26 Juin 2008
Il n’y a pas si longtemps, les promoteurs d’une décentralisation ambitieuse se voyaient suspecter par les partisans d’un Etat fort, garant d’une république homogène, de conduire notre pays vers la chienlit.
Ce qui est plus surprenant maintenant c’est que ce soit l’Etat lui-même qui endosse ce rôle en intervenant auprès des élus locaux sur le sujet de l’intercommunalité pour ajouter à la confusion ambiante.
Si l’on en croit le journal Sud Ouest d’hier, l’Etat est venu encourager hier un redécoupage en Blanzacais. Après 16 ans de réflexion il préconise aux communes du cru de se tourner d’un côté vers l’agglomération du grand Angoulême et de l’autre vers un nouvel ensemble qui devrait se constituer un jour en Sud Charente entre Montmoreau, Chalais et Aubeterre. Le problème de cette approche stratégique qui semble trouver un écho favorable ici où là, c’est qu’elle occulte complètement la quasi impossibilité technique et politique d’y parvenir. On aurait aimé voir l’Etat à l’œuvre dès 1992 pour mieux cadrer les périmètres des communautés lors de leur création et depuis pour achever la carte en incitant toute les communes à participer à la coopération. Après cette léthargie coupable, l’Etat réapparait pour commenter le résultat des incohérences qu’il a laissé s’instituer. Le problème c’est que l’Etat a une nouvelle fois quinze ans de retard sur ce que l’on attend de lui. La question aujourd’hui qui se pose pour définir le bon périmètre d’une communauté c’est de savoir quelles règles institutionnelles de long terme notre pays doit adopter sur la question de la coopération intercommunale. D’un côté, intégration de plus en plus forte des compétences et légitimité démocratique pour conduire l’ensemble intercommunal, ce qui correspond à long terme à la réduction de fait en termes d’administration du nombre des communes. De l’autre, coopération plus limitée, avec des compétences fixées par le législateur, sur des territoires plus vastes avec au moins une légitimité démocratique directe de l’exécutif. Ces perspectives, ou d’autres, doivent être débattues dès maintenant pour faire les bons choix en terme de périmètre. Dans l’état actuel des règles il est quasi impossible aux élus locaux de faire évoluer de manière significative les périmètres des communautés existantes, hormis le rattachement des communes isolées si l’Etat agit au lieu de deviser en l’air. Reste le symbole quand même. En cette période de début de campagne pour les élections sénatoriales et la représentation des territoires à la chambre haute, venir faire le constat, en terre de mission du sénateur et édile historique de Blanzac, de la désolation ambiante est assez piquant tout de même.
Je suis arboriculteur, viticulteur et maire de Reignac. Mais aussi Président de l'Association Nationale Pommes Poires, membre de WAPA (World Apple and Pear Association) et secrétaire général d'Interfel.
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