de Conseil d’Administration. En dix ans le docteur Bon m’a dit ne l’avoir jamais rencontré, les infirmières du bloc confirment cette même situation. C’est la preuve une fois de plus qu’il faut analyser et regarder ce qui est fait et ne pas écouter seulement ce qui est dit. C’est le comportement qui compte et pas l’attitude comme le disent si bien les « behaviouristes ». Le Conseil d’Administration a un choix décisif à faire mercredi prochain pour notre Sud Charente. Je ne crois pas que quiconque pourra se laver les mains des conséquences de son choix et en tous les cas il ne sera pas possible de dire que l’on ne savait pas.
Je suis arboriculteur, viticulteur et maire de Reignac. Mais aussi Président de l'Association Nationale Pommes Poires, membre de WAPA (World Apple and Pear Association) et secrétaire général d'Interfel.
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